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Pakistan : après les inondations, l'OMS craint les épidémies liées aux maladies hydriques

Un village inondé à Matiari, dans la province de Sindh, au Pakistan.
© UNICEF/Asad Zaidi
Un village inondé à Matiari, dans la province de Sindh, au Pakistan.

Pakistan : après les inondations, l'OMS craint les épidémies liées aux maladies hydriques

Santé

Alors que le bilan des inondations meurtrières provoquées par la mousson au Pakistan est passé à 1.290 morts et plus de 12.500 personnes blessés, des dizaines de millions d’habitants vivent dans des conditions épouvantables. Dans cette eau stagnante, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU craint l’apparition de maladies.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les épidémies actuelles de diarrhée, de typhoïde, de rougeole, de leishmaniose et de polio risquent d’ailleurs de s’aggraver. « Les premiers rapports de surveillance des maladies montrent déjà une augmentation des cas de diarrhée, de paludisme et de typhoïde », a précisé l’OMS dans son dernier rapport de situation consacré à la crise humanitaire et sanitaire au Pakistan.

La surveillance précoce des maladies indique que des dizaines de milliers de personnes ont été identifiées comme des patients atteints de diarrhée, de paludisme, d’infections respiratoires aiguës, d’infections de la peau et des yeux, de typhoïde et autres. Sur le terrain, des dizaines de millions de personnes sont désormais contraintes d’utiliser de l’eau insalubre, à la fois pour boire et pour leurs besoins quotidiens.

Exposition aux maladies telles que la diarrhée, le paludisme ou la dengue

Ces populations sont également exposées aux éléments en raison des dégâts causés par les inondations et de la destruction de leurs maisons, et beaucoup sont déplacées.

« Il en résulte une exposition accrue aux maladies qui circulent déjà dans le pays, notamment la diarrhée aqueuse aiguë, le paludisme, la dengue, la typhoïde, la rougeole et la leishmaniose », a déclaré dans un communiqué, le Dr Ahmed Al-Mandhari, Directeur régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale.

Pour l’agence onusienne, la transmission accrue du paludisme reste également une menace et de nombreux cas se présentent déjà dans les cliniques des zones touchées par les inondations. « D’autres maladies présentes dans le pays, telles que la polio et la Covid-19, présentent également un risque accru de propagation si la situation n’est pas rapidement maîtrisée », a ajouté le Dr Al-Mandhari.

Plus de 33 millions de personnes ont été touchées par les inondations causées par des pluies de mousson record, dont le Sindh, dans le sud du Pakistan, constitue l’une des régions les plus durement éprouvées. Selon l’ONU, plus de 6,4 millions ont un besoin urgent d’aide humanitaire dont près de 634.000 personnes déplacées vivant dans des camps.

Plus de 1.400 structures sanitaires touchées

Plus de 1.460 établissements de santé touchés, dont 432 sont entièrement endommagés et 1028 partiellement. D’une manière générale, l’accès aux installations de soins de santé, aux travailleurs de la santé et aux médicaments et fournitures médicales essentiels est limité.

« Avec près de 10% des établissements de santé du pays endommagés ou détruits, l’OMS est intervenue rapidement pour soutenir les efforts en cours du gouvernement pakistanais et du ministère de la Réglementation et de la Coordination des services de santé nationaux afin que les personnes touchées aient accès aux services de santé essentiels dont elles ont besoin », a affirmé le Chef du bureau régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale.

Dans cette course contre la montre, l’objectif est d’empêcher que cette catastrophe naturelle ne se transforme en « une catastrophe complexe de santé publique qui entraînerait de nouvelles pertes inutiles en vies humaines ».

L’OMS préoccupée par la situation de milliers de femmes enceintes

Des humanitaires inquiets aussi de la situation des milliers de femmes enceintes. Près de 650.000 ont été recensées. Les hôpitaux n’arrivent pas à faire face. « Des milliers de femmes enceintes n’ont plus accès aux établissements et services de santé pour accoucher en toute sécurité, ce qui augmente le risque de complications médicales, leurs options étant limitées à l’accouchement à domicile », a fait valoir le Dr Al-Mandhari.

Face à cette catastrophe humanitaire, des équipes sanitaires mobiles ont été redirigées vers les zones touchées par les inondations afin de fournir des services de santé et de nutrition aux femmes enceintes, aux nouvelles mères et à leurs bébés, ainsi qu’aux enfants. Plus de 4.500 camps médicaux ont été mis en place par le gouvernement pakistanais et l’OMS afin de garantir que la population ait accès aux services de santé de base et essentiels.

Plus largement, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU a ainsi renforcé, au cours des dernières semaines,  la surveillance des maladies dans les zones touchées par les inondations. L’OMS a également livré des médicaments essentiels, des fournitures médicales et des kits d’analyse aux établissements de santé et aux laboratoires fonctionnels.