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Des soldats de la paix patrouillent à Butembo, dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, pour assurer la sécurité des communautés locales.

RDC : António Guterres condamne l'attaque meurtrière contre des Casques bleus de la MONUSCO

ONU Photo /Martine Perret
Des soldats de la paix patrouillent à Butembo, dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, pour assurer la sécurité des communautés locales.

RDC : António Guterres condamne l'attaque meurtrière contre des Casques bleus de la MONUSCO

Paix et sécurité

Le Secrétaire général des Nations Unies a fermement condamné mardi soir l'attaque contre des Casques bleus servant dans la Mission de stabilisation de l'ONU en République démocratique du Congo (MONUSCO) le 26 juillet à Butembo, dans la province du Nord-Kivu, au cours de laquelle deux policiers indiens et un militaire marocain sont morts et un policier égyptien a été blessé.

Dans une déclaration publiée par son porte-parole, António Guterres a aussi condamné fermement les violences qui ont visé plusieurs bases de l’ONU dans la province du Nord-Kivu depuis le 25 juillet, « au cours desquelles des individus et des groupes sont entrés de force dans les bases et se sont livrés au pillage et à la destruction des biens des Nations Unies, tout en pillant et en incendiant des résidences du personnel des Nations Unies ». 

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Le chef de l’ONU a déploré la perte de vie de manifestants dans ce contexte et exprimé ses plus sincères condoléances aux familles des victimes, ainsi qu'aux gouvernements et aux peuples indien et marocain, souhaitant un prompt rétablissement au Casque bleu blessé. 

« Traduire rapidement les responsables en justice »

Rappelant l'accord sur le statut des forces conclu entre l’ONU et le gouvernement de la RDC, qui garantit l'inviolabilité des locaux des Nations Unies, M. Guterres a affirmé l'engagement de la MONUSCO à travailler avec les autorités congolaises pour enquêter sur ces incidents.

« Il souligne que toute attaque dirigée contre les Casques bleus des Nations Unies peut constituer un crime de guerre, et appelle les autorités congolaises à enquêter sur ces incidents et à traduire rapidement les responsables en justice », a fait valoir son porte-parole adjoint Farhan Haq.

Pour autant, le Secrétaire général se félicite de la déclaration du porte-parole du gouvernement congolais, publiée le 25 juillet, qui a condamné la violence et a indiqué que les auteurs seront poursuivis, a ajouté M. Haq. 

 M. Guterres a réaffirmé « le ferme attachement des Nations Unies à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité, et à l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo ».

Les Nations Unies continueront à soutenir le gouvernement et le peuple congolais dans leurs efforts pour instaurer la paix et la stabilité dans l'est du pays,  par l'intermédiaire de son Représentant spécial en République démocratique du Congo et sa Mission mandatée par le Conseil de sécurité, affirme enfin la déclaration.

Appel au dialogue pour résoudre les tensions  

Des propos largement repris par les membres du Conseil de sécurité, qui ont à leur tour appelé au calme et au dialogue afin de résoudre les tensions actuelles et d'assurer la protection des civils.

Dans une déclaration publiée mercredi les Quinze ont encouragé le gouvernement congolais à poursuivre ses efforts pour rétablir l'ordre public, mener des enquêtes sur les causes profondes des tensions actuelles et veiller à ce que les responsables rendent des comptes.

Ils ont demandé à toutes les parties de coopérer pleinement avec la MONUSCO et de rester attachées à la mise en œuvre complète et objective du mandat de la Mission, conformément à la résolution 2612 (2021) du Conseil de sécurité et à l'accord sur le statut des forces conclu avec la MONUSCO.

Les Quinze ont réaffirmé « leur ferme attachement à la souveraineté, l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo » et ont réitéré leur plein soutien à la  Représentante spéciale du Secrétaire général, Bintou Keita, et à l'action stabilisatrice de la MONUSCO,  avant d’exprimer leur profonde gratitude aux pays contributeurs de troupes et de police de la MONUSCO.  

Un retour à une normalité « fragile »

Lors d’un point de presse par visioconférence, le Représentant adjoint de la MONUSCO, Khassim Diagne, a salué le retour à une « normalité fragile » sur le terrain ce mercredi, grâce notamment aux appels des autorités et au renforcement des forces de sécurité du pays.  Il remplace la cheffe de la MONUSCO Mme Keita de facon intérimaire, le temps qu'elle rentre en RDC,

« Nous ne négligerons aucune piste pour arriver au fond des choses », a déclaré M. Diagne.

Il a affirmé que la MONUSCO comptait investiguer au sujet du meurtre des trois soldats de la paix, mais aussi mener une enquête conjointe avec le gouvernement congolais concernant l'origine des tirs ayant tué une quinzaine de civils lors des manifestations.

« Nous n’avons aucune preuve que les troupes de la MONUSCO ont tiré sur des civils, mais, encore une fois, nous voulons mener une investigation avec le gouvernement pour déterminer d’où sont provenus ces tirs, et nous avons la capacité de le faire », a-t-il dit.

M. Diagne a signalé que les manifestations étaient alimentées par une campagne de désinformation menée contre la MONUSCO.

Le chef par intérim a opéré un distinguo entre deux types de manifestants : ceux voulant discuter pacifiquement et les pilleurs. Selon la MONUSCO et les autorités congolaises, ces derniers seraient infiltrés par des groupes armés. Ils auraient tiré sur les Casques bleus, et devraient pour cela être traduits en justice.

Concernant les manifestants pacifiques, les partisans de la ligne dure souhaitent le départ de la MONUSCO de la RDC, a expliqué le Représentant de la MONUSCO. 

« Nous le ferons de façon progressive et pacifique », a affirmé M. Diagne, ajoutant que ce processus était déjà en cours.

Il a souligné qu’une stratégie de retrait et une plateforme pour y parvenir étaient déjà en place avec la collaboration du gouvernement. Non seulement la MONUSCO s’est retirée de la province de Tanganyika, le 30 juin dernier, mais la Mission est passée d’une présence dans plus d’une dizaine de régions en 2002 a trois seulement aujourd’hui.

Le chef des opérations de paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, est doit se rendre vendredi en RDC pour une visite de deux jours qui devrait le mener à Kinshasa et au Nord-Kivu.