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Un monument à la mémoire du génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda est dévoilé aux Nations Unies à Genève. (photo d'archives)

Génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda : une génération après, l'ONU appelle à faire prévaloir l’humanité sur la haine

Photo ONU/Violaine Mart
Un monument à la mémoire du génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda est dévoilé aux Nations Unies à Genève. (photo d'archives)

Génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda : une génération après, l'ONU appelle à faire prévaloir l’humanité sur la haine

Paix et sécurité

Les Nations Unies ont rendu hommage jeudi au million de personnes qui ont été assassinées en 100 jours, lors du génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda, au cours duquel des Hutus modérés, des Twa et d'autres personnes qui s'opposaient au génocide ont été tuées.

« Nous honorons leur mémoire. Nous sommes saisis d’admiration devant la résilience de celles et ceux qui ont survécu. Et nous réfléchissons aux manquements dont nous avons été responsables en tant que communauté internationale », a déclaré le Secrétaire général dans son message à l’occasion de la Journée internationale de réflexion sur le génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda.

Faire prévaloir l’humanité sur la haine 

António Guterres a affirmé que le génocide a été commis « délibérément, systématiquement et au vu et au su de tous ».

Le chef de l’ONU a rappelé que même si « aucune personne au fait de l’actualité » ne pouvait ignorer « l’horreur des violences » perpétrées au Rwanda, elles furent « trop peu à s’indigner et plus rares encore à tenter d’intervenir ».

« Il était possible de faire beaucoup plus et cela aurait dû être fait. Une génération après les faits, la honte demeure », a -t-il affirmé.

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M. Guterres a souligné que « nous avons toujours le choix …de faire prévaloir l’humanité sur la haine ; la compassion sur la cruauté ; le courage sur l’apathie ; et la réconciliation sur la rage ».

Nous ne pouvons plus rester passifs face à des atrocités criminelles 

Le Secrétaire général a rappelé que le principe de la responsabilité de protéger « implique que nous ne pouvons plus rester passifs face à des atrocités criminelles ».

Il a souligné que sa Conseillère spéciale pour la prévention du génocide « suit de près l’évolution de la situation dans le monde entier afin de détecter les risques de génocide et d’autres atrocités criminelles » et qu’il a fait du programme de prévention « un axe central de notre travail ».

Selon lui la justice pénale internationale « toute imparfaite qu’elle soit » montre que les auteurs de crimes aujourd’hui ne peuvent plus compter sur l’impunité.

Il a loué « le travail remarquable » du Tribunal pénal international pour le Rwanda, le premier tribunal de l’histoire à avoir condamné un individu pour génocide qui a « grandement contribué à ce changement » et « démontré que la justice était indispensable à une paix durable ».

L’esprit humain peut guérir des blessures les plus profondes

« Aujourd’hui, le Rwanda est la preuve que l’esprit humain peut guérir des blessures les plus profondes et qu’une société plus résiliente peut émerger des tragédies les plus sombres », a déclaré le Secrétaire général.

Il a ainsi souligné qu’ « après avoir subi des violences de genre indicibles » les femmes rwandaises occupent aujourd’hui 60% des sièges au Parlement et que le Rwanda figure au quatrième rang des pays contributeurs de troupes et du personnel aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies,  « risquant la vie de ses propres soldats pour épargner aux autres la douleur qu’il a lui-même connue ».

Des épreuves nous attendent encore

Le génocide commis contre les Tutsis a soulevé des questions qui touchent l’humanité entière – des questions fondamentales concernant le rôle du Conseil de sécurité, l’efficacité du maintien de la paix, la nécessité de mettre fin à l’impunité pour les crimes internationaux et de s’attaquer aux racines de la violence, et la fragilité de la civilité.

« Des épreuves nous attendent encore », a-t-il affirmé évoquant l’Ukraine qui « est à feu et à sang » ainsi que les conflits « anciens et nouveaux » qui s’enveniment au Moyen-Orient, en Afrique et ailleurs.

M. Guterres a déploré la discorde qui est « trop souvent la norme au Conseil de sécurité » et qui « contribue à donner aux agents étatiques et non étatiques l’impression d’un climat d’impunité ».

« Les guerres font rage, les inégalités se creusent, la pauvreté s’accroît – autant de facteurs propices au ressentiment, à l’anxiété et à la colère », a-t-il soutenu, déplorant que « dans le même temps, on assiste à la prolifération en ligne et hors ligne des discours de haine, notamment de la désinformation déshumanisante, des stéréotypes racistes, du négationnisme et du révisionnisme ».

Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994

Construire un avenir de tolérance, marqué par le respect de la dignité et des droits humains

Le Secrétaire général a appelé à reconnaître les dangers de l’intolérance, de l’irrationalité et du sectarisme dans chaque société.

« Alors que nous regardons le passé avec remords, regardons l’avenir avec détermination », a dit M. Guterres incitant à faire preuve d’une « vigilance de tous les instants et à ne jamais oublier ».

Le chef de l’ONU a lancé une invitation à construire « un avenir empreint de tolérance et marqué par le respect de la dignité et des droits humains de chacun et chacune » afin de rendre « un véritable hommage aux Rwandais et Rwandaises qui ont péri ».