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Dekha Dewandana porte les valises de ses invités de son gîte, le Esa di Kubu Homestay, situé dans le village de Sudaji, sur l'île indonésienne de Bali.

Témoignage - Comment un Balinais a survécu à la chute brutale du tourisme

OIT/Putu Sayoga
Dekha Dewandana porte les valises de ses invités de son gîte, le Esa di Kubu Homestay, situé dans le village de Sudaji, sur l'île indonésienne de Bali.

Témoignage - Comment un Balinais a survécu à la chute brutale du tourisme

Développement économique

Dekha Dewandana gérait une chambre d’hôte à Bali, qu'il maintenait à des standards d'hospitalité élevés grâce une formation financée par l’ONU. Florissante avant l’arrivée du COVID-19, l'affaire survit, tant bien que mal, après une traversée du désert de deux ans.

« À la mort de mes parents, j'ai respecté leur souhait de m'occuper de la maison familiale, située dans le village de Sudaji.

À cette époque, le village était déjà connu comme une destination touristique grâce à ses traditions culturelles et ses paysages. 

En 2014, j'ai commencé à réaliser mon rêve d’organiser des séjours chez l'habitant, où les touristes séjournent dans des familles de mon village.

J'étais confiant dans mes capacités de réussir, compte tenu de mon expérience dans le domaine du tourisme et de l'hôtellerie. J'ai attentivement observé le fonctionnement des chambres d’hôtes avant de transformer ma maison.

Un des bungalows sur le terrain d'Esa di Kubu Homestay, situé dans le village de Sudaji, sur l'île indonésienne de Bali.
OIT/Putu Sayoga
Un des bungalows sur le terrain d'Esa di Kubu Homestay, situé dans le village de Sudaji, sur l'île indonésienne de Bali.

Le succès fut au rendez-vous : mon gîte, Esa di Kubu, a été choisi par l'office du tourisme de Bali pour représenter le village de Sudaju lors d'un concours national de tourisme et a reçu le deuxième prix. 

L'Office du tourisme de Bali m'a ensuite recommandé de participer au programme SCORE (Sustaining Competitive and Responsible Enterprises) de l'Organisation internationale du travail (OIT), qui aide à faire en sorte que nos installations et équipements répondent aux normes régionales de l'ANASE (Association des nations de l'Asie du Sud-Est). 

Nous avons beaucoup appris sur la literie professionnelle, les articles de toilette, la présentation des aliments, les services aux clients, etc. Chaque mois, le formateur nous encadrait et évaluait nos progrès. 

La formation nous a également appris l'importance de la numérisation et du marketing numérique, et j'ai commencé à promouvoir mes services en ligne. Les ventes et le nombre de visiteurs ont rapidement augmenté, et je recevais de bonnes évaluations sur les plateformes de tourisme en ligne.

Puis, fin 2019, le COVID-19 a frappé. 

Dekha préparant l'une des chambres.
OIT/Putu Sayoga
Dekha préparant l'une des chambres.

« Nous étions tous paniqués et inquiets »

À partir de janvier 2020, les clients étrangers ont commencé à annuler leur séjour. Quand au mois de mars le gouvernement indonésien a déclaré une pandémie dans le pays, il ne nous restait plus que cinq clients, tous pris au piège à Bali. 

Au début de la pandémie, nous avons reçu une formation aux protocoles sanitaires dispensée par l'OIT. On nous a appris à nous protéger en observant les mesures de distanciation physique, l'utilisation de masques et le lavage des mains. Nous avons maintenu les protocoles avec les invités retenus chez nous, qui en parallèle cherchaient des moyens d'être rapatriés.

En raison des restrictions de mouvements et des mesures de confinement à l’échelle mondiale, nous avons perdus tous nos clients et nos revenus se sont effondrés. 

Nous étions tous paniqués et inquiets. J'ai utilisé mes économies pour acheter les besoins de base, en particulier la nourriture : j'ai acheté autant de riz et de nouilles instantanées que possible, les magasins et les marchés étant fermés.

Mes anciens hôtes à l'étranger m'ont contacté pour s'enquérir de mon état et m'offrir de l'aide, ce dont je leur suis reconnaissant. Leur soutien a permis à ma famille de survivre jusqu'à la fin de l'année 2020.

Les sept premiers mois de 2021 ont été les plus difficiles. Nous avons planté des légumes pour survivre, mais mes camarades villageois et moi avons à peine mangé pendant cette période, et j'ai commencé à perdre espoir.

Dekha Dewandana et sa femme accueillent leurs invités avec une boisson traditionnelle à base de curcuma dans leur gîte, le Esa di Kubu Homestay, situé dans le village de Sudaji, sur l'île indonésienne de Bali.
OIT/Putu Sayoga
Dekha Dewandana et sa femme accueillent leurs invités avec une boisson traditionnelle à base de curcuma dans leur gîte, le Esa di Kubu Homestay, situé dans le village de Sudaji, sur l'île indonésienne de Bali.

« Mon gîte a repris vie »

Les conditions se sont finalement améliorées avec la levée des restrictions et nous avons reçu une aide du gouvernement. Je n'ai jamais oublié mon rêve initial pendant cette période, au cours de laquelle j'ai repeint et réparé la maison.

Les visiteurs étrangers ont commencé à revenir. En janvier 2022, j'ai reçu un groupe de touristes du Danemark et de Suisse.

Je suis heureux que mon gîte ait repris vie.

En plus de gérer mon entreprise, je suis l'un des fondateurs de Sudaji Homestay, un groupe de propriétaires de chambres d’hôtes qui ont suivi le programme de fomation à l’accueil de l'OIT.

Tous les propriétaires de gîtes ne parlent pas anglais, certains n’ont pas de notions en marketing ou en marketing numérique. Le groupe existe pour partager les connaissances et aider les membres à maintenir leurs gîtes aux normes.

Je partage mes compétences et mes connaissances pour que nous puissions continuer à maintenir notre réputation de village touristique de première catégorie en Indonésie, afin que mes collègues villageois ne soient pas obligés de trouver du travail ailleurs. »

Dekha préparant un arrangement floral pour accueillir des invités.
OIT/Putu Sayoga
Dekha préparant un arrangement floral pour accueillir des invités.

Comment l’OIT supporte l’industrie du tourisme

  • Dekha Dewandana est une bénéficiaire du programme « SCORE HoCo » de l'OIT, parrainé par le gouvernement suisse. Il s'agit d'un programme à l’échelle mondiale pour améliorer la productivité et les conditions de travail dans les petites et moyennes entreprises (PME). 
  • Le secteur du tourisme est un moteur important de la croissance économique, du développement des entreprises et de la création d'emplois, en particulier pour les femmes, les jeunes, les travailleurs migrants et les communautés locales.
  • Le tourisme a été l'une des industries les plus durement touchées par la pandémie de COVID-19. Son impact sur les entreprises, notamment les micro, petites et moyennes entreprises (MPME), est sans précédent.