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Il faut indexer les prestations sociales et les salaires sur l’inflation (expert)

Plus de quatre milliards de gens à travers le monde, dont de nombreux vendeurs de rue, n'ont pas de protection sociale, selon l'Organisation internationale du travail (OIT).
Photo OIT/Marcel Crozet
Plus de quatre milliards de gens à travers le monde, dont de nombreux vendeurs de rue, n'ont pas de protection sociale, selon l'Organisation internationale du travail (OIT).

Il faut indexer les prestations sociales et les salaires sur l’inflation (expert)

Développement économique

Alors que l’inflation mondiale continue de monter en flèche et que les prix des produits de première nécessité deviennent trop élevés pour des millions de personnes, un expert indépendant des Nations Unies a exhorté, lundi, les gouvernements à indexer les prestations sociales et les salaires sur l’inflation. 

Comme lors de la pandémie de Covid-19, ce sont une fois de plus les plus vulnérables qui paient « le prix des événements mondiaux ». Selon Olivier De Schutter, Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, les crises combinées devraient précipiter 75 à 95 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté rien que cette année dans le monde. 

« Ce n’est pas une hyperbole de dire que si les gouvernements n’augmentent pas les prestations et les salaires en fonction de l’inflation, des vies seront perdues », a déclaré M. De Schutter. « Que ce soit en Europe, où l’inflation a atteint le niveau record de 10%, ou en Afrique subsaharienne, où les prix des denrées alimentaires ont bondi de près de 24% ». 

Dans ces conditions, les budgets des ménages du monde entier sont mis à rude épreuve. Ce qui signifie qu’un nombre encore plus grand de personnes en situation de pauvreté « mourront de faim ou de froid cet hiver, à moins que des mesures immédiates ne soient prises pour augmenter leurs revenus ». 

Agir rapidement pour isoler les maisons avant l’hiver dans l’hémisphère nord 

En amont d’un événement organisé par le Conseil de l’Europe lundi à Strasbourg à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, le Rapporteur spécial a également exhorté les gouvernements à agir rapidement pour isoler les maisons avant l’hiver dans l’hémisphère nord. 

« Isoler les maisons pour les garder au chaud et en sécurité n’est pas sorcier, et l’inaction dans ce domaine est simplement due à un manque de volonté politique. Non seulement cela réduira les factures d’énergie des ménages à faibles revenus, mais cela réduira aussi considérablement les émissions de carbone », a-t-il dit. 

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L’expert indépendant onusien a appelé les gouvernements à impliquer les personnes en situation de pauvreté dans l’élaboration des politiques visant à lutter contre la flambée du coût de la vie, citant les Principes directeurs sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, adoptés il y a dix ans, comme une feuille de route à suivre. 

Alors que les décideurs politiques tentent de protéger les ménages à faibles revenus de la crise actuelle, il les implore de faire appel aux véritables experts - les personnes ayant une expérience vécue de la pauvreté. « Les principes directeurs sont une arme secrète dans la lutte contre la pauvreté. Ils devraient être sur le bureau de chaque décideur alors qu’il navigue dans la pire crise du coût de la vie depuis une génération », a fait valoir M. De Schutter.

Augmenter le salaire minimum

Le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), Gilbert F. Houngbo, juge également nécessaire d’augmenter le salaire mininum et de garantir les prestations de protection sociale pour répondre à la crise économique et sociale actuelle.

« En cette période difficile, il est essentiel que nous prenions l'initiative… [et] façonnions l'avenir afin qu'il offre un monde meilleur, plus équitable et durable qui contribuera également à une paix durable », a dit le chef de l’OIT dans une déclaration écrite aux délégués de l’assemblée annuelle de 2022 du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale, qui s’est achevée dimanche.

M. Houngbo a noté que l'augmentation de l'emploi productif était essentielle pour réduire les inégalités. Des politiques à long terme visant à combler les écarts persistants entre les hommes et les femmes, notamment en matière de rémunération, de retraite et de qualité du travail, sont également nécessaires.

« Contraints par l'augmentation du fardeau de la dette et le rétrécissement de l'espace budgétaire, de nombreux pays sont désormais confrontés à un paysage politique décourageant », a-t-il déclaré. « Un nouvel effort collectif est nécessaire pour mieux gérer et finalement sortir de ces crises et prévenir de futures crises ». Selon lui, cela comprend l'augmentation de l'investissement social dans le développement des compétences et les soins, la lutte contre les inégalités sur le marché du travail et l'augmentation des niveaux des prestations de protection sociale et des salaires pour maintenir le niveau de vie face à l'inflation.