Cambodge : un expert propose un plan en dix points pour mieux respecter les droits de l'homme

Lors de sa première visite officielle au Cambodge, un expert de l'ONU a présenté un programme en dix points visant à améliorer la situation des droits de l'homme dans ce pays, à ouvrir l'espace civil et politique ainsi que la voie à une réforme démocratique.
Le Cambodge a réalisé de nombreux progrès reconnus au niveau international et a également ratifié la plupart des principaux traités relatifs aux droits de l'homme, a relevé Vitit Muntarbhorn, nommé Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Cambodge en mars 2021, à l'issue de sa première visite dans le pays depuis sa prise de fonctions.
« Pourtant, le Cambodge est confronté à un paradoxe omniprésent. Depuis 2017, date à laquelle le principal parti d'opposition a été dissous injustement par décision judiciaire, le pays est effectivement soumis au régime du parti unique, tous les sièges de l'Assemblée nationale étant aux mains de ce monopole », a-t-il indiqué.
L'expert a exhorté le gouvernement cambodgien à adopter rapidement et efficacement un « programme d'action cambodgien pour les droits de l'homme » en dix points.
Au cours de son voyage de 11 jours, le Rapporteur spécial a pu assister à une manifestation pacifique des travailleurs du casino-hôtel et spa NAGA World. Il a aussi rencontré des représentants du gouvernement local à Sihanoukville pour évaluer la situation concernant les problèmes de cybercriminalité, de traite des êtres humains ainsi que d'autres formes d'exploitation.
L'expert des Nations Unies a également pu échanger avec des communautés déplacées ou expulsées à la suite de conflits autour des terres agricoles et d'inondations causées par un développement urbain anarchique.
UN Special Rapporteur on the human rights situation in #Cambodia Vitit Muntarbhorn concluded his 1st official visit to the country.His 2nd report on human rights in Cambodia will be released in September for the 51st session of the Human Rights Council.#HRC51@OHCHR_Cambodia https://t.co/PuU2WcAb9u pic.twitter.com/QSbEVANCIZ
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M. Muntarbhorn a aussi discuté avec des membres de partis d'opposition et des commentateurs indépendants victimes de harcèlement ou de poursuites judiciaires.
« Je suis heureux d'avoir rencontré et appris de tous ceux qui ont généreusement partagé leur temps, leurs pensées et leurs expériences avec moi avec une chaleur caractéristique de la culture cambodgienne », a-t-il expliqué. « Ce pays est promis à un bel avenir, mais il est confronté à un certain nombre de graves problèmes de droits de l'homme à l'approche d'élections générales l'an prochain ».
Le programme d'action cambodgien en matière de droits de l'homme comprend notamment :
Le Rapporteur a également recommandé d'abandonner les poursuites contre celles et ceux considérés comme des adversaires par les autorités.
De plus, le Rapporteur spécial a déclaré que les victimes de la traite des êtres humains, amenées à travailler pour des sociétés en ligne spécialisées dans l'escoquerie, vivaient un « enfer » qui les conduisait souvent à subir des actes de torture et même à la mort ; ses recommandations comprennent plusieurs mesures visant à remédier à cette situation.
Le Cambodge étant récemment passé du statut de pays d'origine à celui de pays de destination de la traite des êtres humains, l'expert a proposé d'appliquer les lois existantes en matière de télécommunications.
Le deuxième rapport de l'expert sur les droits de l'homme au Cambodge sera publié en septembre 2022.
Les rapporteurs spéciaux, les experts indépendants et les groupes de travail font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand corps d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, sont le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de surveillance du Conseil des droits de l’homme qui traitent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel de l'ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.