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La guerre en Ukraine engendre un héritage environnemental toxique pour la région (ONU)

Le personnel de l'OIM effectue une visite de contrôle dans un Hostomel en Ukraine pour constater l'étendue des destructions causées par le conflit.
© IOM/Viktoriia Zhabokrytska
Le personnel de l'OIM effectue une visite de contrôle dans un Hostomel en Ukraine pour constater l'étendue des destructions causées par le conflit.

La guerre en Ukraine engendre un héritage environnemental toxique pour la région (ONU)

Climat et environnement

Un suivi préliminaire du conflit ukrainien indique des impacts significatifs sur les environnements urbains et ruraux qui pourraient laisser à l’Ukraine et à la région « un héritage toxique pour les générations à venir », a alerté ce lundi le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Selon le suivi initial de l’impact mené par le PNUE, la guerre a provoqué des « dégâts » dans de nombreuses régions d’Ukraine. Le document fait état d’incidents dans des centrales et des installations nucléaires, mais aussi des anicroches dans les infrastructures énergétiques, notamment des pétroliers, des raffineries de pétrole, des plateformes de forage, des installations gazières et des pipelines de distribution, des mines, des sites industriels et des installations agroalimentaires.

Il en résulte de multiples incidents de pollution atmosphérique et une contamination potentiellement grave des eaux souterraines et de surface. « La cartographie et l’examen initial des risques environnementaux ne font que confirmer que la guerre est littéralement toxique », a déclaré la Directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen.

De nombreuses installations industrielles, entrepôts et usines ont été endommagés, certains stockant une série de substances dangereuses allant des solvants à l’ammoniac et aux plastiques. Selon l’agence onusienne basée à Nairobi (Kenya), des substances dangereuses ont également été libérées par des explosions dans des installations de stockage agro-industrielles, notamment des usines d’engrais et d’acide nitrique.

Des milliers d’incidents possibles de pollution de l’air, de l’eau et du sol et de dégradation des écosystèmes

L’imagerie satellitaire a également montré une augmentation significative des incendies dans diverses réserves naturelles et zones protégées, ainsi que dans les zones forestières. En outre, la pollution due à l’utilisation intensive d’armes, y compris dans les zones habitées, et les importants volumes de déchets militaires, notamment les véhicules militaires détruits, constituent un défi majeur en matière de nettoyage.

Par ailleurs, les infrastructures d’approvisionnement en eau, notamment les stations de pompage, les stations d’épuration et les installations d’assainissement, ont également subi des dommages importants. De plus, plusieurs grandes exploitations d’élevage ont été prises pour cible, les carcasses de bétail constituant un risque supplémentaire pour la santé publique.

Face à ces dégâts environnementaux, le nettoyage des habitations détruites posera ses propres problèmes dans de nombreuses zones urbaines. A ce sujet, le PNUE note que les débris sont susceptibles d’être mélangés à des matériaux dangereux, notamment de l’amiante.

Plus largement, l’éventail complet et la gravité des conséquences devront être vérifiés et évalués, bien que des milliers d’incidents possibles de pollution de l’air, de l’eau et du sol et de dégradation des écosystèmes, y compris des risques pour les pays voisins, aient déjà été identifiés.

La restauration de l’environnement doit être la priorité de la reconstruction

En attendant, le PNUE, l’autorité chargée de l’environnement au sein du système des Nations Unies, soutient le gouvernement ukrainien dans la surveillance à distance de l’impact environnemental. Il se prépare à entreprendre des évaluations d’impact sur le terrain - ce qui devrait être une tâche colossale étant donné l’ampleur et la répartition géographique des incidents signalés.

« La priorité est que cette destruction insensée prenne fin maintenant », a fait valoir Mme Andersen, ajoutant que « l’Ukraine aura ensuite besoin d’un soutien international considérable pour évaluer, atténuer et réparer les dégâts dans tout le pays, et réduire les risques pour la région au sens large ».

Alors que les principaux donateurs, agences et États Membres se réunissent cette semaine à Lugano, en Suisse, pour discuter de la reconstruction de l’Ukraine, la principale responsable des Nations Unies en Ukraine, Osnat Lubrani, a souligné que « la restauration de l’environnement en Ukraine doit figurer en tête de l’ordre du jour ».

« Des millions d’Ukrainiens déplacés ont besoin d’un environnement sûr et sain pour rentrer chez eux si l’on veut qu’ils puissent reprendre leur vie. Dès que les combats prendront fin, et ils doivent prendre fin rapidement, une opération colossale de nettoyage doit être soutenue », a affirmé Mme Lubrani, Coordinatrice résidente des Nations Unies en Ukraine.