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Colombie : des défis demeurent pour consolider la paix, prévient l’envoyé de l’ONU

Des anciens combattants des FARC participent à projet de déminage en Colombie.
© UNMVC/Héctor Latorre
Des anciens combattants des FARC participent à projet de déminage en Colombie.

Colombie : des défis demeurent pour consolider la paix, prévient l’envoyé de l’ONU

Paix et sécurité

La Colombie montre que même un conflit armé long de plus de cinq décennies, avec un bilan de millions de victimes, peut être résolu par le dialogue, a déclaré mardi l’envoyé de l’ONU dans ce pays devant le Conseil de sécurité.

La mise en oeuvre de l’accord de paix progresse et est le fruit de la persévérance de l’État colombien et des anciens rebelles des FARC-EP, mais aussi du soutien déterminé de la société civile, des victimes et des communautés de toutes les régions, a expliqué Carlos Ruiz Massieu, Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie.

Toutefois, des défis demeurent pour consolider la paix, à commencer par la violence croissante dans certaines régions, a-t-il reconnu.

Des élections sans violence

Pour la deuxième fois depuis la signature de l’accord mettant fin au conflit, des élections ont pu être organisées sans violence, en partie grâce au dépôt réussi de milliers d’armes des ex-FARC-EP.

Les récentes élections ont également vu une augmentation du nombre de femmes candidates et élues au Congrès, malgré la persistance de violences fondées sur le genre, s’est-il félicité.

En dépit des défis, notamment sécuritaires, les anciens membres des FARC-EP et les membres du parti Comunes ont pu faire campagne et voter pour la deuxième fois depuis la signature de l’Accord, a poursuivi le Représentant spécial, assurant que la grande majorité des plus de 13.000 anciens combattants accrédités restent engagés dans le processus de paix.

De plus, près des deux tiers d’entre eux prennent maintenant part à des initiatives collectives et individuelles génératrices de revenus, ce qui est crucial pour le succès à long terme de leur réintégration.

Pour M. Massieu, la pérennité du processus reste cependant conditionnée aux efforts visant à mettre fin à la violence qui continue de menacer les anciens combattants désireux de se construire une nouvelle vie.

Faisant état d’une récente visite dans l’Arauca, région encore sujette à la violence, il a dit avoir informé les autorités de la situation critique des populations et appelé les groupes armés à respecter le droit international humanitaire. Dans le département de Putumayo, a-t-il ajouté, la violence fait payer un lourd tribut aux communautés autochtones et afrocolombiennes sous la forme de meurtres, de déplacements et de recrutement de mineurs.

S’attaquer aux facteurs qui sous-tendent la dynamique de violence

L’Accord a été conçu pour non seulement mettre fin au conflit avec les FARC-EP, mais aussi pour s’attaquer aux facteurs profondément enracinés qui continuent de sous-tendre cette dynamique de violence, a rappelé M. Massieu.

De fait, si elles sont mises en œuvre de manière coordonnée, les garanties de sécurité énoncées dans l’Accord ont le potentiel de stimuler des domaines clefs tels que la réintégration, la participation politique et la justice transitionnelle, tout en faisant avancer l’application de la réforme agraire et la lutte contre les drogues illicites, a-t-il soutenu.

M. Massieu a mis en exergue un projet pilote mené avec l’appui des Nations Unies pour améliorer les capacités des anciens combattants à localiser les champs de mines. Il s’est par ailleurs réjoui qu’après des années de travail, la Commission Vérité publie en juin prochain son rapport final, rédigé à partir des témoignages de milliers de victimes et de tous les acteurs du conflit.

Le Représentant spécial a également souligné le caractère historique des premières auditions de reconnaissance de responsabilité qui seront effectuées par la Juridiction spéciale pour la paix dans les prochaines semaines.

Dans ce cadre, les anciens commandants des FARC-EP, les membres de la force publique et les tiers auront un espace pour démontrer leur attachement à la vérité et aux droits des victimes, qui sont « la raison d’être du système global de vérité, de justice et de non-répétition », a dit M. Massieu.