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Après sept semaines de guerre en Ukraine, 12 millions de personnes sont déplacées

Une famille évacuée d'Irpin, dans la banlieue de Kyïv, en Ukraine.
© UNICEF/Julia Kochetova
Une famille évacuée d'Irpin, dans la banlieue de Kyïv, en Ukraine.

Après sept semaines de guerre en Ukraine, 12 millions de personnes sont déplacées

Migrants et réfugiés

Plus de sept semaines après le début de l’invasion russe en Ukraine, près de 5 millions de personnes ont fui à l’étranger et plus de 7 millions d’autres sont déplacées à l’intérieur du pays, ont souligné mardi deux hauts responsables onusiens devant le Conseil de sécurité.

« Alors que l'ampleur et la vitesse des déplacements sont immenses, nous ne devons pas perdre de vue ce que signifient ces chiffres. Nos équipes sur le terrain continuent d'être confrontées aux mêmes scènes et histoires. Des femmes, des enfants et des personnes âgées ont quitté leur maison, leur vie, leurs fils, leurs pères et leurs maris », a dit Ketty Clemens, Haute-Commissaire adjointe des Nations Unies pour les réfugiés, devant les membres du Conseil.

« Même si la couverture médiatique s'est déplacée vers d'autres aspects du conflit, les gens continuent de fuir, désespérés et effrayés », a-t-elle ajouté.

Mme Clemens a rappelé qu’en Ukraine, la grande majorité des personnes en déplacement sont des femmes et des enfants, et « les risques de violence sexiste, de traite, d'exploitation et d'abus sexuels sont élevés ».

Efforts pour prévenir la traite des personnes

Le HCR s’efforce « de prévenir, d’atténuer et de répondre à ces risques de traite », a-t-elle dit. « En plus des programmes renforcés contre la violence sexiste, nous avons déployé des coordonnateurs experts en prévention de l'exploitation et des abus sexuels pour soutenir la réponse des gouvernements ».

« Nous travaillons également en partenariat avec l'UNICEF sur des espaces sûrs appelés "points bleus" aux principaux points de passage frontaliers, dans les centres de transit et d'accueil pour fournir des informations et une aide spécialisée aux mères, adolescents, enfants et autres réfugiés vulnérables », a-t-elle ajouté.

Le Directeur général de l’Agence des Nations Unies pour les migrations (OIM), Antonio Vitorino, a aussi souligné devant le Conseil de sécurité que son agence restait particulièrement préoccupée par la situation des femmes et des enfants qui ont fui l'Ukraine ou qui sont déplacés à l'intérieur du pays.

« La traite des personnes était un phénomène connu dans la région et, comme on a pu l’observer lors de crises passées, les déplacements à grande échelle, la séparation des familles et la perturbation des réseaux communautaires et de protection civile rendent les populations vulnérables à la violence, à l'exploitation et aux abus », a-t-il dit.

Des violences sexistes, y compris des violences sexuelles liées aux conflits, ont également été signalées, a-t-il souligné, notant que ces risques sont particulièrement aigus pour les femmes et les enfants en déplacement.

Selon lui, l'accès aux services peut sauver la vie des survivantes et doit être élargi. En Ukraine, l'OIM a réhabilité un établissement médical pour fournir des services de santé essentiels, notamment des soins psychologiques.

Risque pour les enfants non accompagnés et séparés

Le chef de l’OIM a noté que les enfants non accompagnés ou séparés sont exposés à un risque accru de violence, d'abus et d'exploitation. « Les mesures de protection doivent être renforcées. J'exhorte tous les pays voisins et touchés à assurer l'identification et l'enregistrement immédiats des enfants non accompagnés et séparés ayant fui l'Ukraine », a-t-il dit.

Outre la situation spécifique des femmes et des enfants, l’OIM rappelle que dans les situations de déplacement massif, on peut s'attendre à ce que jusqu'à 30% de la population subisse une forme d'impact psychologique négatif.

« A mesure que la guerre se poursuivra, les besoins psychosociaux augmenteront sans aucun doute », a expliqué M. Vittorino.

Le chef de l’OIM a précisé que son agence intensifiait ses efforts pour y faire face en Ukraine et dans les pays voisins par le biais d'activités allant de la formation d’intervenants aux premiers secours psychologiques à l'augmentation de la capacité des lignes d'assistance téléphoniques qui fournissent un soutien psychosocial.

M. Vittorino s’est par ailleurs dit alarmé par les informations faisant état de discrimination, de violence et de xénophobie à l'encontre de ressortissants de pays tiers fuyant l'Ukraine.

« La discrimination fondée sur la race, l'origine ethnique, la nationalité ou le statut migratoire n'est pas acceptable. J'appelle tous les États à veiller à ce qu’une protection et une assistance immédiate soient fournies de manière non discriminatoire », a-t-il dit.

L'OIM a mis en place des lignes téléphoniques d'information et de soutien pour les populations touchées en Ukraine, en Pologne, en Roumanie, en Lituanie et en Slovaquie, et a mis en place un mécanisme d'orientation pour faciliter le contact entre les ressortissants de pays tiers et les consulats concernés, et pour garantir notamment un appui sûr, digne, et non discriminatoire et une assistance appropriée en matière médicale et d'évacuation.

Mme Clemens a, de son côté, rappelé que les Ukrainiens ne sont pas les seuls à fuir des violences, citant d’autres pays comme le Yémen, le Myanmar, l’Ethiopie, la Syrie, le Venezuela et la République démocratique du Congo.

« Nous demandons à ce Conseil de continuer, alors même que nous nous concentrons aujourd'hui sur l'Ukraine, de tenir compte des besoins de tous les réfugiés à travers le monde. Tous ceux qui sont déracinés de chez eux ont besoin de la même solidarité, de la même compassion, de la même protection », a-t-elle déclaré.