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Les membres d'une communauté aident à préserver une forêt au Viet Nam.

Les forêts peuvent aider à sortir des multiples crises que le monde traverse, selon la FAO

ADB/Lester Ledesma
Les membres d'une communauté aident à préserver une forêt au Viet Nam.

Les forêts peuvent aider à sortir des multiples crises que le monde traverse, selon la FAO

Développement durable (ODD)

Les multiples crises auxquelles le monde est confronté (Covid-19, conflits, crise climatique et perte de biodiversité) font subir des effets dont on peut se relever avec l’aide des forêts, mais cela passe par une intensification des mesures requises pour déverrouiller leur potentiel, estime la FAO dans un nouveau rapport publié lundi.

Dans l’édition 2022 de La Situation des forêts du monde, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) définit trois solutions forestières : mettre fin à la déforestation et restaurer les terres dégradées; développer l’agroforesterie; utiliser les forêts sur un mode durable et créer des chaînes de valeur respectueuses de l’environnement.

« La poursuite équilibrée et simultanée de ces objectifs touchant les forêts peut aider à endiguer les crises auxquelles l’humanité et la planète sont confrontées, tout en engendrant des atouts économiques durables, en particulier dans les communautés rurales (souvent isolées) », résume le Directeur général de la FAO, Qu Dongyu dans son avant-propos à ce rapport, présenté à l’occasion du XVe Congrès forestier mondial qui se tient à Séoul.

Les solutions sont proposées « en retenant l’idée que l’interdépendance des crises planétaires est porteuse de vastes implications économiques, sociales et environnementales qui n’admettent de solutions que si on les aborde dans leur totalité », ajoute M. Qu.

Pas d’économie saine sans une planète en bonne santé

L’argumentaire développé dans le rapport est le suivant :

1. L’arrêt de la déforestation et l’entretien des forêts permettraient d’éviter l’émission de 3,6 +/- 2 gigatonnes d’équivalent dioxyde de carbone par an entre 2020 et 2050, dont environ 14% de ce qui est nécessaire jusqu’en 2030 pour maintenir le réchauffement planétaire en dessous de 1,5 °C, tout en sauvegardant plus de la moitié de la biodiversité terrestre.

2. La restauration des terres dégradées et l’expansion de l’agroforesterie – 1,5 milliard d’hectares de terres dégradées appellent une restauration, et l’augmentation du couvert arboré pourrait relancer la productivité agricole sur un milliard d’hectares supplémentaires. La restauration des terres dégradées par le boisement et le reboisement pourrait à bon compte retirer de l’atmosphère 1,5 gigatonnes d’équivalent dioxyde de carbone entre 2020 et 2050, ce qui reviendrait à retirer de la circulation 325 millions de voitures particulières à essence tous les ans.

3. L’utilisation durable des forêts et la création de chaînes de valeur respectueuses de l’environnement aideraient à répondre à la demande future de matières, sachant que la consommation mondiale de toutes les ressources naturelles est appelée à faire plus que doubler, en passant de 92 milliards de tonnes en 2017 à 190 milliards de tonnes en 2060; elles permettraient aussi de soutenir la durabilité des économies avec de meilleures perspectives d’emplois et des moyens de subsistance mieux assurés.

Les sociétés pourraient faire un meilleur usage des forêts et des arbres en vue de préserver la biodiversité, de mieux assurer le bien-être humain et de dégager des revenus, en particulier chez les populations rurales affirme le rapport, en ajoutant qu’il « ne saurait y avoir d’économie saine sans une planète en bonne santé ».

Cependant, les investissements actuels dans les forêts se situent très en deçà des besoins. Selon une estimation, la somme des financements des solutions forestières doit être triplée d’ici à 2030, et multiplié par quatre d’ici à 2050, pour que le monde atteigne les objectifs de neutralité en matière de climat, de biodiversité et de dégradation des terres, sachant que les besoins de financement pour la seule création de forêts et leur gestion sont estimés à 203 milliards de dollars par an d’ici à 2050.