L'actualité mondiale Un regard humain

Guerre en Ukraine : l’ONU alarmée par l’impact humanitaire dans les villes assiégées

Distribution de pain dans une station de métro à Kharkiv, en Ukraine.
© WFP
Distribution de pain dans une station de métro à Kharkiv, en Ukraine.

Guerre en Ukraine : l’ONU alarmée par l’impact humanitaire dans les villes assiégées

Aide humanitaire

Au 23e jour de l’offensive russe en Ukraine, et alors que les combats s’intensifient, notamment à Marioupol, Soumy, Kharkiv, Tchernihiv, Sievierodonetsk et au nord de Kyïv, des organisations humanitaires ont exprimé leur profonde préoccupation sur le sort des civils pris au piège dans des villes assiégées. 

Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), les attaques ciblées contre les civils et les infrastructures civiles et l’absence de passage sécurisé augmentent les risques et menacent gravement la vie de milliers de civils.

« Les rapports humanitaires reçus de ces zones sont horribles, et nous continuons à appeler à la protection des civils et des infrastructures civiles, au respect du droit humanitaire international », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU, Matthew Saltmarsh, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (ONU).

Dans des villes comme Marioupol et Soumy, la situation humanitaire est « extrêmement grave ». Les habitants sont confrontés à « des pénuries critiques et potentiellement mortelles de nourriture, d’eau et de médicaments ».

Des besoins humanitaires encore plus urgents dans l’est de l’Ukraine

Le HCR indique suivre de près les négociations pour « un passage sûr » et a déjà prépositionné du fret humanitaire. « Nous sommes prêts à envoyer des fournitures essentielles à Soumy dès que les conditions le permettront », a affirmé M. Saltmarsh.

A Odessa, le HCR note que les autorités ont lancé un appel pour une aide alimentaire et des médicaments. Il s’agit de couvrir les besoins de quelque 450.000 personnes.

Dans l’est de l’Ukraine, les besoins humanitaires deviennent encore plus urgents. Plus de 200.000 personnes n’ont pas accès à l’eau dans plusieurs localités de Donetsk, tandis que les bombardements incessants dans la région de Louhansk ont détruit 80% de certaines localités, laissant près de 100.000 familles sans électricité.

Plus largement, les population vulnérables - telles que les femmes et les enfants - sont de plus en plus confrontés à des obstacles pour accéder à des services essentiels tels que le transport, la nourriture, l’eau, les médicaments et les soins de santé d’urgence dans les zones touchées.

Plus de 3,2 millions de réfugiés ukrainiens dont deux millions en Pologne

« Le rythme et l’ampleur des déplacements internes et de l’exode des réfugiés ainsi que les besoins humanitaires qui en découlent, ne feront qu’augmenter si la situation se détériore », a averti le porte-parole du HCR.

Plus de trois semaines après le début de la guerre en Ukraine, plus de 3,2 millions de personnes ont fui le pays dont près de 2 millions pour la seule Pologne, selon le HCR, qui fait état également d’au moins deux millions de déplacés internes.

Avec de tels mouvements de population, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés prévient que les besoins humanitaires augmentent de façon exponentielle. En plus des personnes qui ont dû fuir, environ 13 millions de personnes ont été affectées dans les zones les plus durement touchées par la guerre en Ukraine et ont besoin d’une assistance humanitaire et de protection.

L’urgence de fournir des vivres aux habitants des villes assiégées

De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) s’est inquiété du sort des populations vivant dans les « villes assiégées » telles que Marioupol, indiquant que les approvisionnements s’épuisaient et que ses convois n’avaient pas encore pu entrer dans la ville. Selon l’agence onusienne, les réserves de nourriture et d’eau pour les habitants de Marioupol, ville assiégée depuis plus de quinze jours, sont en train de s’épuiser.

L’aide humanitaire n’a pratiquement pas été autorisée à entrer dans la région, a averti le PAM. « Le seul moyen d’aider Marioupol est de faire appel à des convois humanitaires, qui n’ont jusqu’à présent pas pu entrer », a déclaré Jakob Kern, Coordinateur des urgences du PAM pour l’Ukraine, lors d’une vidéoconférence depuis Cracovie, en Pologne.

D’autres villes partiellement encerclées, comme Kharkiv, Kyïv, Odessa et Soumy, peuvent recevoir l’aide du programme des Nations unies, qui a mobilisé des fournitures permettant de nourrir trois millions de personnes pendant un mois.

Sur un autre plan, avec la destruction d’une partie des infrastructures et de l’intensification des combats, de nombreuses épiceries et entrepôts sont désormais vides. Selon le PAM, les chaînes d’approvisionnement alimentaire de l’Ukraine sont en train de « s’effondrer ».

Le spectre de la faim 

« Les camions et les trains sont détruits, les aéroports bombardés, de nombreux ponts sont tombés, les supermarchés se sont vidés et les entrepôts ont été vidés », a détaillé M. Kern, relevant que les conséquences du conflit ukrainien risque de déclencher « une vague de faim collatérale à travers le monde ».

Le PAM redoute que le conflit plonge des millions de familles ukrainiennes dans la faim. « Le conflit en cours n’a pas seulement forcé des millions de personnes à fuir leur foyer et en a amené beaucoup d’autres au bord de la famine, mais il menace également la sécurité alimentaire mondiale, en particulier dans les points chauds de la faim », a déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève, Jakob Kern.

Face à l’augmentation des besoins, le PAM a prépositionné des vivres, de la farine de blé pour les boulangeries et des rations alimentaires près des villes encerclées pour qu’elles soient distribuées par les partenaires et l’administration des villes. Dans les zones où la nourriture est disponible et où les magasins de détail fonctionnent normalement, le PAM a commencé à tester l’utilisation d’espèces ou de bons d’achat comme moyen de soutien.

À l’intérieur de l’Ukraine, le travail consiste à remplacer les chaînes d’approvisionnement alimentaire commerciales rompues. L’agence onusienne a également établi des bases opérationnelles à Lviv et dans d’autres localités, pour approvisionner et organiser les convois humanitaires dans les zones de conflit.

Livraison de fournitures médicales à une maternité en Ukraine.
© UNICEF/Andriy Boiko
Livraison de fournitures médicales à une maternité en Ukraine.

Une quarantaine d’attaques contre les soins de santé

Sur le plan sanitaire, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU fait état de 44 attaques contre les soins de santé depuis le 24 février, qui ont fait 34 blessés et 12 morts. Parmi ces victimes, huit des blessés et deux des morts étaient des agents de santé.

L’accès aux soins de santé se heurte à de nombreux obstacles, les hostilités actives et le manque de transports publics limitant les déplacements. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), certaines zones, comme la ville de Marioupol dans le sud, ont souffert de pénuries critiques de fournitures médicales.

Alors que le nombre global de lits disponibles pour les patients atteints de la Covid-19 est resté relativement stable avec une baisse de près du tiers  du 23 février au 13 mars, des différences sont observées entre les divisions administratives. La plus forte diminution ayant été signalée à Louhansk (77%).

En outre, le nombre de lits occupés par des patients atteints de Covid-19 a diminué de 80% au niveau national, ce qui reflète les difficultés d’accès aux hôpitaux, selon l’OMS. Le pays recense près 5 millions de cas de Covid-19 dont 107.412 décès, selon un décompte établi par l’OMS le 17 mars 2022.