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Guerre en Ukraine : l’ONU alerte sur la menace d’une crise alimentaire et financière dans le monde

Une mère et son fils attendent d'être évacués de la ville assiégée de Mikolayiv, en Ukraine.
© IMF
Une mère et son fils attendent d'être évacués de la ville assiégée de Mikolayiv, en Ukraine.

Guerre en Ukraine : l’ONU alerte sur la menace d’une crise alimentaire et financière dans le monde

Droits de l'homme

Alors que la guerre en Ukraine continue de « détruire la vie de nombreuses personnes, avec des horreurs qui laisseront des traces indélébiles sur des générations», une crise alimentaire, énergétique et financière mondiale menace aussi la planète, a alerté lundi Michelle Bachelet, la Cheffe des droits de l’homme de l’ONU.

Les « ramifications sociales, économiques et politiques de la guerre s’élargissent dans la région et dans le monde entier », a affirmé Mme Bachelet pour son dernier grand discours devant l’instance pendant son premier mandat.

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Une crise alimentaire, énergétique et financière mondiale se dessine et risque désormais de plonger des millions de personnes dans l’insécurité alimentaire et la pauvreté, a ajouté Mme Bachelet au début de cette 50e session du Conseil des droits de l’homme à Genève.

Au total, environ « 1,2 milliard de personnes vivent dans des pays qui sont gravement exposés et vulnérables aux trois dimensions de la finance, de l’alimentation et de l’énergie, simultanément », a détaillé l’ancienne Présidente chilienne. Environ 50 millions de personnes supplémentaires pourraient faire face à une insécurité alimentaire grave.

Les inégalités entre les pays et au sein des pays montent en flèche

Le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire grave devrait passer de 276 millions au début de 2022 à 323 millions dans le courant de l’année, selon le Programme alimentaire mondial (PAM). Mme Bachelet a ainsi rappelé des projections du Groupe des Nations Unies sur la crise mondiale. Celles-ci estiment que la combinaison de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, de l’inflation croissante, ainsi que des restrictions à l’exportation et du resserrement des conditions financières sera dévastatrice, en particulier pour les plus vulnérables.

« Les inégalités entre les pays et au sein des pays montent en flèche, menaçant les reprises de Covid-19 et ralentissant l’action climatique », a-t-elle fait valoir, insistant sur l’impact de la guerre en Ukraine sur les personnes prises dans des conflits prolongés dans la région, mais aussi les « conséquences inquiétantes sur les droits de l’homme en raison des crises économiques et autres dans certains pays ».

Par exemple, au Sri Lanka, elle a ainsi exhorté le gouvernement à garantir une aide immédiate aux groupes les plus marginalisés et les plus vulnérables. De plus, « l’augmentation de la pauvreté, des inégalités, de l’insécurité alimentaire et de l’accès aux soins de santé et aux autres services essentiels au Liban est troublante ».

Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, s'adresse au Conseil des droits de l'homme.
Photo ONU/Jean Marc Ferré
Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, s'adresse au Conseil des droits de l'homme.

Le rapport sur les Ouïghours en cours de mise à jour

Mais la situation urgente en Ukraine ne doit pas exonérer la communauté internationale d’œuvrer à plus long terme sur les raisons derrière les violations des droits humains dans le monde. Après la pandémie, « nous sommes confrontés à un test vital sur notre engagement’ pour des sociétés plus vertes et plus résistantes », a aussi dit l’ancienne Présidente chilienne. « Il faut y répondre », a-t-elle encore affirmé.

Sur un autre plan, Mme Bachelet est revenue sur ses « inquiétudes concernant la situation des droits de l’homme des Ouïghours et d’autres minorités majoritairement musulmanes au Xinjiang, notamment en ce qui concerne les détentions arbitraires généralisées et les pratiques abusives ». La Haute-Commissaire a indiqué que le rapport est maintenant « en cours de mise à jour ». « Il sera partagé avec le gouvernement pour des commentaires factuels avant sa publication », a-t-elle affirmé.

En outre, elle a soulevé avec Beijing « des préoccupations relatives aux droits de l’homme dans les régions du Tibet et de Hong Kong ».

Dans le même temps, elle a salué l’ouverture du dialogue avec la Chine, affirmant qu’il existe désormais un accord pour « organiser une réunion annuelle de haut niveau sur les droits de l’homme et poursuivre les échanges sur des questions spécifiques relatives aux droits de l’homme ». « Nous élaborons maintenant des mesures concrètes pour mettre en œuvre ces accords », a-t-elle dit, relevant qu’il faut être « prêt à entendre l’autre, à comprendre les points de vue respectifs et à travailler activement à l’identification d’un terrain d’entente ».

La quête du dialogue avec les Etats « même sur les questions les plus difficiles »

Parmi les autres nombreuses dossiers mentionnés lors de l’ouverture du Conseil, la Haute-Commissaire s’est dite « de plus en plus alarmée » par les restrictions de l’espace civique et surtout par les déconvenues pour les droits des femmes.

« C’est le moment de davantage d’avancées, pas davantage de restrictions », a-t-elle fait remarquer, déplorant la situation aux Etats-Unis sans formellement parler de la discussion sur le droit à l’avortement à la Cour suprême.

Michelle Bachelet a aussi demandé l’ouverture d’investigations pénales après le meurtre il y a un mois de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, dénonçant à nouveau un climat d’impunité en Israël.
Présentant un aperçu d’une longue série de situations préoccupantes en matière de droits dans le monde,

Mme Bachelet a appelé lundi le Conseil des droits de l’homme à « continuer à rechercher le dialogue, même sur les questions les plus difficiles ».