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Un immeuble d'habitation fortement endommagé pendant l'escalade du conflit en Ukraine.

Ukraine : des images de Boutcha suggèrent des civils délibérément visés, selon l’ONU

© UNICEF/Anton Skyba for The Globe and Mail
Un immeuble d'habitation fortement endommagé pendant l'escalade du conflit en Ukraine.

Ukraine : des images de Boutcha suggèrent des civils délibérément visés, selon l’ONU

Paix et sécurité

Tous les signes et images en provenance de Boutcha, ville ukrainienne proche de Kyïv où ont été découvert des cadavres après le retrait de troupes russes, semblent suggérer que « des civils ont été délibérément visés et tués, a annoncé mardi le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH).

« Tous les signes pointent vers le fait que les victimes ont été ciblées délibérément et tuées directement », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, la porte-parole du HCDH, Liz Throssell. Selon les services de la Haute-Commissaire Michelle Bachelet, ces images et ces preuves en provenance de Boutcha sont « extrêmement inquiétantes ».

« Ce dont nous parlons ici semble être le meurtre direct et le ciblage de civils à Boutcha », a détaillé la porte-parole du Bureau des droits de l’homme. Elle a ainsi cité « des photos de personnes aux mains liées et de femmes partiellement nues dont les corps ont été brûlés ».

Si on peut comprendre qu'un immeuble par exemple soit frappé dans un contexte militaire, il est difficile d'imaginer quel serait le contexte militaire d'un individu couché dans la rue avec une balle dans la tête ou d'avoir leur corps brûlé

Alors qu’ils continuent d’analyser les vidéos et autres documents reçus, les services de la Haut-Commissaire Bachelet rappellent que le droit humanitaire international interdit de s’attaquer délibérément aux civils, « ce qui équivaut à un crime de guerre ».

Des images montrant des corps avec les mains attachées ou brûlées

Toutefois pour étayer que ces faits équivalent à des crimes de guerre, « il faut enquêter », a insisté Mme Throssell.

« Lors d’incidents spécifiques, l’analyse médico-légale, la surveillance et la collecte d’informations sont nécessaires pour déterminer qui a fait quoi », a fait valoir la porte-parole, relevant que la reddition des comptes prend souvent « du temps ».

La ville de Boutcha, une petite ville située à environ 30 km au nord-ouest de Kyïv, a été occupée par les forces russes pendant le siège de la capitale, qui a duré plusieurs semaines. Les images de cadavres jonchant des rues se sont répandues après le retrait des troupes russes et le redéploiement dans l’est de l’Ukraine.

En attendant, ces images montrant des corps avec les mains attachées ou brûlées pourraient indiquer que les assaillants visaient délibérément ces civils, ce qui pourrait accroître la gravité des violations si cela est confirmé.

« Mais si on peut comprendre qu’un immeuble par exemple soit frappé dans un contexte militaire, il est difficile d’imaginer quel serait le contexte militaire d’un individu couché dans la rue avec une balle dans la tête ou d’avoir leur corps brûlé », a-t-elle fait remarquer.

Mme Throssell a toutefois précisé que le Haut-Commissariat n’avait pour l’instant personne sur place dans cette ville proche de Kyïv même si l’ONU dispose d’une Mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine.

« Nous essayons d’avoir accès, nous n’avons pas d’informations directes, mais ce que nous avons vu est alarmant », a détaillé Mme Throssell.

Distribution de pain dans une station de métro à Kharkiv, en Ukraine.
© WFP
Distribution de pain dans une station de métro à Kharkiv, en Ukraine.

Plus de 11 millions de personnes contraintes de fuir la guerre

Sur le plan humanitaire, plus de 11 millions de personnes, dont plus de 7,1 millions de déplacés internes ont dû quitter leur foyer soit en traversant la frontière pour trouver refuge dans les pays limitrophes, soit en trouvant refuge ailleurs en Ukraine. Il s’agit du plus d’un quart de la population.

Selon les dernières données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le nombre de déplacés internes en Ukraine a franchi la barre des sept millions. Ce chiffre est en augmentation de 10% par rapport à la précédente évaluation le 16 mars. Il s’agit exactement de 7,1 millions de personnes déplacées à l’intérieur de l’Ukraine.

« Les gens continuent de fuir leurs maisons à cause de la guerre, et les besoins humanitaires sur le terrain continuent d’augmenter », a affirmé dans un communiqué le Directeur général de l’OIM, António Vitorino, relevant que des « couloirs humanitaires sont urgemment requis pour garantir l’évacuation sûre des civils et le transport et la distribution » de l’aide.

Des familles atteignent Berdyszcze en Pologne, après avoir traversé la frontière de l'Ukraine, fuyant l'escalade du conflit.
© UNICEF/Tom Remp
Des familles atteignent Berdyszcze en Pologne, après avoir traversé la frontière de l'Ukraine, fuyant l'escalade du conflit.

Plus de 4,2 millions de réfugiés dont plus de 350.000 en Russie

L’OIM a mené sa deuxième enquête entre le 24 mars et le 1er avril afin de recueillir des informations sur les déplacements internes et la mobilité. L’objectif était aussi d’évaluer les besoins pour une meilleure réponse des organismes humanitaires.

Selon l’enquête, parmi les plus de 7,1 millions de déplacés, plus de la moitié des ménages déplacés ont des enfants, 57 % comprennent des membres âgés, et le tiers des personnes sont atteintes de maladies chroniques.

Par ailleurs, même si le flux de réfugiés en provenance d’Ukraine a ralenti, il continue. Depuis le 24 février dernier, un peu plus de 4,2 millions d’Ukrainiens ont fui leur pays. Il s’agit exactement de 4.244.595 réfugiés.

La Pologne accueille à elle seule plus de la moitié de tous les réfugiés partis d’Ukraine depuis le début de l’invasion russe. Près de six réfugiés ukrainiens sur 10 sont entrés en Pologne. Depuis le 24 février, 2.469.657d’entre eux sont entrés en Pologne, selon le HCR.

Selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés, 648.410personnes se sont rendues en Roumanie. Selon le HCR, 396.448personnes sont entrées en Moldavie. La Hongrie a accueilli au 4 avril 394.728 Ukrainiens, selon le HCR.

Le nombre de réfugiés en Russie s’élève à près de 350.632 au 29 mars. A la date du 4 avril, le Bélarus avait accueilli 16.274personnes.