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Ukraine : le monde doit s'unir face à la « violation du droit international » par la Russie, selon Guterres

Une mère ukrainienne réconforte son fils de 7 ans en attendant un moyen de transport à Isaccea, en Roumanie.
© UNICEF/Adrian Câtu
Une mère ukrainienne réconforte son fils de 7 ans en attendant un moyen de transport à Isaccea, en Roumanie.

Ukraine : le monde doit s'unir face à la « violation du droit international » par la Russie, selon Guterres

Paix et sécurité

L'invasion de l'Ukraine par la Russie oblige les États membres des Nations Unies à s'unir « pour surmonter cette violation du droit international », a déclaré jeudi le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s'adressant à l'Assemblée générale des Nations Unies à New York.

Le chef de l'ONU s'exprimait lors d'une réunion sur le renforcement de la coopération internationale - dans le cadre du plan historique ‘Notre programme commun’ lancé l'année dernière.

Il s'agissait de la cinquième et dernière consultation menée par l'Assemblée générale sur ce programme, et M. Guterres a remercié tous les États membres pour leur « engagement constructif et actif », ainsi que toutes les autres parties prenantes qui ont contribué aux discussions thématiques.

« La paix est le bien public mondial le plus important et les Nations Unies ont été créées pour y parvenir », a-t-il déclaré, notant que la réunion se déroulait sur fond d'invasion de l'Ukraine par la Russie. « La guerre apporte la mort, la souffrance humaine et des destructions inimaginables, à un moment où nous ne pouvons pas nous permettre d'ajouter aux grands défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés ».

« Ce conflit nous appelle également à nous unir dans la coopération et la solidarité pour soutenir toutes les personnes touchées et surmonter cette violation du droit international », a-t-il ajouté.

Des solutions « essentielles et urgentes »

Face aux menaces qui affectent le monde, ‘Notre programme commun’ est une contribution à la recherche de solutions, mais il appartient désormais aux États membres de faire avancer les propositions qu’il contient, a dit le chef de l’ONU.

« Mais ne vous y trompez pas : les solutions sont essentielles, et urgentes. Nous devons prendre les décisions difficiles qui nous permettront d'avancer », a-t-il ajouté.

Avec la situation désespérée de l'Ukraine, l'état de la coopération multilatérale a pris une importance encore plus grande, a déclaré M. Guterres.

Il a déclaré que les systèmes de gouvernance mondiale devaient être révisés de toute urgence, le conflit soulevant « de graves implications mondiales sur plusieurs fronts ».

Premièrement, ce conflit va peser sur le financement humanitaire, augmentant les souffrances de beaucoup de personnes vulnérables. Deuxièmement, il pourrait indirectement augmenter la faim dans le monde. L'Ukraine est l'une des plus grandes sources de céréales au monde, la Russie est la deuxième et le conflit pourrait entraîner une flambée des prix. Troisièmement, ce conflit est profondément lié à la crise climatique, démontrant comment la dépendance aux combustibles fossiles met l'économie mondiale et la sécurité énergétique à la merci des chocs géopolitiques.

La hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires va frapper le plus durement le monde en développement, a noté le chef de l’ONU.

Selon lui, ‘Notre programme commun’ est un signal d'alarme sur les risques auxquels nous sommes confrontés et sur la fiction dangereuse selon laquelle le statu quo est une option viable.

« La crise climatique a dépassé le point de non-retour - même si nous avons eu de nombreux avertissements et aurions pu agir plus tôt. Une grande partie de l'impact de la pandémie de Covid-19 aurait pu être évitée ou atténuée. Au lieu de cela, des millions de personnes sont mortes, la faim et la pauvreté augmentent et l'impact économique de la pandémie se fait toujours sentir », a-t-il souligné.

Dans le sud-est de la Pologne, à Medyka, des enfants jouent dans un gymnase accueillant des familles réfugiées ayant fui la guerre en Ukraine.
© UNICEF/Joe English
Dans le sud-est de la Pologne, à Medyka, des enfants jouent dans un gymnase accueillant des familles réfugiées ayant fui la guerre en Ukraine.

Améliorer la gouvernance mondiale

Le Secrétaire général estime qu’un sérieux effort est nécessaire pour améliorer la gouvernance mondiale, gérer les risques et protéger les biens publics mondiaux.

Il ne s'agit pas seulement des Nations Unies ou de toute autre institution. Il s'agit de travailler ensemble pour résoudre nos plus gros problèmes, à travers les structures existantes si elles sont adaptées à l'objectif, et des cadres nouveaux ou revigorés si nécessaire.

Il a déclaré qu'il était temps de rechercher des recommandations concrètes pour améliorer la gouvernance mondiale et a annoncé la création d'un nouveau Conseil consultatif de haut niveau sur les biens publics mondiaux, qui sera dirigé par l'ancienne Présidente du Libéria Ellen Johnson Sirleaf et l'ancien Premier ministre suédois Stefan Löfven.

Le Conseil « examinera les lacunes en matière de gouvernance, les nouvelles priorités et les niveaux d'urgence » avant le Sommet intergouvernemental sur le futur, prévu en septembre 2023.

Le Secrétaire général a déclaré que ce Sommet « serait une occasion pour les dirigeants de s'engager à s'éloigner de la voie dangereuse sur laquelle nous nous engageons, par le biais d'une coopération multilatérale, fondée sur les valeurs inscrites dans la Charte des Nations Unies ».

« Le résultat du Sommet pourrait être un Pacte pour l'avenir, dynamisant l'Agenda 2030, l'Accord de Paris et le Programme d'action d'Addis-Abeba ».

« Point d'inflexion historique »

Dans son allocution, le Président de l'Assemblée générale, Abdulla Shahid, a décrit le moment comme un « point d'inflexion historique », notant les mots de la Déclaration politique du 75e anniversaire, selon lesquels « notre monde n'est pas encore le monde que nos fondateurs envisageaient il y a 75 ans ». Il est en proie à des inégalités croissantes, à la pauvreté, à la faim, aux conflits armés, au terrorisme, à l'insécurité, au changement climatique et aux pandémies.

Il appartient aux pays présents de retrouver la voie d'un « multilatéralisme fort », a-t-il dit, « un multilatéralisme fondé sur les principes de la diplomatie et de la coopération internationale, et le mieux placé pour relever pacifiquement et efficacement les défis de notre temps ».

« Nous avons besoin d'un leadership résolu qui nous aidera à changer de cap et à nous engager sur une meilleure voie. Un chemin où nous nous engageons à nouveau envers les idéaux les plus élevés du multilatéralisme et redécouvrir nos liens communs d'humanité », a déclaré M. Shahid.

Selon lui, une ONU plus forte est essentielle : « Alors que nous renforçons la coopération internationale pour atteindre nos objectifs communs, le Programme de développement durable à l'horizon 2030 doit rester notre boussole ».