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Guerre en Ukraine : détérioration de la sécurité alimentaire dans les régions touchées par le conflit

Des femmes reçoivent une aide du Programme alimentaire mondial dans un des Oblast en Ukraine. (archives)
© PAM/Tatiana Stoliarenko
Des femmes reçoivent une aide du Programme alimentaire mondial dans un des Oblast en Ukraine. (archives)

Guerre en Ukraine : détérioration de la sécurité alimentaire dans les régions touchées par le conflit

Aide humanitaire

Une agence des Nations Unies s’est alarmée mardi de la détérioration de l’insécurité alimentaire en Ukraine, notamment dans les zones touchées par le conflit.

Les résultats préliminaires du système de surveillance de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) montrent « une tendance à la détérioration de la sécurité alimentaire », en particulier dans les oblasts où se déroulent des combats actifs et ceux qui comptent le plus grand nombre de personnes déplacées internes.

Dans les régions qui accueillent des populations importantes de déplacés internes (jusqu’à 15% de leur population totale), 20% des ménages hôtes manquent de liquidités pour satisfaire leurs besoins alimentaires de base et couvrir leurs factures.

En moyenne, 80% d’entre eux ont recours à divers mécanismes de survie et s’endettent, selon l’agence onusienne basée à Rome. Quelque 27% des oblasts où se déroulent des opérations militaires et ceux qui comptent le plus grand nombre de personnes déplacées sont confrontés à des problèmes immédiats d’insécurité alimentaire.

Dans le même temps, 11% (partiellement exposées aux combats) s’attendent à des pénuries dans les deux mois et 22 % s’attendent à des pénuries alimentaires au cours de la seconde moitié de 2022. « Les évaluations rapides des besoins effectuées par la FAO à différents niveaux indiquent une tendance qui s’aggrave déjà », a souligné la FAO dans son dernier rapport de situation.

Malgré une bonne récolte en 2021, la poursuite de la guerre menace les stocks

Cette alerte de l’agence onusienne intervient alors que l’Ukraine a eu pourtant « une bonne récolte en 2021 ». Par conséquent, certains ménages ruraux sont susceptibles d’avoir « des niveaux de stocks alimentaires et/ou de ressources financières supérieurs à la moyenne ». Selon la FAO ; cela constituera « un certain tampon lorsque les moyens de subsistance et les revenus seront perturbés par le conflit ».

« Cependant, si la guerre se poursuit et s’étend, la pression augmentera jusqu’à ce que la nourriture de la prochaine récolte soit disponible en été, en supposant que les plantations puissent avoir lieu », précise la FAO.  Pour les familles rurales qui n’ont pas de stocks ou d’autres ressources, qui possèdent de petites propriétés foncières ou qui n’ont pas de soutien financier principal, y compris de nombreuses personnes handicapées, veuves ou âgées, la situation sera beaucoup plus précaire.

Par ailleurs, la FAO est particulièrement préoccupée par la perturbation des récoltes d’hiver et des semis de printemps. Elle s’est inquiétée également de la disponibilité de la main-d’œuvre agricole, affectée par les déplacements.

L’ONU espère apporter de l’aide alimentaire à 6 millions de personnes d’ici à juin

L’autre défi porte sur l’accès aux intrants agricoles et leur disponibilité, en particulier le carburant, mais aussi la perturbation de la logistique et de l’approvisionnement en denrées alimentaires. L’inquiétude porte également sur « l’abandon et la réduction de l’accès aux terres agricoles, par les dommages causés aux cultures par les activités militaires, en particulier pendant les phases végétatives du printemps, et par la destruction des actifs et des infrastructures du système alimentaire ».

Face à ces prévisions alarmantes, la FAO fournit des paquets de semences de pommes de terre ou de légumes à près de 71.000 personnes. Il s’agit de livrer près de 15.000 paquets de production de légumes à 44.000  personnes dans les oblasts de l’est, notamment Dnipropetrovsk, Donetsk et Zaporizka. La FAO distribuera plus de 860 tonnes de semences de pommes de terre à plus de 51.000 personnes à Donetsk, Dnipropetrovsk et Zaporizka, ainsi qu’à Ivano-Frankivsk, Poltava et Ternopil (centre-ouest) et Odessa (sud).

Plus globalement, l’ONU et ses partenaires humanitaires ont plus que doublé le nombre des personnes qui ont bénéficié de leur aide entre le 24 mars et le 7 avril dernier. L’aide est passée de 890.000 à 2,1 millions de personnes, dont 2 millions ayant reçu une aide alimentaire et plus de 956.000, un soutien à la santé. Le PAM, qui a aidé jusqu’à présent 1,1 million de personnes par des distributions en nature et en espèces, prévoit d’atteindre 2,3 millions de personnes d’ici la fin avril, 4 millions supplémentaires en mai et jusqu’à 6 millions en juin.