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Une femme regarde sa maison endommagée après un bombardement à Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine.

Guerre en Ukraine : indignation après le bombardement d’un hôpital pour enfants à Marioupol

© UNICEF/Evgeniy Maloletka
Une femme regarde sa maison endommagée après un bombardement à Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine.

Guerre en Ukraine : indignation après le bombardement d’un hôpital pour enfants à Marioupol

Paix et sécurité

Au moment où les condamnations internationales sont unanimes après l’attaque contre un hôpital pour enfants de Marioupol, au moins 18 attaques ont été perpétrées contre des établissements de soins, du personnel de santé et des ambulances en Ukraine, a indiqué l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

S’adressant aux journalistes hier mercredi à Genève, le chef de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré qu’à ce jour, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU a vérifié 18 attaques perpétrées contre des établissements de soins, le personnel soignant et des ambulances, faisant au moins dix morts et 16 blessés, depuis le début de l’offensive russe en Ukraine le 24 février. 

« Ces attaques privent des communautés entières de soins de santé », a-t-il affirmé.

De son côté, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) note que « la destruction de biens civils continue d’être signalée ». 

« Selon le gouvernement ukrainien, les bombardements incessants à travers le pays ont endommagé ou détruit plus de 210 écoles, au moins 34 hôpitaux et plus de 1.500 bâtiments résidentiels, des chiffres qui continuent de grimper chaque jour », a notifié l’OCHA dans son dernier rapport de situation.

Une attaque épouvantable, selon le chef de l’ONU

Ces développements interviennent alors que des informations font état d’une frappe russe sur un hôpital pour enfants et une maternité dans la ville de Marioupol, qui aurait laissé des enfants ensevelis sous les décombres, selon des responsables ukrainiens.

Selon l’ONU, toute attaque contre les soins de santé constitue une violation manifeste du droit humanitaire international.

De son côté, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a jugé que l’attaque russe d’un hôpital pédiatrique dans la ville portuaire de Marioupol en Ukraine était épouvantable.

Dans un message posté sur Twitter, le chef de l’ONU a qualifié les rapports sur l’attaque d’« horribles », déplorant par la suite que les civils « payaient le prix fort pour une guerre dont ils n’ont rien à faire ». Il a appelé à cesser cette violence insensée.

L’ONU et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont appelé et continuent d’appeler à « l’arrêt immédiat des attaques contre les établissements de santé, les hôpitaux, les travailleurs de la santé, les ambulances ».

Aucune installation de santé en Ukraine « ne doit jamais être une cible », a déclaré le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, en réaction aux informations sur la destruction de l'hôpital pédiatrique à Marioupol.

L’OMS condamne tous les actes de violence contre les établissements de santé

La seule véritable solution à cette situation est la paix
- Dr Tedros

Le bombardement n’a pas été vérifié de manière indépendante, mais le porte-parole de l’ONU a déclaré que les Nations Unies enquêtaient de toute urgence sur ces informations « choquantes ». Il a réitéré l’appel de l’ONU à un arrêt immédiat des attaques contre les soins de santé, les hôpitaux, le personnel de santé et les ambulances, rappelant qu’« aucun de ces éléments ne devrait jamais être une cible ».

Le ton d’indignation est le même du côté de l’agence sanitaire mondiale de l’ONU. 

« L’OMS a pris connaissance d’informations inquiétantes faisant état d’une attaque contre une maternité à Marioupol », a dit dans un tweet, le chef de l’OMS, Dr Tedros, qui « condamne sans équivoque tous les actes de violence contre les établissements de santé, les travailleurs de la santé et les patients ». 

L’agence onusienne réitère son « appel urgent à une résolution pacifique ». 

Sur le terrain, l’OMS a livré jusqu’à présent, 81 tonnes de fournitures. Elle met en place une réserve de fournitures pour les établissements de santé de toute l’Ukraine, en particulier dans les zones les plus touchées, a ajouté M. Tedros.

La Russie nie avoir bombardé un hôpital pour enfants à Marioupol

Dans une déclaration, la Directrice de l’UNICEF, Catherine Russell, s’est également dite « horrifiée par l’attaque rapportée ». Une attaque qui aurait laissé de jeunes enfants et des femmes en travail, enterrés sous les décombres des bâtiments détruits. 

« Nous ne connaissons pas encore le nombre de victimes mais nous craignons le pire », a-t-elle dit, relevant que si cette attaque est confirmée, elle souligne « l’horrible bilan de cette guerre sur les enfants et les familles d’Ukraine ». 

« En moins de deux semaines, au moins 37 enfants ont été tués et 50 blessés, tandis que plus d’un million d’enfants ont fui l’Ukraine vers les pays voisins », a-t-elle ajouté.

Selon les médias, la Russie a affirmé jeudi que les accusations ukrainiennes d’avoir bombardé un hôpital pédiatrique à Marioupol étaient « des fake news ». Moscou argue que le bâtiment en question était une ancienne maternité désormais occupée par des troupes. 

« Voici comment naît une fake news. Nous avions déjà prévenu dans notre déclaration du 7 mars que cet hôpital avait été transformé en objet militaire par des radicaux. Il est très inquiétant que l’ONU diffuse cette information sans vérification », a affirmé dans un tweet, Dmitry Polyanskiy, le Représentant permanent adjoint de la Russie auprès de l’ONU à New York.

Des besoins sanitaires plus importants dans l’est et le sud de l’Ukraine

Sur le terrain, les besoins sanitaires sont plus importants dans l’est (Donetsk et Louhansk) et le sud (Khersonska et Odesa) de l’Ukraine. 

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, il est nécessaire de poursuivre les services de santé essentiels pour sauver des vies, notamment en matière de santé sexuelle et reproductive.

Il s’agit ainsi « d’augmenter les capacités des centres de santé, y compris les lits d’hôpitaux ». D’autant que « les lits occupés par les patients de Covid-19 sont de plus en plus souvent réaffectés à des traumatismes et des maladies graves », a indiqué l’OCHA, ajoutant que le soutien psychosocial et de santé mentale pour les personnes affectées est également un besoin critique.

Par ailleurs, des réserves d’oxygène renouvelées sont « désespérément nécessaires dans les hôpitaux ukrainiens, dont les réserves s’épuisent ». Des fournitures de traumatologie et de chirurgie, des médicaments essentiels ainsi que des générateurs de secours et du carburant pour les établissements de soins de santé sont nécessaires.

La poursuite des campagnes de vaccination qui ont été interrompues par les hostilités en cours, notamment pour la polio, la rougeole et la Covid-19, reste essentielle. 

« Il est urgent de relancer ou de poursuivre les mesures préventives par la vaccination et la poursuite du traitement de la tuberculose et du VIH, parallèlement au renforcement des systèmes de surveillance, de détection précoce et de réponse aux maladies à tendance épidémique », a conclu l’OCHA dans son dernier rapport de situation sur l’Ukraine.