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Une rue du centre-ville de la capitale du Cambodge, Phnom Penh (photo d'archives).

Cambodge : l’ONU dénonce un harcèlement et des attaques croissantes contre les médias

© Unsplash/ Vouchlim Ton
Une rue du centre-ville de la capitale du Cambodge, Phnom Penh (photo d'archives).

Cambodge : l’ONU dénonce un harcèlement et des attaques croissantes contre les médias

Droits de l'homme

Les journalistes cambodgiens sont de plus en plus soumis à diverses formes de harcèlement et de pressions, a fustigé ce mercredi le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies, pour qui de tels actes « constituent une menace pour la démocratie ».

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, les acteurs des médias cambodgiens sont régulièrement victimes de violences, dans un contexte de restrictions croissantes de l’espace civique et des libertés de la presse au Cambodge. Pour l’ONU, les conclusions de ce rapport publié ce mercredi sont très préoccupantes.

« J’exhorte les autorités à prendre en compte nos recommandations afin de garantir que les médias puissent effectuer leur travail vital de manière équitable et transparente, dans l’intérêt de tous les Cambodgiens », a déclaré dans un communiqué la Cheffe des droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet.

Soixante-cinq journalistes ont été interrogés dans le cadre du rapport. Tous les répondants à l’enquête ont déclaré avoir été confrontés à une forme d’interférence dans le cadre de leur travail.

En outre, plus de 80 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été victimes d’actes de surveillance ainsi que de restrictions disproportionnées ou inutiles, notamment concernant l’accès à l’information.

Une vingtaine de journalistes ont fait l’objet de poursuites pénales depuis 2017

Pendant des années, les autorités cambodgiennes ont activement adopté des lois restreignant l’espace civique en général et la liberté de la presse en particulier, souligne le rapport.

Plusieurs lois et instruments donnent aux autorités le pouvoir de censurer les médias ainsi que de placer les journalistes et d’autres personnes sous surveillance. Ces dispositifs ont permis d’étendre la capacité du gouvernement à restreindre le travail des médias et la liberté d’expression par le biais des tribunaux.

Depuis janvier 2017, le Bureau des droits de l’homme de l’ONU au Cambodge a documenté des cas impliquant 23 journalistes ayant fait l’objet de poursuites pénales pour désinformation, diffamation ou incitation en raison de leur travail.

Des médias libres, indépendants et pluralistes jouent un rôle central dans toute société démocratique. Lorsque nous défendons la liberté des médias, nous défendons la justice, la bonne gouvernance et les droits de l’homme

De plus, des lois récentes telles que la loi contre la propagation de la Covid-19 et le sous-décret de 2022 sur la création d’un portail Internet national donnent au gouvernement des pouvoirs étendus pour bloquer l’information et punir des crimes non spécifiques, et devraient être abrogées.

« Des médias libres, indépendants et pluralistes jouent un rôle central dans toute société démocratique. Lorsque nous défendons la liberté des médias, nous défendons la justice, la bonne gouvernance et les droits de l’homme », a fait valoir Mme Bachelet.

Plus largement, le rapport formule 15 recommandations visant à offrir aux employés du secteur des médias un espace de travail plus sûr, plus pluraliste et plus sensible aux questions de genre. Les services de la Haut-Commissaire Bachelet sont disposés à apporter le soutien nécessaire au gouvernement pour mettre en œuvre ces recommandations.