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Haïti : quasi doublement du nombre de cas de choléra en quelques jours

Des personnes ayant les symptômes du choléra reçoivent un traitement à Port-au-Prince, en Haïti.
© UNICEF/Odelyn Joseph
Des personnes ayant les symptômes du choléra reçoivent un traitement à Port-au-Prince, en Haïti.

Haïti : quasi doublement du nombre de cas de choléra en quelques jours

Santé

Alors que Haïti a enregistré en quelques jours un quasi doublement du nombre de cas de choléra, avec désormais plus de 2.200 cas suspects, la vaste majorité des cas recensés se trouvaient dans le département de l’Ouest, notamment la capitale Port-au-Prince, a détaillé mercredi l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU.

En excluant les 271 cas suspects de la prison de Port-au-Prince, le département de l’Ouest continue de rapporter le plus grand nombre de cas, avec 97% de tous les cas suspects enregistrés, a souligné dans son dernier rapport la branche américaine (PAHO) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les communes de Cité-Soleil et Port-au-Prince représentent 80% de tous les cas suspects rapportés dans le département de l’Ouest.

Dans la prison de Port-au-Prince, les autorités sanitaires haïtiennes ont identifié 271 cas suspects à ce jour, dont 12 cas confirmés et 14 décès.

Quasi doublement du nombre de cas de choléra

Cette épidémie survient dans un contexte de crise humanitaire et sécuritaire complexe à Port-au-Prince et dans les villes voisines, où l’accès aux services de santé et de laboratoire et, par conséquent, la surveillance épidémiologique pourraient être affectés.

En quelques jours, Haïti a enregistré un quasi doublement du nombre de cas de choléra, avec désormais près de 2243 cas suspects, et 41 décès, selon les chiffres du ministère de la Santé du pays. Le pays des Caraïbes enregistrait 1972 cas suspects de choléra et 41 décès contre 964 cas et 33 décès, selon un décompte effectué respectivement les 23 et 19 octobre dernier.

« Depuis la notification des deux premiers cas confirmés de Vibrio cholerae O1 dans la grande région de Port-au-Prince le 2 octobre 2022, jusqu’au 22 octobre 2022, le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP)2, a rapporté un total de 2243 cas suspects, dont 219 cas confirmés, 1.415 cas suspects hospitalisés et 55 décès enregistrés », a précisé le Bureau régional de l’OMS pour les Amériques.

Une femme souffrant du choléra est soignée dans un hôpital à Port-au-Prince, en Haïti.
© UNICEF/Odelyn Joseph
Une femme souffrant du choléra est soignée dans un hôpital à Port-au-Prince, en Haïti.

Premier cas de choléra importé en République dominicaine

Sur un total de 818 échantillons analysés par le Laboratoire National de Santé Publique (LNSP), le taux de positivité était de 25,3%. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), les enfants de moins de 14 ans représentent près de la moitié de ces cas suspects.

Le 20 octobre 2022, le ministère de la Santé publique de la République dominicaine a confirmé le premier cas importé de choléra dans le pays. Il s’agit d’une femme de 32 ans de nationalité haïtienne, entrée en République dominicaine le 17 octobre en provenance de Port-au-Prince et qui s’est ensuite rendue dans la province de La Altagracia. Elle a été admise à l’hôpital Nuestra Señora de l’Altagracia, dans la municipalité de Higuey, et est actuellement sous traitement.

Face à cette situation, l’OMS recommande aux États membres de renforcer et de maintenir la surveillance du choléra afin de détecter rapidement les cas suspects et de fournir un traitement adéquat pour éviter sa propagation. Un traitement précoce et adéquat permet de limiter le taux de létalité des patients hospitalisés à moins de 1%.

Le risque d’infection pour les voyageurs internationaux est « très faible »

Plus globalement, l’agence onusienne encourage les États membres à poursuivre leurs efforts pour assurer des conditions d’assainissement de base adéquates et l’accès à l’eau potable, en plus de la promotion d’une hygiène sûre et de la mobilisation sociale, afin de réduire l’impact du choléra et d’autres maladies d’origine hydrique.

Par ailleurs, « l’expérience a montré que des mesures telles que la mise en quarantaine pour limiter la circulation des personnes et la saisie des biens sont inutiles », a fait valoir l’OMS, relevant l’inefficacité de telles décisions pour contrôler la propagation du choléra. « Par conséquent, restreindre la circulation des personnes ou imposer des restrictions sur les aliments importés, sur la seule base du fait qu’il existe une épidémie ou une endémie de choléra dans un pays, n’est pas justifié », a insisté l’OMS.

Pour l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU, le risque d’infection pour les voyageurs internationaux est très faible pour la plupart des voyageurs, même dans les pays où des épidémies de choléra sont actives, à condition de suivre les mesures préventives appropriées.