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Sri Lanka : plus de 6 millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë

Les Sri Lankais peinent à satisfaire leurs besoins alimentaires et nutritionnels face aux pénuries et à la hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant.
© PAM/Josh Estey
Les Sri Lankais peinent à satisfaire leurs besoins alimentaires et nutritionnels face aux pénuries et à la hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant.

Sri Lanka : plus de 6 millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë

Développement économique

En raison d’une faible production agricole, d’une flambée des prix et de la crise économique actuelle, l’insécurité alimentaire risque de s’aggraver au Sri Lanka, ont mis en garde lundi deux agences des Nations Unies.

Selon les estimations de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), 6,3 millions de personnes, soit 30% de la population, sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë modérée à grave et leur situation devrait s’aggraver en l’absence d’une assistance adéquate pour sauver des vies et soutenir les moyens d’existence.

Deux saisons consécutives de mauvaises récoltes ont entraîné une chute de près de 50% de la production, associée à une réduction des importations de céréales alimentaires en raison des contraintes de change, selon le rapport de la mission conjointe FAO/PAM d’évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire (CFSAM).

« Plusieurs mois après le début de cette crise économique dévastatrice, les familles sont à court d’options - elles sont épuisées », a indiqué dans un communiqué, Abdur Rahim Siddiqui, Représentant du PAM au Sri Lanka.

Sur le terrain, plus de 60% des familles se nourrissent moins, et mangent des aliments moins chers et moins nutritifs.

« Cette situation survient à un moment où les contraintes financières ont obligé le gouvernement à réduire les programmes de nutrition, tels que les repas scolaires et les aliments enrichis destinés aux mères et aux enfants sous-alimentés », a ajouté M. Siddiqui.

La crise économique au Sri Lanka a pour conséquence que les familles ont de plus en plus de mal de joindre les deux bouts.
© UNICEF/Chameera Laknath
La crise économique au Sri Lanka a pour conséquence que les familles ont de plus en plus de mal de joindre les deux bouts.

Taux d’inflation alimentaire de plus de 90% par rapport à l’année précédente

La mission conjointe d’évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire s’est rendue dans les 25 districts du pays entre juin et juillet 2022 pour analyser les niveaux de production agricole en 2022, notamment des principales céréales de base, ainsi que pour évaluer les conditions de sécurité alimentaire des ménages.

Les prix de la plupart des denrées alimentaires sont en hausse constante depuis le dernier trimestre de 2021 et ont atteint un nouveau record en août 2022, avec un taux d’inflation alimentaire de près de 94% en glissement annuel.

Les besoins totaux d’importation de céréales en 2022 sont estimés à 2,2 millions de tonnes. Au cours des six premiers mois de 2022, plus de 930 000 tonnes de céréales ont été importées, ce qui laisse un besoin d’importation de 1,27 million de tonnes. Compte tenu des défis macroéconomiques persistants, il existe un risque élevé que les besoins d’importation restants ne soient pas satisfaits.

Plus largement, une grave crise macro-économique au Sri Lanka a provoqué des pénuries aiguës et des flambées des prix des produits essentiels, notamment des denrées alimentaires, des intrants agricoles, du carburant et des médicaments, compromettant gravement l’activité économique, avec des perturbations majeures de la production agricole.

Des agriculteurs travaillant dans une rizière à Kudewella, au Sri Lanka.
© FAO/Prakash Singh
Des agriculteurs travaillant dans une rizière à Kudewella, au Sri Lanka.

Baisse significative des récoltes

La production de riz paddy, principale denrée alimentaire, devrait s’établir à 3 millions de tonnes métriques en 2022, soit le niveau le plus bas depuis la récolte de 2017 affectée par la sécheresse, principalement en raison des faibles rendements consécutifs à la réduction de l’application d’engrais.

De même, la production de légumes, de fruits et de cultures destinées à l’exportation, comme le thé, le caoutchouc, la noix de coco et les épices, est bien inférieure à la moyenne, ce qui entraîne une baisse significative des revenus des ménages et des recettes d’exportation.

Dans ces conditions, la situation de la sécurité alimentaire devrait encore se détériorer sans aide, notamment pendant la période de soudure d’octobre 2022 à février 2023, sous l’effet des mauvaises récoltes d’aliments de base, en particulier de riz paddy, et de la crise économique en cours. 

Le Sri Lanka est confronté à une crise économique multidimensionnelle.
Banque mondiale/Lakshman Nadaraja
Le Sri Lanka est confronté à une crise économique multidimensionnelle.

Fourniture immediate d’une aide alimentaire ou en espèces

« Afin d’éviter une nouvelle détérioration des conditions de sécurité alimentaire et de soutenir la restauration de la production agricole, l’aide aux moyens d’existence ciblant les petits exploitants agricoles doit rester une priorité », a déclaré Vimlendra Sharan, Représentant de la FAO au Sri Lanka.

Pour éviter un tel scénario préoccupant, la FAO et le PAM préconisent la fourniture immédiate d’une aide alimentaire ou en espèces aux communautés vulnérables et marginalisées. Le soutien à la reprise et à la poursuite des programmes nationaux de nutrition, tels que les repas scolaires, qui ont été perturbés en raison de contraintes financières, a également été souligné comme une priorité.

Le rapport souligne la nécessité d’aider les ménages à créer des jardins familiaux et des jardins d’arrière-cour pour améliorer leur statut nutritionnel, tout en fournissant des quantités adéquates de carburant pour assurer l’efficacité de la plantation, de la récolte, du transport et de la transformation des cultures vivrières.

Les agences onusiennes recommandent également la fourniture immédiate d’intrants agricoles, notamment d’engrais, en se concentrant sur les petits exploitants agricoles.