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La croissance économique mondiale revue à la baisse en raison des retombées de la guerre en Ukraine (ONU)

L'économie mondiale ne devrait pas croître aussi rapidement que prévu en raison de la guerre en Ukraine
© FMI/Brendan Hoffman
L'économie mondiale ne devrait pas croître aussi rapidement que prévu en raison de la guerre en Ukraine

La croissance économique mondiale revue à la baisse en raison des retombées de la guerre en Ukraine (ONU)

Développement économique

L'économie mondiale, en grande partie déraillée par la guerre en Ukraine, ne devrait croître que de 3,1 % cette année, contre les 4 % prévus en janvier, d’après le dernier rapport de l'ONU sur la situation et les perspectives de l'économie mondiale (WESP), lancé mercredi.

Les prévisions à mi-parcours révèlent comment le conflit a bouleversé la fragile reprise économique après la pandémie de Covid-19, provoquant une crise humanitaire en Europe, une flambée des prix des denrées alimentaires et des produits de base, et exacerbant les pressions inflationnistes.

L'inflation mondiale devrait également atteindre 6,7 % cette année, soit le double de la moyenne de 2,9 % enregistrée entre 2010 et 2020, avec de fortes hausses des prix des denrées alimentaires et de l'énergie.  

Une action rapide est cruciale : Guterres

« La guerre en Ukraine - dans toutes ses dimensions - déclenche une crise qui dévaste également les marchés mondiaux de l'énergie, perturbe les systèmes financiers et exacerbe les vulnérabilités extrêmes du monde en développement », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, lors de son intervention.   

« Nous avons besoin d'une action rapide et décisive pour assurer un flux régulier de nourriture et d'énergie sur des marchés ouverts, en levant les restrictions à l'exportation, en allouant les excédents et les réserves à ceux qui en ont besoin, et en s'attaquant à la hausse des prix alimentaires pour calmer la volatilité des marchés », a ajouté António Guterres.

La dégradation des perspectives de croissance concerne les plus grandes économies du monde - les États-Unis, la Chine et l'Union européenne - ainsi que la majorité des autres économies développées et en développement.

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La hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires affecte particulièrement les économies en développement qui importent des produits de base, et les perspectives sont aggravées par l'insécurité alimentaire croissante, notamment en Afrique. 

Choc énergétique en Europe

Le rapport du WESP, publié par le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (ONU DESA), examine comment les effets de la guerre en Ukraine se répercutent sur différentes régions.

L'invasion de la Russie, qui a commencé le 24 février et provoqué des pertes tragiques en vies humaines et une crise avec plus de six millions de réfugiés à elle seule, a également fait payer un lourd tribut aux économies des deux pays. 

Les économies voisines d'Asie centrale et d'Europe, y compris l'Union européenne (UE), sont également touchées.

La hausse des prix de l'énergie a constitué un choc pour l'UE, qui a importé près de 57,5 % de sa consommation totale d'énergie en 2020. Selon les prévisions, la croissance économique ne devrait être que de 2,7 %, au lieu des 3,9 % prévus en janvier.

Près d'un quart de la consommation énergétique de l'Europe en 2020 provenait du pétrole et du gaz naturel importés de Russie, et un arrêt soudain des flux est susceptible d'entraîner une hausse des prix de l'énergie et des pressions inflationnistes.

Les États membres de l'UE d'Europe de l'Est et de la région balte sont gravement touchés car ils connaissent déjà des taux d'inflation bien supérieurs à la moyenne de l'UE, indique le rapport.

Les malheurs de l'inflation

Dans les pays en développement et les pays les moins avancés (PMA) du monde, l'inflation élevée réduit le revenu réel des ménages.  

C'est particulièrement le cas dans les pays en développement, où la pauvreté est plus répandue et la croissance des salaires reste limitée, tandis que le soutien budgétaire destiné à atténuer l'impact de la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires est limité. 

La hausse des coûts de l'alimentation et de l'énergie a également des répercussions sur le reste de l'économie, ce qui constitue un défi pour une reprise post-pandémique inclusive, car les ménages à faible revenu sont touchés de manière disproportionnée.

En outre, le « resserrement monétaire » opéré par la Réserve fédérale des États-Unis, l'autorité bancaire centrale du pays, devrait également entraîner une hausse des coûts d'emprunt et aggraver les déficits de financement dans les pays en développement, notamment les PMA.

« Les pays en développement devront se préparer à l'impact du resserrement monétaire agressif de la FED et mettre en place des mesures macro prudentielles appropriées pour endiguer les sorties soudaines de capitaux et stimuler les investissements productifs », a déclaré Hamid Rashid, Chef du service de suivi de l'économie mondiale d’ONU DESA et principal auteur du rapport.  

Les actions en faveur du climat remises en question 

La guerre se déroule également à un moment où les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) atteignent un niveau record. 

Aussi, la hausse des prix de l'énergie aura également un impact sur les efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique.  Les pays cherchant à accroître leur approvisionnement en énergie dans un contexte de prix élevés du pétrole et du gaz, le rapport prévoit que la production de combustibles fossiles devrait augmenter à court terme. 

Parallèlement, les prix élevés du nickel et d'autres métaux pourraient nuire à la production de véhicules électriques, tandis que la hausse des prix des denrées alimentaires pourrait limiter l'utilisation des biocarburants. 

« Toutefois, les pays peuvent également répondre à leurs préoccupations en matière de sécurité énergétique et alimentation - mises en évidence par la crise - en accélérant l'adoption des énergies renouvelables et en augmentant les rendements, renforçant ainsi la lutte contre le changement climatique », a déclaré Shantanu Mukherjee, Directeur des politiques et analyses économiques d’ONU DESA.