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Syrie : des experts de l’ONU consternés par la mort d’un jeune Australien dans un centre de détention

Familles déplacées dans la mosquée Musab Bin Omair, Tal Hajar, ville de Al-Hasakeh, nord-est de la Syrie, le 27 janvier 2022.
© UNICEF
Familles déplacées dans la mosquée Musab Bin Omair, Tal Hajar, ville de Al-Hasakeh, nord-est de la Syrie, le 27 janvier 2022.

Syrie : des experts de l’ONU consternés par la mort d’un jeune Australien dans un centre de détention

Droits de l'homme

Des experts indépendants de l’ONU ont exprimé ce lundi leur consternation après la confirmation de la mort de l’adolescent australien Yusuf Zahab dans un centre de détention du nord-est de la Syrie.

Le garçon serait mort des suites de blessures, aggravées par l’absence de traitement médical adéquat pendant, et après l’attaque menée en janvier par Daech contre le camp d’Al Hasakah, au nord-est de la Syrie.

« La mort de Zahab aurait pu être évitée, il n’aurait tout simplement jamais dû être détenu dans cette prison. Il aurait dû être renvoyé dans son pays et auprès de sa famille avec la possibilité de vivre une vie pleine et décente, le droit à une enfance protégée et sûre », ont déclaré dans un communiqué les experts.

Ils ont exhorté le gouvernement australien à agir rapidement pour empêcher de nouveaux décès de leurs ressortissants dans le nord-est de la Syrie et à préserver leur bien-être en les rapatriant rapidement.  Dans trois communications adressées au gouvernement australien, les experts avaient déjà exprimé leur inquiétude quant à la détention d’enfants et d’adolescents, notamment dans le centre d’Al Hasakah, insistant sur des conditions de détention « désastreuses ».

Ces adolescents « méritent d’être traités avec compassion »

Les experts de l’ONU indiquent avoir demandé à plusieurs reprises qu’une solution conforme aux droits de l’homme soit apportée à la situation des garçons, y compris les adolescents, détenus à Al Hasakah et dans d’autres sites de détention arbitraire de la région.

« Aucun de ces garçons, y compris Yusuf Zahab, n’a fait l’objet d’une procédure judiciaire justifiant sa détention, et tous sont détenus dans des conditions qui pourraient être assimilées à la torture ou à d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants. Les garçons sont des victimes du terrorisme et méritent d’être traités avec compassion, dignité et un minimum de décence humaine », ont-ils fait valoir.

Les experts ont vivement regretté qu’en dépit de leurs supplications, le gouvernement australien n’ait pas encore rapatrié ses ressortissants - qui sont principalement des femmes et des enfants - des camps et des centres de détention du nord-est de la Syrie.  « Ne pas rapatrier ces enfants revient pour l’Australie à renoncer à ses obligations internationales et à son obligation morale de protéger les enfants les plus vulnérables du pays », ont-ils regretté.

« Le rapatriement des enfants vulnérables est tout à fait faisable et possible »

Pour ces experts indépendants, le rapatriement des femmes et des enfants vulnérables est tout à fait faisable et possible. D’autant que « le gouvernement australien a la capacité de le faire.  De nombreux autres gouvernements le font actuellement », ont insisté les experts, rappelant que Canberra dispose d’un « système avancé de protection de l’enfance, d’éducation, de justice pénale et de santé qui est imminemment capable de répondre aux besoins de ces enfants et de leurs mères ». 

Plus largement, ils estiment que le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant doit être respecté à tout moment.  Les experts pressent les gouvernements dont les garçons-enfants restent en détention de les ramener chez eux, conformément aux obligations extraterritoriales acceptées en matière de droits de l’homme pour protéger la vie des enfants.

Outre la dizaine de membres du Groupe de travail sur l’utilisation de mercenaires et celui sur la détention arbitraire, ce communiqué a été soutenu par plusieurs autres experts comme Fionnuala Ní Aoláin, Rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection des droits de l’homme dans la lutte antiterroriste ou Tlaleng Mofokeng, Rapporteuse spéciale sur le droit à la santé.

NOTE :

Les Rapporteurs spéciaux et Experts indépendants font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand groupe d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, est le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations spécifiques à des pays, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel de l'ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel.