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Ethiopie : alarmée par la reprise des combats au Tigré, l'ONU appelle à la désescalade

Des mères amènent leurs enfants pour qu'ils soient traités pour malnutrition dans un camp de déplacés au Tigré, en Ethiopie.
© UNICEF/Nahom Tesfaye
Des mères amènent leurs enfants pour qu'ils soient traités pour malnutrition dans un camp de déplacés au Tigré, en Ethiopie.

Ethiopie : alarmée par la reprise des combats au Tigré, l'ONU appelle à la désescalade

Droits de l'homme

La cheffe des droits de l’homme de l’ONU s’est dite, jeudi 25 août, profondément préoccupée par la reprise des combats dans le nord de l’Éthiopie entre le gouvernement fédéral et les rebelles de la région du Tigré et a appelé à une désescalade.

« Je suis alarmée par la reprise des hostilités dans le nord de l’Éthiopie », a déclaré la Haute-Commissaire Michelle Bachelet, lors de sa dernière conférence de presse avant la fin de son mandat fin août. L’ancienne Présidente chilienne exhorte le gouvernement éthiopien et les rebelles du Front populaire de libération du Tigré (FPLT) « d’œuvrer à la désescalade et de cesser immédiatement les hostilités ».

Selon les rapports des médias, des combats ont repris mercredi 24 août dans le nord de l’Ethiopie, dans des zones frontalières de la région du Tigré, entre rebelles tigréens et gouvernement fédéral. Ces combats sont les premiers d’ampleur signalés depuis une trêve conclue fin mars et jusqu’ici largement respectée. Cette trêve avait notamment permis une reprise progressive de l’aide humanitaire vers une région menacée par une grave insécurité alimentaire, comme plusieurs zones de la Corne de l’Afrique.

Pour Mme Bachelet, les civils ont déjà suffisamment souffert. Cette reprise des hostilités ne fera « qu’exacerber les souffrances des civils qui sont déjà dans une situation désespérée », a insisté la Cheffe des droits de l’homme de l’ONU.

Le Secrétaire général de l’ONU « profondément choqué et attristé »

Le Secrétaire général de l’ONU António Guterres s’est dit hier mercredi « profondément choqué et attristé » par la reprise des violences et a appelé « fermement à la cessation immédiate des hostilités et à la reprise des négociations de paix ». Les Éthiopiens, les Tigréens, les Amhara, les Oromo et les Afars ont déjà trop souffert, a-t-il ajouté. 

Le chef de l’ONU a lancé un appel fort à la cessation immédiate des hostilités, à la reprise des pourparlers de paix entre le gouvernement et les rebelles du FPLT. Il a exhorté les deux parties à garantir « un plein accès humanitaire aux gens dans le besoin et le rétablissement des services publics ».

Cet appel de M. Guterres intervient alors que la région du Tigré « se trouve au bord d’une catastrophe humanitaire ». Plus de 40% des quelque 6 millions de personnes de la région sont toujours tributaires d’une aide d’urgence.

Les rebelles du Tigré se sont emparés des de 12 camions-citernes de carburant du PAM

« L’ONU reste tout de même très préoccupée par le sort des civils dans les zones proches des lignes de front et appelle toutes les parties à honorer leurs obligations, en vertu du droit international humanitaire pour assurer leur protection », a dit le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric.

Pour illustrer l’impact de la reprise des combats, l’ONU rappelle que les rebelles s’étaient emparés de 12 camions-citernes du Programme alimentaire mondial (PAM) stationnés dans la capitale tigréenne Mekele, soit 570.000 litres de carburant destinés à distribuer de l’aide alimentaire. « Les stocks de carburant servaient uniquement pour des objectifs humanitaires, soit la distribution de nourriture, d’engrais et autres produits de secours », a affirmé le porte-parole de l’ONU.

La perte de ce carburant aura un impact sur les opérations humanitaires qui aident les communautés dans le nord-est de l’Éthiopie. « L’ONU condamne tout pillage et toute confiscation de biens et d’installations humanitaires et appelle toutes les parties à honorer leurs obligations, en vertu du droit international humanitaire et à respecter le personnel, les activités et les biens humanitaires », a fait valoir M. Dujarric.

Une famille déplacée vivant dans un camp du district d'Asgede, dans le Tigré, reçoit une aide alimentaire du PAM (photo d'archives).
PAM/Claire Nevill
Une famille déplacée vivant dans un camp du district d'Asgede, dans le Tigré, reçoit une aide alimentaire du PAM (photo d'archives).

17 millions de personnes ciblées par l’aide humanitaire en Ethiopie

Plus globalement, l’Éthiopie fait face à une situation pour le moins difficile.  Selon l’ONU, le pays vit la pire sécheresse de ces 40 dernières années. Quelque 17 millions de personnes sont désormais ciblées par l’aide maintenant que les niveaux de malnutrition augmentent, selon les informations sur place.

Des parties du pays sont menacées par des inondations dans les prochaines semaines. Plus de 1,7 million de personnes devraient être touchées, dont plus de 400.000 hommes, femmes et enfants qui seraient contraints de fuir.

Face à cette situation, plus de 24 millions de personnes ont reçu une aide humanitaire cette année en Éthiopie, dont plus de 20 millions une aide alimentaire, plus de 3 millions une aide à l’agriculture et plus d’autres 3 millions de l’eau et des services d’assainissement et d’hygiène.