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La pire crise sanitaire du monde se situe dans la région éthiopienne du Tigré - OMS

Un enfant est assis à l'intérieur d'un véhicule incendié lors des combats dans la région du Tigré, dans le nord de l'Éthiopie.
© UNICEF/Christine Nesbitt
Un enfant est assis à l'intérieur d'un véhicule incendié lors des combats dans la région du Tigré, dans le nord de l'Éthiopie.

La pire crise sanitaire du monde se situe dans la région éthiopienne du Tigré - OMS

Santé

Alors que les yeux sont rivés sur le conflit ukrainien, le Chef de l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU a indiqué mercredi qu’il n’y a « nulle part sur Terre où la santé de millions de personnes est plus menacée » que dans la région éthiopienne du Tigré.

« Oui, je suis originaire du Tigré, et cette crise me touche personnellement, ainsi que ma famille et mes amis. Mais en tant que Directeur général de l’OMS, j’ai le devoir de protéger et de promouvoir la santé partout où elle est menacée », a déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève, le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Et il n’y a aucun endroit au monde où la santé de millions de personnes soit plus menacée qu’au Tigré », a-t-il insisté.

Les trois quarts des établissements de santé évalués par l’OMS ont été endommagés ou détruits. D’une manière générale, la situation dans le Tigré est « catastrophique ». « En Éthiopie, 6 millions d’habitants du Tigré sont soumis à un blocus des forces éthiopiennes et érythréennes depuis près de 500 jours, isolés du monde extérieur », a dit le Dr Tedros.

Une crise oubliée et hors de vue

« Le blocage des communications, et notamment de la possibilité pour les journalistes de faire des reportages sur le Tigré, fait de cette crise une crise oubliée - hors de vue et hors d’esprit », a-t-il regretté. Sur le terrain, « aucune aide alimentaire n’a été livrée également depuis la mi-décembre » alors que « 83 % de la population est en situation d’insécurité alimentaire ».

« Quel est l’impact de tout cela ? Les gens meurent », a-t-il poursuivi. Il a ajouté qu’il n’y avait pas de traitement pour environ 40.000 personnes séropositives dans la région. Les personnes atteintes de tuberculose, d’hypertension, de diabète et de cancer ne sont pas non plus traitées et « peuvent mourir ».

A noter qu’en février dernier, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU a acheminé par avion plus de 33 tonnes de médicaments et d’autres fournitures au Tigré, soit suffisamment pour 300.000 personnes. C’était la première livraison depuis juillet 2021. Au cours des deux dernières semaines, l’OMS et ses partenaires ont distribué des fournitures à 65 établissements de santé du Tigré, « mais il en faut beaucoup plus ».

L’OMS estime que 2.200 tonnes de fournitures sanitaires d’urgence sont nécessaires pour répondre aux besoins sanitaires urgents dans le Tigré. « Seules 117 tonnes ont été livrées, soit moins de 1 % de ce qui est nécessaire », a détaillé le Dr Tedros.

L’OMS a authentifié 43 attaques contre le système de santé en Ukraine

« Tout comme nous continuons à demander à la Russie de faire la paix en Ukraine, nous continuons à demander à l’Éthiopie et à l’Érythrée de mettre fin au blocus - au siège - et de permettre un accès sûr aux fournitures et aux travailleurs humanitaires pour sauver des vies », a-t-il insisté.

S’agissant de la guerre en Ukraine, M. Tedros a déclaré que l’agence sanitaire des Nations Unies avait désormais recensé 43 attaques contre des travailleurs et des installations de soins de santé en Ukraine depuis le début de l’offensive russe le 24 février dernier.

Plus de 300 établissements de santé se trouvent le long des lignes de conflit ou dans des zones que la Russie contrôle désormais, et 600 autres établissements sont situés à moins de 10 kilomètres de la ligne de conflit.

L’OMS a maintenant ouvert des lignes d’approvisionnement dans de nombreuses villes d’Ukraine, mais certains problèmes d’accès subsistent. L’agence a continué à demander que les attaques contre les agents et les établissements de santé cessent.

« La paix est la seule solution - en Ukraine, au Yémen, en Afghanistan et en Éthiopie »

Mais M. Tedros a déclaré que la crise en Ukraine était « loin d’être la seule crise à laquelle l’OMS se mobilise », citant le Yémen, la Syrie et l’Éthiopie. « Tragiquement, l’Ukraine n’est pas le seul endroit où les patients, les agents de santé, les installations, les infrastructures et l’approvisionnement sont attaqués », a affirmé le Dr Tedros.

Après 75 jours de l’année 2022, l’OMS a déjà vérifié 89 attaques contre les soins de santé dans le monde, en Afghanistan, au Burkina Faso, en République démocratique du Congo, en Libye, au Nigéria, dans le territoire palestinien occupé, au Soudan, en République arabe syrienne et, bien sûr, en Ukraine. Au total, ces attaques ont blessé 53 personnes et en ont tué 35, dont des agents de santé.

Ce chiffre inclut les huit agents de santé chargés de la lutte contre la polio qui ont été tués en Afghanistan le mois dernier. Pour l’OMS, « la paix est la seule solution - en Ukraine, au Yémen, en Afghanistan et en Éthiopie ».