L'actualité mondiale Un regard humain

Somalie : le climat politique s’améliore mais la catastrophe humanitaire se profile

Un camp de déplacés en Somalie qui est durement frappée par la sécheresse.
PAM/Geneva Costopulos
Un camp de déplacés en Somalie qui est durement frappée par la sécheresse.

Somalie : le climat politique s’améliore mais la catastrophe humanitaire se profile

Paix et sécurité

Le Représentant spécial de l'ONU pour la Somalie James Swan s’est réjoui ce mercredi devant le Conseil de sécurité du nouveau climat politique en Somalie, plus propice à la prise en compte des « priorités nationales essentielles », comme la gouvernance, la justice et la sécurité.

Le contexte général demeure cependant très difficile entre la lutte contre la rébellion Chabab et une catastrophe humanitaire due à une sécheresse impitoyable. 

Près de la moitié de la population, soit 7,8 millions de Somaliens sont touchés par « la pire sécheresse depuis au moins quatre décennies, aggravée par des facteurs climatiques », a prévenu M. Swan. 

« Certaines régions du pays sont confrontées au risque de famine. Le soutien des donateurs a permis aux organisations humanitaires de quadrupler le nombre de personnes bénéficiant d'une assistance depuis janvier, soit 5,3 millions de personnes. Mais les besoins ne cessent de croître et avec une cinquième mauvaise saison des pluies consécutive à prévoir, une nouvelle augmentation de l'aide humanitaire est essentielle », a détaillé celui qui est aussi le chef de la Mission d'assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM). 

La crise humanitaire actuelle a particulièrement contribué à la vulnérabilité des femmes et des enfants déplacés, qui ont toujours été victimes de discrimination et exclus des services, a-t-il par ailleurs relevé. 

Améliorer les relations entre le gouvernement central et les États membres de la Fédération

En dépit de cette menace, le climat politique semble s'améliorer en Somalie. Peu après l’élection au printemps dernier du nouveau Président Hassan Sheikh Mohamud, le Parlement somalien a approuvé à l'unanimité la désignation de Hamza Abdi Barre comme Premier ministre et confirmé son cabinet en août.

Le nouveau gouvernement a rapidement présenté un programme de travail quadriennal et des objectifs fixés en termes  notamment de sécurité et de justice. Le nouveau Président somalien souhaite s’attacher à améliorer les relations entre le gouvernement central et les États membres de la Fédération pour faire avancer les priorités nationales, ce que M. Swan a dit apprécier.

Le nouveau Président a notamment rencontré les dirigeants des États de la Fédération au sein du Conseil consultatif national, et s’est rendu dans plusieurs capitales d’États. Concernant le programme de développement à plus long terme, la Somalie a franchi des « étapes importantes » pour alléger sa dette, selon le chef de la MANUSOM. En juin, le Fonds monétaire international (FMI) a notamment permis de débloquer 350 millions de dollars de fonds de développement.

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, James Swan, devant le Conseil de sécurité.
Photo ONU/Evan Schneider
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, James Swan, devant le Conseil de sécurité.

« Attaques complexes » et « assassinats ciblés » des Chabab

C’est la sécurité qui est désormais une priorité nationale, au moment où les combattants Chabab ont fait preuve d'une « audace accrue » avec de « récents assassinats ciblés », des « attaques complexes » telles que celle de l'hôtel Hayat de Mogadiscio en août dernier, et des « actions militaires à grande échelle le long de la frontière avec l'Éthiopie ».

La cheffe intérimaire de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) Fiona Lortan a elle qualifié la situation sécuritaire de « préoccupante » avec la persistance d’ « attaques asymétriques » des Chabab et d’ « assassinats ciblés de personnalités politiques ». Elle a dénoncé les attaques contre sa Mission ainsi que le déploiement des Chabab le long de la frontière avec l’Éthiopie.  

Mme Lortan a estimé que les Chabab seraient « entre 9.000 et 12.000 » et « auraient réussi à reconstituer leur vivier ». Elle a rendu hommage aux forces armées somaliennes ayant réussi à reprendre du terrain, « tirant profit du soulèvement des communautés locales contre le joug des Chabab ».

« Des forces somaliennes efficaces sont essentielles à la transition prévue de l'ATMIS », a insisté M. Swan, réaffirmant la nécessité pour le gouvernement fédéral et les États de la Fédération de « collaborer étroitement pour lutter contre les Chabab, dans le respect des engagements régionaux et internationaux de la Somalie en matière de droits de l'homme ».