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Au Mexique, les femmes exigent la fin de la violence à leur égard.

Les violences à l’égard des femmes se poursuivent à un niveau épidémique (ONU)

Primavera Diaz
Au Mexique, les femmes exigent la fin de la violence à leur égard.

Les violences à l’égard des femmes se poursuivent à un niveau épidémique (ONU)

Femmes

Si des avancées significatives ont été réalisées dans différents pays sur le plan législatif pour prévenir la violence à l’égard des femmes, des brutalités continuent d’exister « à un niveau épidémique », a dénoncé lundi à Genève une Experte indépendante de l’ONU.

S’exprimant lors de l’examen de son rapport devant le Conseil des droits de l’homme, la Rapporteure spéciale sur la violence contre les femmes a indiqué la violence contre les femmes et les filles - la forme la plus grave de discrimination fondée sur le sexe - continue d’être vécue dans le monde entier.

« Ce ne serait pas un euphémisme de dire que nous n’avons découvert que la partie émergée de l’iceberg », a fustigé Reem Alsalem, signalant que l’amélioration des données a permis de confirmer que « la violence à l’égard des femmes et des filles continue d’exister à un niveau épidémique ».

« La pandémie de Covid-19 et les mesures restrictives imposées par de nombreux États pour l’endiguer, sans tenir compte du sexe, ont mis en évidence des lacunes et des insuffisances préexistantes dans la prévention de la violence à l’égard des femmes et ont exacerbé le risque de violence auquel sont exposées les femmes et les filles dans le monde entier », a ajouté l’Experte indépendante onusienne.
 

Une fillette de cinq ans joue dans l'appartement de sa famille au Kazakhstan, où l'UNICEF s'efforce d'éliminer la violence domestique par des visites à domicile.
© UNICEF/Anush Babajanyan
Une fillette de cinq ans joue dans l'appartement de sa famille au Kazakhstan, où l'UNICEF s'efforce d'éliminer la violence domestique par des visites à domicile.


158 pays ont adopté une forme de législation sur la violence domestique

Par ailleurs, des « avancées significatives » ont été réalisées dans différents pays lorsqu’il s’est agi de renforcer la législation afin d’améliorer la prévention et la réponse à la violence à l’égard des femmes - bien que celles-ci n’aient pas toujours été conformes aux normes internationales des droits de l’homme. A ce jour, 158 pays ont ainsi adopté une forme de législation sur la violence domestique.

La tendance observée ces dernières années s’est poursuivi en 2021, avec notamment l’augmentation du nombre d’observatoires mis en place pour surveiller les féminicides ou les meurtres liés au genre, même si les progrès ont été plus modestes que ce que l’on aurait pu espérer. Les progrès et les reculs ont été inégaux et ont nécessité des approches adaptées. 

« Compte tenu de cette réalité, j’ai consacré une partie considérable des 10 mois que j’ai passés en tant que titulaire du mandat à engager différentes parties prenantes clés, dans le but d’écouter à la fois comment elles voient les réalités sur le terrain et ce qu’elles considèrent comme les principales priorités », a fait valoir Mme Alsalem.
 

Des femmes autochtones marchent dans les rues de La Paz, la capitale de la Bolivie.
OIT/R. Lord
Des femmes autochtones marchent dans les rues de La Paz, la capitale de la Bolivie.


L’impunité des auteurs des violences contre les femmes autochtones

Au Palais des nations à Genève, l’Experte s’est également penchée sur la violence contre les femmes et les filles autochtones. Selon elle, peu de sujets démontrent l’intersectionnalité des causes et des conséquences de la violence à l’égard des femmes comme la violence dirigée et subie par les femmes autochtones.

« Elle sont confrontées à une situation de violence quotidienne constante causée par des structures de pouvoir patriarcales historiques et inégales, le racisme, l’exclusion et la marginalisation qui ont été rendus possibles par l’héritage du colonialisme », a dénoncé la Rapporteure spéciale.

Il s’agit souvent d’une forme de violence intergénérationnelle qui imprègne tous les aspects de leur vie, a précisé Mme Alsalem.

« Je connais peu de formes de violence contre des groupes de femmes dont les auteurs, qu’ils soient étatiques ou non, jouissent d’un tel niveau d’impunité », a-t-elle ajouté, regrettant que même lorsqu’il y a une prise de conscience des niveaux alarmants et systématiques de violence que subissent les femmes autochtones, « l’ampleur et la gravité de la situation ne sont souvent pas reflétées dans les données recueillies ».

Plus troublant encore, lorsque ces données existent, elles n’influencent pas suffisamment la législation ou les politiques publiques.

Même si de nombreux droits coutumiers et traités ont consacré le droit des femmes et des filles autochtones à ne pas subir de violence, et même si plusieurs systèmes régionaux de protection des droits de l’homme et des lois nationales ont réaffirmé le devoir des États d’adopter toutes les mesures nécessaires pour prévenir et éradiquer toutes les formes de violence à leur encontre, ces texte ne se sont souvent pas traduites par une amélioration des mesures de prévention et de protection en leur faveur, a conclu la Rapporteure  spéciale.