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L’ONU appelle à « mettre fin au fléau de la violence sexuelle dans les conflits, une fois pour toutes » 

Les conflits et les situations d'instabilité peuvent entraîner des niveaux plus élevés de violence sexiste à l'encontre des femmes et des filles.
© UNICEF/STARS/Kristian Buus
Les conflits et les situations d'instabilité peuvent entraîner des niveaux plus élevés de violence sexiste à l'encontre des femmes et des filles.

L’ONU appelle à « mettre fin au fléau de la violence sexuelle dans les conflits, une fois pour toutes » 

Paix et sécurité

La violence sexuelle est devenue une tactique brutale de guerre et de répression qui « terrorise les populations, détruit des vies et fracture les communautés », a déclaré António Guterres

Dans son message pour la Journée internationale pour l'élimination de la violence sexuelle en temps de conflit, commémorée ce dimanche 19 juin, le Secrétaire général de l'ONU a également observé que les auteurs de ces actes ne rendent que trop rarement des comptes. 

« Ce sont les survivantes qui portent le fardeau de la stigmatisation et du traumatisme tout au long de leur vie, souvent doublement brutalisées par des normes sociales néfastes et la culpabilisation des victimes »; a-t-il souligné. 

Virginia Gamba, Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés, a noté que les quelque 14.200 enfants identifiés comme victimes de violences sexuelles n'étaient que « la partie émergée de l'iceberg ». 

Renforcer les systèmes judiciaires nationaux

« Nous sommes solidaires... et soutenons les femmes, les filles, les hommes et les garçons les plus vulnérables qui luttent pour vivre dans la dignité et la paix au milieu des crises humanitaires », a poursuivi M. Guterres, « notamment en augmentant le soutien aux victimes, aux personnes déplacées, ainsi qu'aux personnes vulnérables à la traite et à l'exploitation sexuelle ». 

Les zones rurales où les systèmes de protection sont faibles doivent également faire l'objet d'une attention supplémentaire, a-t-il ajouté. 

Cela implique de renforcer les systèmes judiciaires nationaux, afin que les auteurs de ces crimes soient traduits en justice, mais aussi d’apporter aux victimes un soutien médical et psychosocial. 

M. Guterres a en outre appelé à soutenir les organisations de la société civile dirigées par des femmes afin de faire tomber les barrières sociales, économiques et culturelles, ainsi qu’à s'attaquer aux causes sous-jacentes de la violence sexuelle dans les conflits. 

« Avec une volonté politique et des ressources financières accrues, nous pouvons joindre l'acte à la parole et mettre fin au fléau de la violence sexuelle dans les conflits, une fois pour toutes », a souligné le Secrétaire général. 

Déclaration conjointe avec l'Union européenne

D’une même voix, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Pramila Patten, ainsi que le Haut représentant de l'Union européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, ont lancé un appel conjoint à la communauté internationale pour qu'elle contribue à éradiquer la violence sexuelle liée aux conflits et à « préserver les générations futures de ce fléau ». 

« Il est temps de dépasser les approches réactives et de s'attaquer aux causes sous-jacentes et aux moteurs invisibles de la violence sexuelle... ainsi qu'aux normes sociales néfastes liées à l'honneur, à la honte et à la culpabilisation des victimes », ont-ils affirmé dans leur déclaration conjointe. 

Un quart des cas signalés de violences sexuelles liées au conflit au Soudan du Sud concernent des enfants.
UNICEF/Mackenzie Knowles-Coursin
Un quart des cas signalés de violences sexuelles liées au conflit au Soudan du Sud concernent des enfants.

Ils se sont dits profondément choqués par l'impact de la guerre en Ukraine sur les civils, et gravement préoccupés par les témoignages personnels poignants et les allégations croissantes de violences sexuelles, condamnant fermement ces crimes et appelant à un arrêt immédiat de la violence.

De l'Afghanistan à la Guinée, en passant par le Mali, le Myanmar et d'autres pays, ils ont attiré l'attention sur une « épidémie de coups d'État et de prises de pouvoir militaires » ayant fait reculer les droits des femmes.

Et tandis que de nouvelles crises s'intensifient, les guerres se poursuivent ailleurs, notamment en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, en Somalie, au Soudan du Sud, en Syrie et au Yémen. 

Les violences sexuelles comme outil de répression politique

Chacune de ces guerres est marquée par des niveaux alarmants de violence sexuelle liée aux conflits, utilisée comme outil de répression politique, d'intimidation et de représailles contre les acteurs de première ligne et les militants.

« Il est essentiel de favoriser un environnement protecteur qui dissuade et prévient les violences sexuelles en premier lieu et permet de les signaler en toute sécurité et d'apporter une réponse adéquate », ont-ils déclaré, ajoutant que la prévention constituait la meilleure forme de protection, y compris la prévention du conflit lui-même. 

Un engagement politique et diplomatique accru est nécessaire, selon eux, dans les accords de cessez-le-feu et de paix, l'analyse des menaces, une justice plus sensible au genre et la réforme du secteur de la sécurité, ainsi que pour amplifier les voix des survivants et des communautés affectées. 

« En ce jour, nous sommes unis dans notre engagement inébranlable à soutenir les survivants et à mettre fin à l'impunité des auteurs », ont-ils déclaré. « Les survivants doivent être considérés par leurs sociétés comme les détenteurs de droits, à respecter et à faire respecter, en temps de guerre comme en temps de paix ». 

Natalia Kanem, dirigeante du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a souligné que « lorsque les guerres commencent, la terreur et les ravages de la violence sexuelle font de même ». « Les corps des femmes et des filles deviennent des champs de bataille. Le viol est utilisé comme une arme de guerre aussi sûrement qu’une bombe explosant un bâtiment ou le char traversant une foule », a-t-elle expliqué. 

Elle a détaillé les nombreuses conséquences de la violence sexuelle, des corps brutalisés aux esprits marqués. 

Rappelant que la violence sexuelle était une « violation des droits de l'homme et un crime au regard du droit humanitaire international », Mme Kanem s'est engagée à soutenir les enquêtes et les poursuites axées sur les survivants en cas d'allégations de violence sexuelle et à faire « tout son possible pour mettre fin aux inégalités entre les sexes qui alimentent toutes les formes de violence sexiste ».