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Pakistan : l’aide continue d’arriver alors que le bilan des inondations dépasse les 1.200 morts

Un village sous les eaux à Matiari, dans la province du Sind, au Pakistan, en août 2022.
© UNICEF/Asad Zaidi
Un village sous les eaux à Matiari, dans la province du Sind, au Pakistan, en août 2022.

Pakistan : l’aide continue d’arriver alors que le bilan des inondations dépasse les 1.200 morts

Aide humanitaire

Alors que le nombre de morts a dépassé les 1.200 dont 400 enfants, la mobilisation internationale et des autorités pakistanaises se poursuit, avec notamment des ponts aériens humanitaires vers les zones ravagées par les inondations au Pakistan, ont déclaré vendredi des responsables des agences humanitaires des Nations Unies.

Au cours des dernières semaines, des pluies de mousson torrentielles ont battu le record du siècle et déversé plus de cinq fois la moyenne des 30 dernières années dans certaines provinces. Ces inondations ont tué « plus de 1.200 personnes, dont environ 400 enfants », a affirmé depuis Islamabad, Abdullah Fadil, Représentant de l’UNICEF dans ce pays, lors d’une conférence de presse régulière de l’ONU à Genève. 


Avec ces intempéries, les Nations Unies redoutent désormais des « risques sanitaires majeurs ». Par exemple, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) met en garde contre la menace d’une nouvelle propagation du paludisme, de la dengue et d’autres maladies à transmission hydrique et vectorielle.

De nombreux autres enfants pourraient mourir au Pakistan après les inondations (UNICEF)

De son côté, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) évoque un risque de « beaucoup plus » de décès d’enfants dus à des maladies au Pakistan, après les inondations qui ont coûté la vie à environ 400 d’entre eux. « Il y a maintenant un risque élevé de propagation rapide de maladies mortelles d’origine hydrique - diarrhée, choléra, dengue, paludisme » a déclaré M. Fadil. 


« Il y a donc un risque de beaucoup plus de décès d’enfants », a-t-il ajouté. D’autant qu’en l’absence d’installations sanitaires adéquates, les communautés doivent de plus en plus recourir à la défécation en plein air, ce qui les expose à un risque élevé de contracter des maladies.

De plus, près 40 % des enfants souffraient déjà d’un retard de croissance avant les inondations au Pakistan. «

De nombreux enfants sont désormais exposés à un risque accru, sans maison, sans école, ni même d’eau potable », a insisté le Représentant de l’UNICEF.

Selon l’agence onusienne, cette situation ne fera que se détériorer alors que l’hiver arrive dans huit semaines dans certaines parties du pays. 

À partir de la mi-juin 2022, les inondations et les glissements de terrain causés par les fortes pluies de mousson ont entraîné des destructions généralisées dans tout le Pakistan.
© PAM/Saiyna Bashir
À partir de la mi-juin 2022, les inondations et les glissements de terrain causés par les fortes pluies de mousson ont entraîné des destructions généralisées dans tout le Pakistan.

Plus de 3,4 millions d’enfants ont besoin d’une aide humanitaire 

Plus largement, l’UNICEF estime que 16 millions d’enfants sont touchés et que 3,4 millions d’entre eux ont besoin d’une aide humanitaire. « Pour aggraver cette situation épouvantable, bon nombre des 72 districts les plus durement touchés comptaient déjà parmi les plus vulnérables du Pakistan », a ajouté M. Fadil. 
A noter que les pluies torrentielles ont emporté ou en endommagé plus de 1,1 million de maisons. Elles ont détruit des « infrastructures vitales sur lesquelles les enfants comptent pour accéder aux services essentiels, comme les écoles et les hôpitaux ». 

Selon l’agence onusienne, au moins 18.000 écoles ont été endommagées ou détruites à la suite des inondations. 

Le Pakistan se classe quatorzième sur 163 pays dans l’indice de risque climatique pour les enfants (CCRI) de l’UNICEF, ce qui place le pays dans la catégorie « risque extrêmement élevé » de l’indice. Avec ces inondations « historiques », les enfants sont exposés à un large éventail de nouveaux risques et dangers physiques liés aux inondations, notamment à cause des bâtiments endommagés, des noyades dans les eaux de crue et des serpents. Les enfants handicapés sont d’autant plus vulnérables que l’accès aux services essentiels est perturbé. 

Des enfants déplacés par les inondations attendent pour recueillir de l'eau potable au Baloutchistan, au Pakistan.
© UNICEF/Azam
Des enfants déplacés par les inondations attendent pour recueillir de l'eau potable au Baloutchistan, au Pakistan.

De nombreux autres ponts aériens seront nécessaires, selon l’UNICEF 

Selon les autorités pakistanaises et les agences de l’Onu, des avions avaient apporté des denrées alimentaires, des médicaments et des tentes. 

« Dans les jours et les semaines à venir, nous voulons d’abord apporter aux enfants et aux familles du matériel médical de première nécessité, des médicaments essentiels, des vaccins et des kits d’accouchement sécurisé, de l’eau potable et des comprimés de traitement de l’eau, ainsi que des fournitures pour l’assainissement, la nutrition et des moustiquaires », a affirmé le Représentant de l’UNICEF.  

L’UNICEF entend également aider les enfants à reprendre leurs études et aider le gouvernement à rétablir les services essentiels pour les enfants dès que possible. D’autres fournitures médicales d’urgence et d’eau, d’assainissement et d’hygiène devraient être acheminées au Pakistan depuis le centre de l’UNICEF é Copenhague dans les jours à venir. 

« Mais de nombreux autres ponts aériens seront nécessaires », a précisé M. Fadil.

Distribution de kits d'hygiène aux familles touchées par les inondations dans le district de Naseerabad, dans la province du Baloutchistan, au Pakistan.
© UNICEF/A. Sami Malik
Distribution de kits d'hygiène aux familles touchées par les inondations dans le district de Naseerabad, dans la province du Baloutchistan, au Pakistan.

Des opérations humanitaires « extrêmement difficiles » à mettre en œuvre

Mais sur le terrain, ces opérations de secours et de sauvetage restent « extrêmement difficiles » à mettre en œuvre. Environ 160 ponts et 5.000 kilomètres de routes ont été détruits ou endommagés. Près 3,5 millions d’hectares de cultures ont été touchés et environ 800 000 têtes de bétail ont été perdues. 

Pourtant, les opérations de sauvetage et de secours sont indispensables. « Et l’UNICEF distribue des fournitures humanitaires dans toutes les provinces touchées », a fait remarquer le Représentant de l’UNICEF.

Du côté de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), c’est également la mobilisation sur le terrain afin de soutenir les communautés locales et les réfugiés dans les zones dévastées par les inondations catastrophiques. « Notre personnel dans le pays rapporte que l’ampleur de la dévastation à laquelle les gens sont confrontés est inimaginable », a déclaré Matthew Saltmarsh, porte-parole du HCR

Nombreux sont ceux qui vivent à ciel ouvert, attendant de l’aide alors que les autorités locales et la communauté humanitaire se précipitent pour atteindre davantage de personnes. D’autres s’entassent dans des camps de secours ou restent chez des communautés hôtes.

Des familles survivent sans abri après avoir déménagé dans un endroit plus sûr, alors que les eaux de crue ont frappé des villages de la province du Baloutchistan, au Pakistan.
© UNICEF/A. Sami Malik
Des familles survivent sans abri après avoir déménagé dans un endroit plus sûr, alors que les eaux de crue ont frappé des villages de la province du Baloutchistan, au Pakistan.

Le HCR intensifie sa réponse

En collaboration avec les autorités pakistanaises chargées de la gestion des catastrophes, le HCR distribue rapidement des tentes, ainsi que des couvertures, des bâches en plastique, des seaux et d’autres articles ménagers dans les provinces très touchées. A Khyber Pakhtunkhwa et au Baloutchistan, le HCR y a distribué 10.000 tentes et autres articles d’aide. 

Les secours sont également acheminés d’urgence dans les zones touchées par les inondations dans le sud de la province de Sind. L’Agence onusienne prévoit de venir en aide à quelque 50.000 ménages dans les zones les plus touchées en leur fournissant plus d’un million d’articles de secours.

A noter que le Pakistan et sa population accueillent des millions de réfugiés afghans depuis plus de quatre décennies, avec quelque 1,3 million de personnes actuellement enregistrées dans le pays. L’aide du HCR est un signe de solidarité avec le pays et son peuple.  Plus de 420.000 réfugiés afghans vivent côte à côte avec leurs généreuses communautés d’accueil dans les zones les plus touchées du Pakistan, notamment dans les provinces du Sind, du Baloutchistan et de Khyber Pakhtunkhwa.
 

Une jeune fille vide l'eau recueillie dans le lit d'une rivière dans un village touché par les inondations au Pakistan. (archives)
© UNICEF/Shehzad Noorani
Une jeune fille vide l'eau recueillie dans le lit d'une rivière dans un village touché par les inondations au Pakistan. (archives)