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Inondations au Pakistan : près de 900 établissements de santé endommagés – OMS

Des enfants déplacés par les inondations attendent pour recueillir de l'eau potable au Baloutchistan, au Pakistan.
© UNICEF/Azam
Des enfants déplacés par les inondations attendent pour recueillir de l'eau potable au Baloutchistan, au Pakistan.

Inondations au Pakistan : près de 900 établissements de santé endommagés – OMS

Santé

Alors que les efforts internationaux s’accentuent pour venir en aide aux dizaines de millions de Pakistanais affectés par les pluies de mousson tombées sans répit depuis juin, près de 900 établissements de santé ont été endommagés dans ce pays, a annoncé mercredi l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 

Selon l’agence sanitaire mondiale de l’ONU, les établissements de santé ont été gravement touchés. « Au moins 888 établissements de santé ont été endommagés dans le pays, dont 180 sont complètement endommagés », selon un décompte établi par l’OMS le 28 août 2022. 

L’accès aux établissements de santé, aux travailleurs de la santé, aux médicaments essentiels et aux fournitures médicales reste le principal défi sanitaire pour le moment. Ces chiffres préoccupants interviennent alors que le système de santé pakistanais est déjà aux prises avec de « multiples menaces sanitaires concomitantes ».

A ce sujet, l’OMS cite les séquelles de la pandémie de Covid-19, mais aussi des épidémies de choléra, de typhoïde, de rougeole, de leishmaniose et du VIH/Sida. « Même avant les inondations actuelles, il existait une disparité importante dans l’accès aux services de santé entre les zones rurales et urbaines », a indiqué l’OMS.

À partir de la mi-juin 2022, les inondations et les glissements de terrain causés par les fortes pluies de mousson ont entraîné des destructions généralisées dans tout le Pakistan.
© PAM/Saiyna Bashir
À partir de la mi-juin 2022, les inondations et les glissements de terrain causés par les fortes pluies de mousson ont entraîné des destructions généralisées dans tout le Pakistan.

Une dévastation beaucoup plus grave que les inondations précédentes

C’est dans ce contexte que le Pakistan a lancé, hier mardi 30 août, avec les Nations Unies un appel urgent aux dons de 160 millions de dollars pour financer un plan d’urgence pour les six prochains mois. Ces fonds sont d’abord destinés à fournir des services de base (santé, nourriture, eau potable, abris) aux 5,2 millions de personnes les plus touchées.

Selon une évaluation préliminaire menée par l’OMS, le niveau actuel de dévastation est beaucoup plus grave que celui causé par les inondations au Pakistan les années précédentes, notamment celles qui ont dévasté le pays en 2010. « L’OMS a lancé une intervention immédiate pour soigner les blessés, fournir des produits vitaux aux établissements de santé, soutenir les équipes sanitaires mobiles et prévenir la propagation des maladies infectieuses »,  a déclaré le Dr Ahmed Al-Mandhari, Directeur régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale.

Sur le terrain, ces fortes pluies de mousson, qui ont débuté à la mi-juillet 2022, se poursuivent dans de nombreuses régions du pays et ont touché 116 districts (75 %) sur les 154 que compte le Pakistan. La province la plus touchée est le Sindh, suivi du Baloutchistan.

Renforcer la surveillance du choléra, dengue et polio

Alors que les districts continuent d’être touchés par des pluies de mousson massives et des inondations d’une ampleur sans précédent, l’OMS met en garde contre les menaces importantes pour la santé publique auxquelles sont confrontées les populations concernées, notamment le risque de propagation accrue de maladies transmises par l’eau et par des vecteurs, telles que le paludisme et la dengue.

Mais cette situation actuelle risque fort d’accroître la propagation des maladies, surtout quand les capacités de réponse sont entravées. Pour l’OMS, il s’agit donc d’une course contre la montre pour renforcer les mesures de contrôle du choléra et de la dengue en cours, y compris la collaboration intersectorielle (WASH) et la vaccination orale contre le choléra. 

Avant même les fortes pluies et les inondations qui ont suivi, le Pakistan avait signalé 4.531 cas de rougeole, et 15 cas de poliovirus sauvage en 2022.  Plus largement, l’OMS entend renforcer la surveillance des maladies dans les districts touchés par les inondations, avec l’organisation de camps médicaux mobiles.

Perturbation de la campagne nationale de vaccination contre la polio dans les zones touchées
Les équipes chargées de la lutte contre la polio soutiennent actuellement la surveillance d’autres maladies pendant l’urgence des inondations. Mais les pluies et les inondations ont perturbé la campagne nationale de vaccination contre la polio dans les zones touchées.

« Le programme travaille en étroite collaboration avec les autorités compétentes pour soutenir les efforts de secours, en particulier dans les zones les plus touchées par les inondations », a détaillé l’OMS. « Nos principales priorités sont maintenant d’assurer un accès rapide aux services de santé essentiels à la population touchée par les inondations ; de renforcer et d’étendre la surveillance des maladies, la prévention et la lutte contre les flambées épidémiques, et d’assurer une solide coordination des groupes sectoriels de santé », a affirmé le Dr Palitha Mahipala, Représentant de l’OMS au Pakistan.

Le Pakistan connaît une mousson monstrueuse après avoir connu un épisode de sécheresse précédé de vagues de chaleur historiques au mois de mai. Plus de 33 millions de personnes ont été touchées. 

Plus de 6,4 millions de personnes ont un besoin urgent d’aide humanitaire, dont 421.000 réfugiés. Plus d’un millier de vies ont été perdues et près de 1.500 personnes ont été blessées.

ONU Info/Florence Westergard
Le Pakistan est inondé de souffrances

Le Secrétaire général de l’ONU se rendra sur place la semaine prochaine

Selon les autorités d’Islamabad, il s’agit « des pires inondations de l’histoire du Pakistan » alors que le Chef de l’ONU place la catastrophe dans le contexte du changement climatique. « Alors que nous continuons à voir de plus en plus d’événements météorologiques extrêmes dans le monde, il est scandaleux que l’action climatique soit mise en veilleuse alors que les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, nous mettant tous - partout - en danger croissant », a dénoncé le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.

Le Chef de l’ONU se rendra d’ailleurs au Pakistan la semaine prochaine en solidarité avec les victimes des inondations historiques qui frappent le pays. « Étant donné la situation tragique à laquelle font face des millions d’hommes, de femmes et d’enfants touchés par des inondations historiques au Pakistan, le secrétaire général se rendra dans le pays la semaine prochaine pour une visite de solidarité », a déclaré le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric lors d’un point presse mardi à New York.

M. Guterres devrait arriver à Islamabad le vendredi 9 septembre, avant de se rendre dans les « zones les plus touchées par cette catastrophe climatique sans précédent », où il rencontrera notamment des familles déplacées et les agences humanitaires onusiennes qui travaillent sur le terrain.