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Le chef des droits de l’homme de l’ONU appelle à un moratoire sur les retours forcés vers le Myanmar

Des réfugiés rohingyas traversent la frontière près du village d'Anzuman Para, à Palong Khali, au Bangladesh (archives octobre 2017).
HCR/Roger Arnold
Des réfugiés rohingyas traversent la frontière près du village d'Anzuman Para, à Palong Khali, au Bangladesh (archives octobre 2017).

Le chef des droits de l’homme de l’ONU appelle à un moratoire sur les retours forcés vers le Myanmar

Droits de l'homme

Les Nations Unies ont exhorté, mercredi, les pays limitrophes du Myanmar à cesser immédiatement de refouler des ressortissants de ce pays d’Asie du Sud-Est, affirmant qu’«avec la montée de la violence et l’effondrement de l’économie, ce n’est tout simplement pas le moment de renvoyer qui que ce soit au Myanmar ».

Compte tenu de la grave crise des droits de l’homme que connaît ce pays, le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a donc appelé aujourd’hui à un moratoire sur tout retour forcé de réfugiés et de migrants au Myanmar.

Cet appel fait suite à l’annonce de l’expulsion par la Malaisie, le 6 octobre, de deux ressortissants du Myanmar qui avaient demandé la protection de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

Le même jour, plus de 100 autres ressortissants du Myanmar, dont certains présentaient de graves problèmes de protection, ont également été expulsés sans que leur situation ait été évaluée comme l’exige le droit international.

Veiller à ce qu’aucune personne ne soit expulsée de force vers le Myanmar

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme a appelé la Malaisie et d’autres États à veiller à ce qu’aucune personne ne soit expulsée de force vers le Myanmar.

Il est essentiel, aujourd’hui plus que jamais, que les États ne renvoient pas des personnes vers la souffrance et le danger, et leur fournissent un statut juridique sûr alors que leur pays reste en crise

« Tout ressortissant du Myanmar dont le retour est envisagé, doit bénéficier des garanties procédurales voulues, notamment d’une évaluation individuelle de sa situation, conformément aux normes et règles internationales », a déclaré dans un communiqué M. Türk.

Une façon de rappeler que les retours qui ont lieu à partir d’une détention indéfinie ou dans des conditions manifestement inadéquates ont peu de chances d’être véritablement volontaires et doivent être évités.

Cet appel du Haut-Commissaire Volker Türk intervient au lendemain de celui du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), qui a déploré la poursuite des expulsions de demandeurs d’asile du Myanmar depuis la Malaisie.

De nombreux cas de représailles ou de sanctions à l’encontre de ressortissants refoulés de force

Le HCR indique avoir reçu depuis le mois d’avril dernier, de nombreuses informations inquiétantes faisant état de renvois forcés de ressortissants du Myanmar depuis la Malaisie, y compris de personnes en quête de protection internationale. Pour l'agence onusienne, ces expulsions de réfugiés et de demandeurs d’asile constituent des cas de refoulement.

La situation au Myanmar contraint certaines personnes à fuir pour chercher refuge, que ce soit à l’intérieur du pays ou au-delà des frontières. A ce sujet, le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies a recensé, depuis février 2021, de nombreux cas de représailles ou de sanctions à l’encontre de ressortissants du Myanmar qui sont rentrés dans le pays depuis l’étranger.

« Les personnes ayant fui le pays et considérées par les militaires comme opposées à leur coup d’État risquent la torture en détention et la peine de mort », a mis en garde M. Türk. « À la lumière de la situation qui prévaut au Myanmar, il est essentiel, aujourd’hui plus que jamais, que les États ne renvoient pas des personnes vers la souffrance et le danger, et leur fournissent un statut juridique sûr alors que leur pays reste en crise », a-t-il insisté.

Porter une attention particulière sur les militants politiques ou les transfuges militaires

Depuis le début du coup d’État militaire, le 1er février 2021, au moins 70.000 personnes ont fui le Myanmar, et plus d’un million sont toujours déplacées à l’intérieur du pays. Un autre million de réfugiés musulmans rohingyas ont trouvé refuge au Bangladesh.

Ces chiffres s’ajoutent aux millions de migrants du Myanmar qui, ces dernières années, ont cherché des débouchés économiques dans d’autres pays de la région, souvent en situation irrégulière.

Pour l’ONU, avec la montée de la violence et de l’instabilité, et l’effondrement de l’économie et des systèmes de protection sociale du Myanmar, ce n’est tout simplement pas le moment de renvoyer qui que ce soit au Myanmar. « C’est particulièrement le cas pour toute personne ayant des préoccupations spécifiques en matière de protection, comme les militants politiques ou les transfuges militaires, qui courent un risque grave en cas de retour », a fait valoir M. Türk.