L'actualité mondiale Un regard humain

Haïti : premiers décès dus au choléra en trois ans - OMS

Se laver les mains pour aider à prévenir la propagation du choléra.
ONU Haïti/Daniel Dickinson
Se laver les mains pour aider à prévenir la propagation du choléra.

Haïti : premiers décès dus au choléra en trois ans - OMS

Santé

Plus de trois ans après la fin de l’épidémie de choléra en Haïti, au moins sept personnes seraient décédées de cette maladie dans le pays, a annoncé lundi la branche américaine de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

« Après plus de 3 ans sans aucun cas de choléra signalé en Haïti, le 2 octobre 2022, les autorités nationales ont signalé deux cas confirmés de Vibrio cholerae O1 dans l’agglomération de la capitale haïtienne, Port-au-Prince », a indiqué dans son dernier rapport de situation l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS).

Selon un décompte effectué le dimanche 2 octobre 2022, « plus de 20 cas suspects de choléra, dont 7 mortels, précédant ces zones ont été détectés par le personnel de santé ».

Le 2 octobre 2022, deux cas ont été confirmés comme étant Vibrio cholerae O1 parmi les échantillons testés par les autorités sanitaires haïtiennes.

Hausse des cas de diarrhée aiguë sévère parmi les patients hospitalisés

En outre, au 2 octobre 2022, « des grappes de cas suspects et de décès font l’objet d’une enquête dans diverses communes du département de l’Ouest, y compris les communes de Cité Soleil et de Port-au-Prince », a ajouté la branche américaine de l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU.

Au cours de la semaine épidémiologique, les établissements de santé situés dans certains secteurs des communes de Port-au-Prince et de Cité Soleil ont signalé une hausse des cas de diarrhée aiguë sévère parmi les patients hospitalisés, y compris les enfants et les adultes. 

La plupart de ces victimes souffrant de maladie diarrhéiques sont mortes dans leur quartier et n’ont pas pu se rendre à l’hôpital », ont indiqué les agences humanitaires de l’ONU, relevant  les problèmes d’accès des ambulances et des malades aux établissements de soins, après l’installation de divers barrages routiers pour protester contre la hausse des prix des carburants.

Les barrages et l’insécurité empêchent les malades d’accéder aux établissements de soins

Face à cette résurgence des cas, l’Organisation panaméricaine de la santé travaille en coordination avec les autorités de santé publique haïtiennes pour soutenir la réponse. Par ailleurs, elle recommande aux autres États membres de renforcer leurs systèmes de surveillance pour détecter rapidement les cas de choléra et les épidémies de maladies diarrhéiques aiguës, et de mettre à jour leurs plans de préparation et d’intervention.

Entre octobre 2010 et février 2019, le virus du choléra a fait plus de 820.000 cas dont quelque 10.000 morts en Haïti. L’apparition de la maladie intervient alors que « la violence des gangs continue d’affecter Port-au-Prince et d’autres villes ».

Selon l’OMS, l’accès aux zones touchées est difficile. « Par conséquent, l’évaluation en temps opportun de la situation épidémiologique est complexe », regrette l’agence onusienne.

De plus, l’envoi d’échantillons biologiques des établissements de santé aux laboratoires de référence pourrait également être affecté par les pénuries de carburant. « Ces facteurs auraient un impact sur la dynamique de la résurgence du choléra et sur la gravité de la maladie chez les patients souffrant de diarrhée aiguë », s’est inquiétée l’OMS.

Les équipes d’intervention d’urgence spécialisées de l’ONU prêtes à être déployées

Plus largement, les Nations Unies surveillent activement la situation et travaillent avec le gouvernement pour organiser une réponse d’urgence à cette potentielle épidémie. Cette riposte est axée non seulement sur la limitation de la propagation de la maladie, mais également pour informer la population sur la manière de prendre des mesures immédiates pour sauver des vies à la maison, a précisé le Bureau du Résident coordinateur.

Selon l’ONU, des équipes d’intervention d’urgence spécialisées sont prêtes à être déployées pour soutenir les communautés touchées. Un soutien supplémentaire consistera en une surveillance élargie, une augmentation de l’approvisionnement en eau et en assainissement, le développement de centres de traitement du choléra et le renforcement de la prise en charge des cas.

« Cependant, dans le contexte sociopolitique actuel, il est impératif que ces équipes se voient garantir un accès sûr aux zones où des cas ont été confirmés ou suspectés, afin de contribuer à atténuer le risque d’une épidémie importante », ont mis en garde les Nations Unies.

Lundi, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est dit profondément préoccupé par la santé et la sécurité des personnes en Haïti suite à la confirmation de ces cas positifs de choléra.

Il a appelé « à un accès immédiat et sans entrave sur le terrain pour faciliter la livraison de carburant à des fins humanitaires », a dit son porte-parole dans une déclaration à la presse.

Les livraisons de carburant sont bloquées au port depuis la mi-septembre, ce qui a perturbé non seulement la vie quotidienne du peuple haïtien, mais aussi la capacité et la capacité des Nations Unies et de la communauté internationale à répondre à une crise qui s'aggrave.

« Le Secrétaire général appelle toutes les parties prenantes à travailler ensemble en cette période de crise, pour veiller à ce que les progrès réalisés au cours des 12 dernières années dans la lutte contre le choléra ne soient pas érodés », a dit son porte-parole.