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Ukraine : le chef de l’ONU « heureux » de faire état « d’un certain succès » dans l'évacuation de civils de Marioupol

Des civils de Marioupol évacués de l'aciérie Azovstal lors d'une opération de l'ONU et du CICR.
© UNOCHA/Kateryna Klochko
Des civils de Marioupol évacués de l'aciérie Azovstal lors d'une opération de l'ONU et du CICR.

Ukraine : le chef de l’ONU « heureux » de faire état « d’un certain succès » dans l'évacuation de civils de Marioupol

Aide humanitaire

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est déclaré jeudi « heureux de faire état d'un certain succès » dans l’opération des Nations Unies et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour évacuer les civils piégés dans l'aciérie Azovstal à Marioupol, dans le sud de l’Ukraine.

« Ensemble, les Nations Unies et le CICR mènent une opération humanitaire d'une grande complexité, tant sur le plan politique qu'en termes de sécurité », a-t-il rappelé devant les membres du Conseil de sécurité, présidé ce mois-ci par les Etats-Unis.

Jusqu'à présent, deux convois de passage sécurisé ont été achevés avec succès. Lors de la première opétation, conclue le 3 mai, 101 civils ont été évacués de l'usine d'Azovstal ainsi que 59 autres d'une zone voisine. Lors de la deuxième opération, achevée la nuit dernière, plus de 320 civils ont été évacués de la ville de Marioupol et des environs. Une troisième opération est en cours, a-t-il précisé.

« Les évacués ont partagé des histoires émouvantes avec le personnel de l'ONU. Des mères, des enfants et des grands-parents fragiles ont parlé de leur traumatisme. Certains avaient un besoin urgent de soins médicaux », a souligné le Secrétaire général lors de cette réunion du Conseil de sécurité. « Nous devons continuer à faire tout notre possible pour sortir les gens de ces enfers ».

La guerre en Ukraine a déclenché une crise de sécurité alimentaire dans le monde

Des violations qui continuent d’allonger

La cheffe des droits de l’homme des Nations Unies, Michelle Bachelet, a expliqué de son côté, dans un exposé par visioconférence, que la liste des violations flagrantes du droit international des droits de l'homme et du droit international humanitaire continuait « de s'allonger chaque jour ». « Nous ne pouvons pas laisser le nombre de victimes continuer à augmenter », a-t-elle dit.

Elle a précisé que son bureau en Ukraine avait enregistré 6.731 victimes civiles depuis le début de l'attaque par l’armée russe le 24 février, mais que les chiffres réels sont considérablement plus élevés. La plupart de ces victimes ont été causées par l'utilisation d'armes explosives à large rayon d'action dans des zones peuplées, telles que des tirs d'artillerie lourde, y compris des lance-roquettes multiples, des missiles et des frappes aériennes.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) documente également les conséquences dévastatrices du conflit sur d'autres droits humains.

Mme Bachelet a fait état d’hommes arrêtés, battus, exécutés sommairement et, dans certains cas, emmenés au Bélarus et en Russie, à l'insu de leurs familles, et détenus dans des centres de détention provisoire.

Elle a expliqué que son personnel avait rencontré des familles qui recherchent leurs parents masculins disparus, désespérées de savoir où ils se trouvent, s'ils sont vivants et comment elles peuvent les récupérer.

« Dans d'autres zones contrôlées par les forces armées russes et les groupes armés affiliés, telles que les régions de Kharkiv, Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson, nous continuons de documenter des détentions arbitraires et d'éventuelles disparitions forcées de représentants des autorités locales, de journalistes, de militants de la société civile, de militaires à la retraite et d'autres civils par les forces armées russes et les groupes armés affiliés », a indiqué la cheffe des droits de l’homme.

« Mes collaborateurs ont entendu parler de cas de femmes violées par les forces armées russes dans des zones sous leur contrôle, ainsi que d'autres allégations de violences sexuelles commises par les deux parties au conflit », a-t-elle ajouté. « De sombres preuves de torture, de mauvais traitements et d'exécutions sommaires de prisonniers de guerre commis par les deux parties au conflit font surface ».

Mme Bachelet a rappelé que la promotion de la reddition des comptes est la pierre angulaire du travail de son bureau.

« Si les auteurs de violations contre des civils et des personnes hors de combat sont traduits en justice, les auteurs potentiels réfléchiront à deux fois avant de déclencher des attaques illégales ou des actes de violence similaires et de faire de nouvelles victimes », a-t-elle dit.

« La reddition des comptes contribue également au processus de guérison des victimes, de leurs familles et de la société dans son ensemble », a-t-elle ajouté.

Selon elle, les systèmes judiciaires nationaux sont les plus cruciaux. Elle a exhorté les parties au conflit à enquêter sur toutes les violations du droit international des droits de l'homme et du droit international humanitaire qui auraient été commises par leurs forces armées. Elle a salué les efforts de l'Ukraine à cet égard.

« Mon Bureau s'engage pleinement à soutenir ces systèmes et les travaux de la Commission d'enquête sur l'Ukraine et à coopérer avec le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale et d'autres mécanismes de justice internationale », a-t-elle ajouté.

Des personnes déplacées dans un centre d'accueil à Zaporijjia, en Ukraine.
© UNICEF/Kate Klochko
Des personnes déplacées dans un centre d'accueil à Zaporijjia, en Ukraine.

Une assistance apportée à des millions de personnes

Le chef de l’humanitaire de l’ONU, Martin Griffiths, a de son côté fait le point sur l’assistance apportée par les Nations Unies, notamment par les 1.400 employés déployés sur le terrain.

Plus de 4,1 millions de personnes ont reçu une forme d'assistance dans les 24 oblasts de l’Ukraine, a-t-il précisé, notant que l’ONU et ses partenaires fournissent « une énorme quantité de services d'assistance et de protection aux personnes déplacées ».

M. Griffiths a souligné que les opérations d’assistance consistaient également à prépositionner des fournitures dans des bases d'opérations avancées et « à accroître notre préparation dans les zones où nous pensons que la guerre pourrait se déplacer ensuite ».

Les agences humanitaires sont également en contact avec les belligérants pour permettre l’acheminement de l’aide aux civils dans les zones de conflit actif, ou pour aider les civils à partir vers des zones plus sûres.

« Nous continuons d'explorer toutes les options pour atteindre davantage de personnes dans les endroits où les besoins sont les plus grands, dans d'autres parties de l'Ukraine où les civils sont si profondément touchés par les combats », a-t-il dit.

Quelque 3,2 millions de personnes ne mangent pas à leur faim dans le nord-est du Nigeria.
UNOCHA/Damilola Onafuwa
Quelque 3,2 millions de personnes ne mangent pas à leur faim dans le nord-est du Nigeria.

L’impact de la guerre sur la sécurité alimentaire mondiale

Le Secrétaire général de l’ONU a déclaré que les Nations Unies continueraient « d'intensifier les opérations humanitaires, de sauver des vies et de réduire les souffrances ».

M. Guterres a également rappelé que lors de ses rencontres avec les Présidents russe et ukrainien la semaine dernière, les discussions avaient aussi porté sur la question cruciale de la sécurité alimentaire mondiale.

« En effet, les implications mondiales de cette guerre étaient pleinement visibles lors de mes voyages ultérieurs en Afrique de l'Ouest », a-t-il dit devant le Conseil de sécurité, quelques heures après son retour à New York d’une tournée en Afrique de l’Ouest. « Au Sénégal, au Niger et au Nigéria, j'ai entendu des témoignages directs de dirigeants et de la société civile sur la façon dont la guerre déclenche une crise de sécurité alimentaire », a-t-il déclaré.

« Nous avons besoin d'une action rapide et décisive pour assurer un flux régulier de denrées alimentaires et d'énergie sur des marchés ouverts, en levant les restrictions à l'exportation, en allouant les excédents et les réserves à ceux qui en ont besoin et en s'attaquant aux augmentations des prix des denrées alimentaires pour calmer la volatilité des marchés », a souligné M. Guterres.

« Mais soyons clairs : une solution significative à l'insécurité alimentaire mondiale nécessite la réintégration de la production agricole de l'Ukraine et de la production d'aliments et d'engrais de la Russie et du Bélarus dans les marchés mondiaux, malgré la guerre », a-t-il ajouté. « Je ferai de mon mieux pour aider à faciliter un dialogue pour aider à faire de cela une réalité ».