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Haïti : le chef de l’ONU réclame l’envoi d’une force internationale alors que l’insécurité s’aggrave

L'insécurité a augmenté dans la capitale haïtienne Port-au-Prince depuis l'assassinat du Président haïtien.
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L'insécurité a augmenté dans la capitale haïtienne Port-au-Prince depuis l'assassinat du Président haïtien.

Haïti : le chef de l’ONU réclame l’envoi d’une force internationale alors que l’insécurité s’aggrave

Paix et sécurité

Alors que la situation sécuritaire se détériore à Haïti, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a demandé dimanche au Conseil de sécurité de l’ONU d’envisager le déploiement d’une force armée internationale en Haïti pour aider le pays à faire face à d’immenses problèmes humanitaires.

« Le Secrétaire général exhorte la communauté internationale, y compris les membres du Conseil de sécurité, à examiner en urgence la demande du gouvernement haïtien de déployer sans délai une force armée spécialisée internationale pour faire face à la crise humanitaire », a demandé António Guterres dans un communiqué.

Le chef de l’ONU s’est dit extrêmement préoccupé par la situation en Haïti, qui fait face à une flambée de cas de choléra dans un contexte de « détérioration dramatique de la sécurité qui a paralysé le pays ».

Le Secrétaire général a remis dimanche au Conseil une lettre présentant des options pour un soutien renforcé à la sécurité en Haïti, conformément à la demande du Conseil dans sa résolution 2645 (2022).

L’ONU soutient les efforts visant à réduire la violence

Ce déploiement de forces internationales permettrait d’assurer « la libre circulation de l’eau, du carburant, de la nourriture et des fournitures médicales depuis les principaux ports et aéroports jusqu’aux communautés et aux établissements de soins».

Selon l’ONU, le blocage du terminal pétrolier de Varreux a paralysé les services essentiels nécessaires à empêcher la propagation rapide de la maladie, notamment la distribution d’eau potable.

« Une fois de plus, les secteurs les plus vulnérables de la population haïtienne sont les plus touchés », a regretté M. Guterres ajoutant que la priorité de la communauté internationale doit être « de sauver des vies ». 

Face à la détérioration de la situation sur le terrain, le chef de l’ONU lance un appel aux parties prenantes haïtiennes à surmonter leurs différences et à s’engager, sans plus attendre, dans un dialogue pacifique et inclusif sur une voie constructive à suivre.  « Les Nations Unies restent aux côtés du peuple haïtien et soutiendront les efforts visant à établir un consensus, à réduire la violence et à promouvoir la stabilité dans le pays », a conclu M. Guterres.

12 cas confirmés de choléra et 152 cas suspectés

Cet appel du chef de l’ONU intervient alors que les autorités sanitaires haïtiennes ont fait état un total de 152 cas suspects de choléra, dont 12 cas confirmés.

« Après une confirmation de deux cas de choléra dans le département Ouest le 2 octobre, les chiffres officiels au 6 octobre font état de 12 cas confirmés et de 152 cas suspectés, dont 4 Décès. 107 cas suspects sont hospitalisés », a souligné la branche américaine de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Selon l’Organisation panaméricaine de la santé, l’accès aux services de santé et, par conséquent, la surveillance épidémiologique, pourraient être affectés dans ce contexte d’une crise humanitaire et sécuritaire complexe à Port-au-Prince et dans les villes voisines.

De son côté, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) note que les protestations populaires sont encore très actives avec des manifestations d’ampleur, de nombreuses barricades dans les rues, notamment dans la capitale, et des blocages de route comme dans le Nord et aux Gonaïves, entre autres. « La police peine à encadrer certaines manifestations qui prennent forme en soirée sans préavis », a dit l’OCHA dans son dernier rapport de situation.

Pour l’ouverture immédiate d’un couloir humanitaire

Selon l’agence onusienne, des actes de violences, y compris des tirs et des pillages, sont régulièrement rapportés.

« Un entrepôt d’UNICEF contenant des kits scolaires et médicaux a été pillé dans la ville des Cayes, dans le Sud, le 6 octobre. Des pillages de magasins et de supermarchés ont eu lieu dans différents endroits du pays, comme au Cap Haïtien ou aux Cayes », a détaillé l’OCHA.

Plus d’un mois après le début du blocage du terminal de Varreux, la situation reste critique en Haïti avec un approvisionnement drastiquement réduit en carburant et des mouvements de protestations qui se poursuivent dans l’ensemble du pays. Selon l’OCHA, l’impact du manque de carburant sur l’accès aux services de base, dont l’eau et l’assainissement, représente un défi majeur pour la réponse à la crise sanitaire.

C’est dans ce contexte que l’ONU et la communauté humanitaire à Haïti ont appelé, 6 octobre dernier, à l’ouverture immédiate d’un couloir humanitaire afin de permettre la sortie du carburant du terminal de Varreux pour répondre aux besoins urgents de la population.