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Mozambique : près d’un million de personnes ont fui cinq années de violence à Cabo Delgado, selon le HCR

En raison des violences, plus de 946 000 personnes ont été déplacées durant le premier semestre de 2022
© UNHCR/Martim Gray Pereira
En raison des violences, plus de 946 000 personnes ont été déplacées durant le premier semestre de 2022

Mozambique : près d’un million de personnes ont fui cinq années de violence à Cabo Delgado, selon le HCR

Migrants et réfugiés

Cette semaine marque le cinquième tragique anniversaire du début « des violences extrêmes », qui ont éclaté au nord du Mozambique. Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, près d’un million de personnes ont fui ces cinq années de violence à Cabo Delgado. 

« Tragiquement, le conflit ne s’est pas apaisé et des milliers de familles sont toujours contraintes de quitter leur foyer en raison des attaques de groupes armés non étatiques », a déclaré lors d’une conférence de presse régulière de l’ONU à Genève, Matthew Saltmarsh, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Plus de cinq ans après le début des violences dans ce pays d’Afrique australe, la situation humanitaire dans la province de Cabo Delgado a continué à se détériorer. 

Le nombre de personnes déplacées a augmenté de 20% pour atteindre plus de 946.000 au cours du premier semestre de cette année. Le conflit s’est étendu à la province voisine de Nampula, qui a été le théâtre de quatre attaques de groupes armés en septembre, touchant au moins 47.000 personnes et en déplaçant 12 000. 

Des hommes et des garçons enrôlés de force dans des groupes armés 

Selon le HCR, l’extrême violence et le déplacement ont eu un impact dévastateur sur la population. « Les gens ont vu leurs proches être tués, décapités et violés, et leurs maisons et autres infrastructures incendiées », a ajouté M. Saltmarsh. 

Des hommes et des garçons ont également été enrôlés de force dans des groupes armés. De nombreuses personnes ont été à nouveau traumatisées après avoir été contraintes de se déplacer plusieurs fois pour sauver leur vie. 

Des moyens de subsistance ont été perdus, l’éducation a été interrompue et l’accès aux produits de première nécessité tels que la nourriture et les soins de santé a été entravé. « Les personnes déplacées lors de ces dernières attaques ont indiqué au HCR qu’elles ont peur et qu’elles ont faim », a fait valoir le porte-parole du HCR. 

D’autres familles prennent le chemin inverse et rentrent à Palma 

Sur place, les populations manquent de médicaments et vivent dans des conditions de surpopulation - avec quatre à cinq familles partageant une seule maison. Certains dorment à ciel ouvert. 

Malgré les déplacements en cours à Cabo Delgado, certaines personnes sont rentrées chez elles dans des zones qu’elles considèrent comme sûres. Le mois dernier, l’Agence de l’ONU et ses partenaires ont mené la première mission d’évaluation de la protection à Palma, à l’extrême nord-est du pays. 

A noter que Palma a connu des attaques meurtrières en mars 2021 qui ont déplacé la plupart des 70.000 habitants du district. La majorité d’entre eux sont revenues au cours des dernières semaines. Les personnes qui ont tout perdu retournent dans des zones où les services et l’aide humanitaire sont largement indisponibles. 

Des conditions de sécurité trop « instables » pour faciliter les retours dans la province 

Le HCR s’inquiète toutefois des risques encourus par ces personnes si elles continuent à rentrer dans leur région d’origine avant que les conditions ne soient stabilisées.

« Le HCR est favorable aux retours des familles déplacées lorsque ceux-ci sont volontaires, sûrs, informés, dignes et lorsque les conditions sont propices, y compris lorsque les services de base sont rétablis pour assurer leur durabilité », a indiqué M. Saltmarsh. 

Plus largement, le HCR considère que les conditions de sécurité sont trop « instables » à Cabo Delgado pour faciliter ou promouvoir les retours dans la province. « Cependant, les besoins de protection croissants et les services limités pour ceux qui ont choisi de rentrer chez eux doivent encore être traités de toute urgence par les parties prenantes concernées, y compris les autorités et les acteurs humanitaires », a précisé le porte-parole du HCR. 

En attendant, l’agence onusienne appelle à la fin de la violence et demande à la communauté internationale de fournir un soutien durable pour réduire les souffrances de la population déplacée et des communautés d’accueil locales dans le nord du Mozambique.