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La Californie et d’autres parties de la côte ouest des États-Unis ont été affectées par de gigantesques incendies de forêts.

Contrecoup climatique : la qualité de l’air menacée par les canicules et feux de forêt

San Francisco Fire Department
La Californie et d’autres parties de la côte ouest des États-Unis ont été affectées par de gigantesques incendies de forêts.

Contrecoup climatique : la qualité de l’air menacée par les canicules et feux de forêt

Climat et environnement

La qualité de l’air est menacée par le « contrecoup climatique », a indiqué mercredi une agence des Nations Unies, attirant l’attention sur les répercussions des feux de forêt.

Dans son bulletin annuel publié en marge de la Journée internationale de l’air pur pour des ciels bleus (7 septembre), l’Organisation météorologique mondiale (OMM) alerte sur la dégradation de la qualité de l’air impliquée par le réchauffement climatique, et ses conséquences sur la santé humaine et les écosystèmes.

Selon les projections pour ce siècle, une hausse de la fréquence de la canicule et des feux de forêt se traduira par une dégradation de la qualité de l’air et la santé des êtres humains.

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Une dynamique de renforcement mutuel entre la pollution et le réchauffement de la planète va entraîner un « contrecoup climatique » dont pâtiront des centaines de millions de personnes, a averti cette agence spécialisée de l’ONU.

Un phénomène affectant également les écosystèmes

« Selon les projections, même si les émissions sont faibles, le réchauffement de la planète causera une augmentation des feux de forêts et de la pollution atmosphérique qu’ils entraînent », a déclaré dans un communiqué le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.

Le Bulletin annuel de l’OMM sur la qualité de l’air et le climat se concentre plus sur l’impact des fumées dégagées par les feux de forêt en 2021.  Comme en 2020, la chaleur et la sécheresse ont exacerbé la propagation des feux de forêt dans l’ouest de l’Amérique du Nord et en Sibérie, entraînant une augmentation considérable des taux de particules fines (PM2.5) nuisibles à la santé.

« Outre ses incidences sur la santé humaine, ce phénomène affectera les écosystèmes, car les polluants atmosphériques se déposent sur la surface de la Terre», a ajouté M. Taalas.

Une légère baisse du nombre de feux de savane et de prairie

Selon les observations à l’échelle planétaire, la superficie totale annuelle brûlée révèle une tendance à la baisse au cours des deux dernières décennies, grâce à une diminution du nombre de feux de savane et de prairie. Toutefois, à l’échelle continentale, certaines régions marquent des tendances à la hausse, notamment des zones de l’ouest de l’Amérique du Nord, l’Amazonie et l’Australie.

D’intenses feux de forêt ont entraîné des concentrations anormalement élevées de fines particules PM2,5 en Sibérie, au Canada et dans l’ouest des États-Unis d’Amérique aux mois de juillet et d’août 2021. En Sibérie orientale, les concentrations de PM2,5 ont atteint des niveaux qui n’avaient jamais été observés jusque-là, principalement en raison de températures particulièrement élevées et de la sécheresse des sols.

« Nous avons observé ce processus durant les canicules qui ont frappé l’Europe et la Chine cette année, lorsque des conditions atmosphériques stables, un fort ensoleillement et des vents faibles ont favorisé des niveaux de pollution élevés», a précisé le M. Taalas.

Des vents violents et des températures élevées ayant provoqué la propagation d'incendies de forêt à Athènes en Grèce.
Unsplash/Anasmeister
Des vents violents et des températures élevées ayant provoqué la propagation d'incendies de forêt à Athènes en Grèce.

Les feux de forêt de cette année, « un avant-goût de ce que nous réserve l’avenir »

A noter que les PM2,5 (les particules dont le diamètre ne dépasse pas 2,5 micromètres) constituent un grave danger pour la santé si elles sont inhalées sur de longues périodes. Elles proviennent de la combustion de combustibles fossiles, des feux de forêt ou des poussières du désert soufflées par le vent.

Quant à ce qui s’est passé cette année, c’est « un avant-goût de ce que nous réserve l’avenir, car une nouvelle augmentation de la fréquence, de l’intensité et de la durée des vagues de chaleur est à craindre ». « Or cette évolution pourrait encore dégrader la qualité de l’air sous l’effet d’un phénomène appelé [contrecoup climatique] », a précisé le Chef de l’OMM.

Ce terme désigne l’effet amplificateur que le changement climatique exerce sur la production d’ozone au niveau du sol au détriment de l’air que nous respirons. Selon les projections, les régions où ce phénomène sera le plus sensible (pour la plupart en Asie) abritent environ un quart de la population mondiale.

L'air pur est un droit humain

Scénarios envisageables

Selon les estimations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la probabilité que surviennent des feux de forêt de portée catastrophique (tels que ceux qui ont été observés dans le centre du Chili en 2017, en Australie en 2019 et dans l’ouest des États-Unis en 2020 et 2021) devrait augmenter de 40 à 60% d’ici à la fin du siècle si les émissions sont élevées, et de 30 à 50% si les émissions sont faibles.

Si les émissions de gaz à effet de serre restent élevées au point que, au cours de la seconde moitié du XXIe siècle, les températures mondiales marquent une élévation de 3 °C par rapport aux niveaux préindustriels, la concentration d’ozone en surface devrait augmenter dans les zones fortement polluées, en particulier en Asie. L’augmentation serait de l’ordre de 20% au Pakistan, dans le nord de l’Inde et au Bangladesh, et de 10% dans l’est de la Chine.

Le thème de la Journée internationale de l’air pur pour des ciels bleus (7 septembre) porte cette année sur « l’air que nous partageons».

« La pollution atmosphérique ne connaît pas de frontières. Les nations doivent donc agir ensemble », a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, dans un message vidéo.

« Surveillons la pollution de l’air. Passons des lois pour respecter les normes de qualité de l’air de l’Organisation mondiale de la Santé. Établissons des plans crédibles pour réduire les émissions des véhicules, des centrales électriques, des bâtiments et des industries. Ensemble, nous pouvons réduire la pollution de l’air et garder les gens et la planète sains et saufs », a-t-il ajouté.