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Somalie : l’intensification de la sécheresse déplace 17.000 personnes en deux semaines (HCR)

La Corne de l’Afrique connaît sa pire sécheresse depuis plus de quatre décennies,
© UNICEF/Mulugeta Ayene
La Corne de l’Afrique connaît sa pire sécheresse depuis plus de quatre décennies,

Somalie : l’intensification de la sécheresse déplace 17.000 personnes en deux semaines (HCR)

Aide humanitaire

La détérioration des conditions de sécheresse en Somalie a entraîné le déplacement de milliers de personnes contraintes de fuir leur foyer à la recherche d’une aide humanitaire, notamment de nourriture, d’abris et d’eau potable, a annoncé vendredi l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Confronté à l’une des pires sécheresses depuis des décennies et avec des mécanismes de survie des populations qui ont été érodés, les populations continuent de fuir les zones arides.

Rien qu’au cours de la première semaine du mois de mars, plus de 17.000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays en raison de la sécheresse dans la région de Southern Bay, au centre de la Somalie.

Elles s’ajoutent ainsi à des dizaines de milliers de personnes déplacées de la même manière dans tout le pays entre janvier et février de cette année, fuyant la sécheresse qui frappe le pays de la Corne de l’Afrique.

« Si la tendance actuelle se maintient, le HCR estime que pour la seule année 2022, un demi-million de Somaliens seront probablement déplacés avant la fin du mois de mars », a déclaré Boris Cheshirkov, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Les enfants face aux risques du mariage forcé et des abus sexuels

Ces mouvements de population ressemblent à un exode rural, avec des familles arrivant dans les centres urbains où « les conditions de vie sont souvent difficiles et où il y a peu de ressources pour couvrir les besoins supplémentaires des nouveaux arrivants ».

La majorité des déplacés internes sont des enfants, des personnes âgées, des femmes enceintes et des mères allaitantes. Selon le HCR, de nombreux enfants ont abandonné l’école pour aider leur famille à gagner un revenu quotidien et à chercher de l’eau et des pâturages.

« Cela les a rendus particulièrement vulnérables à des risques tels que le mariage forcé, la séparation familiale, la violence et les abus sexuels », a ajouté M. Cheshirkov. « Les femmes et les filles, qui représentent la moitié de la population déplacée, courent un risque accru », a-t-il mis en garde.

Face à cette situation, l’agence onusienne a intensifié son aide aux milliers de personnes déplacées par la sécheresse en Somalie, suite à trois saisons des pluies consécutives qui ont décimé les cultures et le bétail. Jusqu’à présent, des abris, des articles d’hygiène et d’autres produits de première nécessité ont été livrés à 36.000 personnes affectées par la sécheresse dans le pays, dont 24.000 personnes dans les régions de Galmudug et du Puntland qui sont les plus touchées.

Les enfants séparés et non accompagnés bénéficient d’une assistance médicale, d’un soutien psychosocial et de conseils, ainsi que d’espaces sûrs pour les protéger contre le recrutement forcé.

Un enfant boit de l'eau dans un camp de personnes déplacées en Somalie.
© UNICEF/Ismail Taxta
Un enfant boit de l'eau dans un camp de personnes déplacées en Somalie.

L’appel de fonds de de 157 millions de dollars financé à 5%

De plus, les familles qui risquent d’être expulsées de leur domicile en raison de la perte de leurs revenus reçoivent également une assistance juridique. « Dans les semaines à venir, au moins 200 entrepreneurs recevront des subventions pour les aider à relancer leurs activités », a détaillé le porte-parole du HCR.

Concernant le financement, le HCR n’a reçu que 5% de son appel de 157 millions de dollars américain destiné à venir en aide à environ 2,9 millions de personnes déplacées à l’intérieur de la Somalie, 40.000 réfugiés rentrant chez eux, quelque 31.000 réfugiés et demandeurs d’asile, et jusqu’à 15.000 nouveaux arrivants en provenance d’Éthiopie et d’autres pays.

À noter qu’à l’échelle mondiale, la crise climatique s’accélère et les conséquences de l’inaction s’accumulent. De nombreux écosystèmes sont à un point de basculement. Les communautés vulnérables sont les plus durement touchées, notamment les réfugiés, les personnes déplacées et les apatrides. Selon le HCR, plus de 80% des réfugiés et des déplacés internes proviennent des pays les plus vulnérables au climat dans le monde.

Pour l’agence onusienne, des investissements urgents sont nécessaires pour renforcer les capacités d’adaptation là où elles sont le plus nécessaires. « Sans eux, nous assisterons à de plus grandes souffrances, à des pertes de vies humaines et à une augmentation des déplacements », a prévenu le porte-parole du HCR.