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Le Soudan du Sud doit prendre les mesures nécessaires pour sortir de la période de transition (ONU)

Une femme cuisine à Walgak, dans l'Etat de Jonglei, au Soudan du Sud.
PAM
Une femme cuisine à Walgak, dans l'Etat de Jonglei, au Soudan du Sud.

Le Soudan du Sud doit prendre les mesures nécessaires pour sortir de la période de transition (ONU)

Paix et sécurité

L’envoyé de l’ONU au Soudan du Sud a encouragé lundi les dirigeants du pays à prendre les mesures nécessaires pour que la période de transition se termine en 2023 comme le prévoit l’accord de paix.

« Dans les mois à venir, ce qu'il faut, c'est un leadership national, des ressources et un engagement visible des dirigeants du Soudan du Sud à s'acquitter de leurs responsabilités en vertu de l'accord de paix et à prendre les mesures nécessaires pour que le pays sorte de la période de transition », a déclaré Nicholas Haysom, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud, lors d’une réunion du Conseil de sécurité. 

« Comme l'a mentionné le Secrétaire général dans son rapport, avec l'accord du 3 avril, les dirigeants sud-soudanais ont montré qu'ils pouvaient faire de réels progrès lorsqu'il y avait un sentiment d'urgence et de détermination. Nous espérons donc que les parties à l'accord de paix – avec le même sens de l'urgence – s'accorderont désormais sur une feuille de route », a ajouté M. Haysom, qui est également le chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS). 

Selon lui, cette feuille de route devrait servir à réengager les parties à l'accord de paix revitalisé et doit être accompagnée de repères et d'échéanciers clairs. Elle devrait en particulier s'occuper de l'achèvement des tâches en suspens, telles que le déploiement des Forces unifiées nécessaires, l'approbation de la législation en attente pour les élections nationales, ainsi que les réformes critiques des secteurs sécuritaire, judiciaire et financier. 

En ce qui concerne les élections, l’envoyé de l’ONU a jugé qu’il fallait non seulement des arrangements techniques et logistiques, mais aussi un environnement politique approprié. 

« À moins que les parties ne démontrent un objectif collectif commun, il y aura des difficultés à respecter ces engagements », a dit M. Haysom, pour qui « l'ampleur même des tâches à accomplir requiert l'attention entière et sans restriction de la communauté internationale ». 

Le chef de la MINUSS, Nicholas Hayson, lors d'une conférence de presse à Juba.
MINUSS
Le chef de la MINUSS, Nicholas Hayson, lors d'une conférence de presse à Juba.

Violence intercommunautaire

L’envoyé de l’ONU a rappelé que cette année, plus de 80 % des victimes civiles ont été attribuées à la violence intercommunautaire et aux milices communautaires, une violence qui « divise les communautés et entrave la réconciliation ». « Les saboteurs de la paix se sont également avérés habiles à instrumentaliser ces conflits pour leurs propres intérêts », a-t-il estimé. 

Il a toutefois souligné que la baisse des pertes civiles, par rapport à l'année précédente, se poursuit. Selon lui, la MINUSS est plus que jamais mise au défi de maintenir ses efforts de prévention et d'intervention. « La MINUSS continue de déployer une posture de plus en plus mobile et robuste, même dans des conditions de terrain et météorologiques difficiles », a-t-il dit. 

Nicholas  Haysoma souligné que le pays est confronté à une grave crise humanitaire. Alors que les besoins humanitaires augmentent pour atteindre environ 8,9 millions de personnes dans le besoin, les ressources diminuent. Actuellement, seuls 26% des 1,7 milliard de dollars requis pour le plan d'intervention humanitaire ont été reçus. 

L’envoyé de l’ONU a exhorté les bailleurs de fonds à poursuivre leur aide essentielle, notamment pour aider plus de 2 millions de femmes et 4,6 millions d'enfants. 

En décembre 2021, la région de l'Unité du Soudan du Sud a connu ses pires inondations en 60 ans,
MINUSS
En décembre 2021, la région de l'Unité du Soudan du Sud a connu ses pires inondations en 60 ans,

Le spectre de la famine

La Directrice de la Division des opérations et du plaidoyer au Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Ghada Eltahir Mudawi, a aussi noté que la plupart des indicateurs humanitaires se sont détériorés ces derniers mois en raison des violences. 

En mars, les violences ont déplacé plus de 40.000 personnes dans la zone administrative d'Abyei. Le déplacement de personnes se poursuit ailleurs en raison de la violence et des conflits autour de ressources telles que le bétail. 

Selon Mme Mudawi, les femmes et les filles courent un risque sérieux de violence sexiste lorsque des affrontements éclatent. 

Le pays est menacé par le spectre de la faim sévère et même de la famine, a-t-elle prévenu. Outre la violence, les chocs liés au climat sont l'autre grand facteur de besoins humanitaires. Le Soudan du Sud fait maintenant face à une quatrième année de précipitations supérieures à la moyenne, ce qui a perturbé la saison agricole et limité la production alimentaire.