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Les surfeurs australiens prennent la vague de l’action climatique

Le groupe Surfers pour le Climat sensibilise à la crise climatique en Australie
Unsplash/Sebastian Leon Prado
Le groupe Surfers pour le Climat sensibilise à la crise climatique en Australie

Les surfeurs australiens prennent la vague de l’action climatique

Climat et environnement

Les surfeurs ont une connaissance intime de l’océan, mais n’ont jamais figuré dans l’avant garde des mouvements en quête de solutions au changement climatique. Grâce à des groupes tels que Surfers for Climate en Australie, cette perception commence à changer.

Le cliché du surfeur décontracté ne s’accorde pas facilement avec celui des austères militants écologistes. Mais Chris Kirkman, un « bodyboarder » de haut niveau, prouve que les fanatiques de la vague ont aussi un rôle à jouer dans la lutte contre l’urgence climatique.

C’est d’ailleurs grâce à sa passion, et aux voyages occasionnés par ses multiples compétitions aux quatre coins du monde, du Portugal au Chili et de Tahiti au Brésil, qu’il a commencé à prendre la mesure de l’incidence de l’homme sur le climat.

En 2019, M. Kirkman a cofondé Surfers for Climate avec la championne de longboard Belinda Baggs.

L’organisation a quatre objectifs clés : mobiliser et soutenir une association de surfeurs autour du problème du climat ; entreprendre des actions pour limiter le réchauffement planétaire ; aider la communauté du surf à contribuer à l’arrêt des industries de combustibles fossiles dans les zones côtières et offshore; et obliger les élus qui représentent les communautés où vivent les surfeurs  à prendre des décisions bénéfiques pour le climat.

L’Australie, ravagée ces dernières années par la sécheresse, les incendies de forêt et les inondations, est en première ligne de la crise climatique, qui suscite une inquiétude croissante dans toute la population, y compris parmi les surfeurs.

« Beaucoup d’Australiens avaient déjà rompu avec la politique de l’autruche devant le danger climatique, mais les incendies et les inondations ont vraiment accru le sentiment d’urgence », confie Chris Kirkman. « C’est encore un chemin difficile pour les gens, car ils ne savent pas par où commencer, ni quelle voie suivre »

La mission de Surfers for Climate consiste aussi à se rapprocher des surfeurs et à les orienter. « Nous sommes encore en train d’en apprendre davantage sur notre public et sur la façon de l’engager », explique M. Kirkman, « sur le meilleur moyen d’entrainer chaque surfeur dans un voyage d’action climatique. En langage de surfeur, nous appelons cela une vague d’engagement, une vague dotée de plusieurs angles d’attaque ».

Le chanteur australien Cody Simpson est 'Champion des océans' du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
PNUD
Le chanteur australien Cody Simpson est 'Champion des océans' du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Sortir des considérations intellectuelles

L’organisation à but non lucratif a tout tenté, de l’organisation de soirées de jeux quiz sur le thème du climat dans les bars à la production de guides de consommateurs sensibles à l’environnement.

Le mois dernier, le groupe a lancé une nouvelle initiative appelée «Trade Up», dont le nom évoque à la fois le « métier » et un « échange profitable », destinée aux surfeurs qui sont également des artisans, des entrepreneurs du bâtiment, des charpentiers ou des électriciens.

« Nous avons organisé un séminaire d’une journée, où nous avons réuni différents fournisseurs de matériaux et des constructeurs qui adoptaient les meilleures pratiques sur leurs chantiers en termes de neutralité carbone », raconte Chris Kirkman.

« Personne ne les avait jamais approchés au sujet de l’environnement pendant toute leur vie professionnelle. Nous savons que le secteur de la construction produit d’énormes émissions nocives, mais nous ne parlons pas assez aux gens du métier. Ils ne s’étaient jusqu’alors pas engagés dans le mouvement pour le climat, mais il suffisait juste que quelqu’un leur parle et leur donne des exemples de meilleures pratiques », ajoute-t-il.

M. Kirkman regrette également que le débat se soit trop longtemps cantonné aux cercles intellectuels, avec « des gens en costume glosant dans d’importantes réunions sur les plans d’action et les taux de CO2 ». « Nous avons oublié que des gens ordinaires peuvent s’impliquer si on prend le temps de s’adresser directement à eux. C’est ce que nous essayons de faire avec Surfers for Climate ».

Trouver le bon moyen de faire passer le message.

La communication est vitale, tout comme une bonne connaissance du public et de ce qui le fait réagir. Chris Kirkman assure que les gens qui, sans être des scientifiques, sont passionnés par la cause, doivent trouver un moyen de faire passer leur message. 

Alors que la crise climatique s’intensifie, de plus en plus de personnes vivent la réalité dévastatrice du changement climatique. En 2021, l’Australie a subi les crues désastreuses des rivières du nord de la Nouvelle-Galles du Sud, et de nombreux surfeurs ont pris l’initiative d’aider aux efforts de sauvetage, en utilisant des jet-skis pour secourir les personnes bloquées dans leurs maisons et en livrant des équipements de première nécessité.

M. Kirkman espère que Surfers for Climate pourra intensifier son initiative «Trade Up», dialoguer avec les élus avant les prochaines élections et, comme de nombreuses organisations à but non lucratif, collecter des fonds afin de pouvoir poursuivre son action. « C’est le travail le plus difficile et le plus satisfaisant que je connaisse », dit-il. « Pour moi, Il n’y a pas mieux. »