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En RCA, la MINUSCA joue un rôle dissuasif face aux groupes tentés par l’action violente

La mission des Nations unies en République centrafricaine (MINUSCA) s'efforce de réduire l'influence des groupes armés illégaux.
MINUSCA/Leonel Grothe
La mission des Nations unies en République centrafricaine (MINUSCA) s'efforce de réduire l'influence des groupes armés illégaux.

En RCA, la MINUSCA joue un rôle dissuasif face aux groupes tentés par l’action violente

Paix et sécurité

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation en République centrafricaine, l’envoyée de l’ONU dans ce pays a salué l’avancée du processus politique et de la restauration de l’autorité de l’Etat et a rappelé l’importance du rôle de l’ONU dans la dissuasion des groupes tentés de faire valoir leurs revendications par la violence.

L’appui de la Mission des Nations Unies, la MINUSCA, s’est avéré décisif, a déclaré Valentine Rugwabiza, Représentante spéciale du Secrétaire général en République centrafricaine et cheffe de la MINUSCA, décrivant les opérations de maintien de la paix qui ont permis de protéger les civils, d’assurer la distribution d’aide humanitaire et la présence des autorités dans le Nord-Est du pays en coupant les lignes d’approvisionnements de groupes armés.

Mais elle s’est dit préoccupée par le regain d’activités de ces derniers dans les localités frontalières à l’Ouest du pays, en particulier dans le Nord-Ouest, où les mines et les engins explosifs rendent difficile voire impossible l’accès aux populations ayant un besoin crucial et urgent d’assistance humanitaire.

Ouvrir la voie à une résolution politique du conflit

Les populations centrafricaines, en particulier les plus vulnérables, continuent à payer le plus lourd tribut au conflit, a-t-elle constaté, ce qui à ses yeux exige un renforcement de la posture de la MINUSCA et des capacités du gouvernement centrafricain qui permette d’assurer la sécurité dans l’ensemble du pays, d’ouvrir la voie à une résolution politique de la crise centrafricaine et de pousser les groupes armés à renoncer à la violence pour faire valoir leurs revendications.

Pour cette raison, la cheffe de la MINUSCA a salué le chronogramme de l’Accord politique pour la paix en République centrafricaine et la feuille de route présentée par la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL), qui s’est déjà illustré par l’ouverture par le Président de la République d’un dialogue avec les leaders de 11 groupes armés visant à leur dissolution en vertu de l’accord, et par la préparation au processus de Désarmement, démobilisation et réintégration que réclament ces groupes ainsi que par plusieurs réformes renforçant les contrôles des forces de défense et des armes.

Notant le consensus qui a marqué ces réunions, en particulier sur la recherche d’une solution politique à la crise que traverse le pays, Valentine Rugwabiza a encouragé le gouvernement à mettre en œuvre sa stratégie de réengagement des groupes armés, par l’abandon de la violence et la finalisation des pourparlers, avec le soutien des mandataires de la CIRGL (Angola et Rwanda), de l’Union africaine et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC).

Valentine Rugwabiza, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République centrafricaine, devant le Conseil de sécurité.
Photo ONU/Eskinder Debebe
Valentine Rugwabiza, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République centrafricaine, devant le Conseil de sécurité.

Restaurer l’autorité de l’Etat et assurer l’inclusion

Durant les rencontres qu’elle a organisées depuis sa prise de fonction en avril dernier avec les populations, de toutes générations et croyances, et des leaders d’opinion hors de Bangui, la Cheffe de la MINUSCA s’est dit frappée par l’unanimité de leurs attentes et de leurs espoirs d’un retour à la paix et d’une décentralisation tangible des services dans le pays, gage d’un accès équitable. 

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« La sécurité et l’inclusion demeurent au cœur de leurs attentes et ces demandes doivent être le leitmotiv de toutes les parties au conflit et la mission de tous les partenaires du processus de paix en Centrafrique », a-t-elle déclaré, appelant le soutien du Conseil pour ne laisser d’autre alternative aux parties que d’exécuter les obligations inscrites dans la feuille de route et dans l’Accord politique pour la paix.

Elle a salué les progrès réalisés dans la restauration de l’autorité de l’Etat, le redéploiement des forces de défense et de sécurité et des fonctionnaires et particulièrement le renforcement du système judiciaire et de la justice transitionnelle, encourageant le gouvernement à accroître le soutien financier à la Cour pénale spéciale et à ses enquêtes, « afin de briser le cycle de l’impunité, étape fondamentale pour la réintégration sociale des victimes, consubstantielle à la réconciliation nationale ».

Veiller au respect des droits de l’homme et mettre fin aux incitations à la violence

Valentine Rugwabiza a aussi abordé la question des violations des droits de l’homme et décrit le suivi des cas documentés et la mise en œuvre des recommandations de la MINUSCA sur ce sujet dans le cadre d’un dialogue constructif et d’une reddition des comptes mis en place par la Mission de l’ONU.

Elle a réitéré le soutien de la MINUSCA à la réforme du secteur de la sécurité entreprise par le gouvernement centrafricain, essentielle au renforcement de ses capacités et à la protection de la population, qui contribue à la restauration de l’autorité de l’Etat et à la sécurisation des frontières.

La Représentante spéciale a aussi salué l’annulation pour inconstitutionnalité des décrets sur le comité de rédaction de la Constitution et reconnu la maturité dont ont fait preuve les acteurs politiques en consacrant la suprématie du Droit, et en préservant un héritage constitutionnel gage de stabilité politique et symbole d’ancrage démocratique.

Mais elle a attiré l’attention du gouvernement sur l’impératif de mettre fin aux manipulations, à la stigmatisation d’institutions et de personnalités et aux incitations publiques à la violence. « Leurs auteurs et instigateurs doivent répondre de leurs actes, qui menacent l’équilibre fragile d’une société en quête de cohésion », a-t-elle déclaré.

Des élections cruciales pour légitimer les autorités locales

Elle a par ailleurs encouragé les partenaires de développement à travailler à la réinsertion socioéconomique des ex-combattants et des personnes déplacées ou réfugiées, afin de renforcer la nouvelle politique de décentralisation et d’accroître ainsi la contribution des élections locales au processus de démocratisation par l’inclusion et à la réconciliation nationale.

« Ces élections qui n’ont pas eu lieu depuis 1988 constituent une étape cruciale vers une gouvernance décentralisée, le parachèvement du processus de restauration de l’autorité de l’Etat et une plus grande légitimité des autorités locales auprès des populations qui les auront élus », a-t-elle rappelé, avant de requérir le soutien du Conseil de Sécurité à la MINUSCA, rappelant l’effet dissuasif de la Mission de l’ONU sur les acteurs tentés par l’action violente en République centrafricaine.