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Guerre en Ukraine : 12 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire vitale

En pleine escalade du conflit en Ukraine, des personnes dans une gare de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, attendent de monter dans un train d'évacuation vers Przemysl, en Pologne.
© UNICEF/Aleksey Filippov
En pleine escalade du conflit en Ukraine, des personnes dans une gare de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, attendent de monter dans un train d'évacuation vers Przemysl, en Pologne.

Guerre en Ukraine : 12 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire vitale

Aide humanitaire

Alors que l’offensive des forces russes se poursuivaient autour de Kyïv, mais aussi sur d’autres fronts comme Hrouchouvakha, Soumy ou encore dans les régions de Donetsk et Zaparojie, la situation humanitaire en Ukraine s’aggrave de jour en jour, ont alerté jeudi les agences humanitaires des Nations Unies.

Environ 12 millions de personnes, soit près de 30% de la population, ont besoin d’une aide humanitaire vitale, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). L’agence onusienne justifie de tels chiffres par les défis liés aux évacuations, mais surtout « le manque d’accès et l’insécurité croissante ».

Afin d’atténuer les souffrances humaines et de prévenir les pertes inutiles de vies humaines, l’ONU estime qu’un cessez-le-feu immédiat doit être négocié. Dans l’intervalle, « des fenêtres de silence et des passages sûrs fiables et prévisibles sont nécessaires de toute urgence pour reloger en toute sécurité les personnes touchées et acheminer une aide humanitaire vitale ».

Près d’un million de déplacés internes

En attendant, les mouvements de populations se poursuivent. Si plus 2,1 millions de personnes ont été contraintes de fuir vers les pays voisins pour fuir les combats, l’ONU estime que « les personnes les plus vulnérables, celles qui n’ont pas les moyens d’échapper au conflit, restent en Ukraine ». Leurs « besoins non satisfaits » continuent de s’accumuler et « d’empirer d’heure en heure ».

Or selon les estimations de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), près d’un million de personnes sont nouvellement déplacées en Ukraine, « bien qu’il soit difficile d’avoir une estimation précise en raison de la situation insécurité actuelle ». Dans ce lot, plus de 70.000 déplacés internes ont été recensés dans 14 endroits, principalement dans l’ouest de l’Ukraine, et dans une moindre mesure à Kyïv et dans les régions centrales.

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), la plupart viennent de Dnipro, Donetsk, Kharkiv, Kherson, Mykolaivska et Odesa. « Au moins plus de 20% pour des déplacés internes ont indiqué l’intention de continuer à se déplacer plus loin », a indiqué le HCR dans son dernier rapport de situation daté du 8 mars.

Dans le même temps, des millions d’autres personnes vivant dans les zones touchées sont « bloquées », ne voulant ou ne pouvant pas partir, en raison des risques liés à la sécurité, de la destruction des ponts et des routes. Elles font état également du manque de ressources ou d’informations sur les lieux de sécurité et d’hébergement.

Une femme regarde sa maison endommagée après un bombardement à Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine.
© UNICEF/Evgeniy Maloletka
Une femme regarde sa maison endommagée après un bombardement à Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine.

Le défi de passages sécurisés pour l’aide humanitaire et l’évacuation des civils

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Cette nouvelle mise à jour sur les besoins intervient alors que les négociations sur des passages sûrs patinent. « Les passages sécurisés pour l’évacuation des civils et l’acheminement de l’aide humanitaire vers les villes encerclées par l’armée, comme Marioupol (Donetsk, est), ont été reportés à plusieurs reprises, voire attaqués », fait valoir l’OCHA.

C’est le cas le mardi 8 mars dernier quand « un convoi d’organisations non gouvernementales (ONG) transportant une aide humanitaire vitale aurait été détruit après avoir été pris dans des tirs croisés ». Selon l’OCHA, près de deux douzaines de personnes auraient été aussi tuées, dont trois enfants dans la nuit du 8 mars. « Des frappes aériennes se sont abattues sur la ville de Soumy, au nord-est du pays, qui compte environ 267.000 habitants », a souligné l’agence onusienne.

C’est dans ce contexte que les différentes agences onusiennes ont mis en place une « cellule d’opérations inter-agences, sous la direction du Coordinateur résident/Coordinateur humanitaire des Nations Unies et du Coordinateur des Nations Unies pour la crise en Ukraine, « Amin Awad) ». Le but est de faciliter « le passage en toute sécurité du personnel humanitaire et des biens livrés par la communauté humanitaire dans les zones les plus touchées ».

Près de 600.000 personnes évacuées de Kharkiv (est) par voie ferroviaire

Sur le terrain, quelque 600.000 personnes auraient été évacuées de Kharkiv (est) par voie ferroviaire, selon les autorités locales de Kharkivska. En outre, le service national d’urgence de l’Ukraine aurait évacué plus de 292.000 personnes, dont plus de 60.000 enfants vers différentes parties du pays. Parallèlement, la Fédération de Russie a indiqué qu’elle avait jusqu’à présent évacué environ 179.000 personnes de l’Ukraine vers la Russie.

Par ailleurs, le ministère ukrainien de la Réintégration a confirmé le 9 mars que la Fédération de Russie avait donné son accord sur « six itinéraires de passage humanitaire sûrs pour évacuer les personnes. Il s’agit d’Enerhodar à Zaporizhzhia (Zaporizka, sud-est) ; de Marioupol (Donetsk) à Zaporizhzhia (Zaporizka, sud-est) ; Volnovakha (Donetsk) vers Pokrovsk (Donetsk) ; Izium vers Lozova (Kharkivska, sud-ouest) ; de Soumy vers Poltava (Poltavska, Ukraine centrale) ; et de de Kiev (Borodianka, Bucha, Hostomel, Irpin et Vorzel) vers la ville de Kyïv via Stoianka et Bilhorodka.

« À l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne savons toujours pas si les conditions de sécurité permettront de procéder à ces évacuations », précise toutefois l’OCHA.

Un réfugié ukrainien lit un livre dans un abri temporaire en Slovaquie.
© HCR/Zsolt Balla
Un réfugié ukrainien lit un livre dans un abri temporaire en Slovaquie.

Le traitement discriminatoire à l’encontre de ressortissants de pays tiers et des Roms ukrainiens

Sur un autre plan, le rapport de situation s’est penché sur le traitement discriminatoire dont sont victimes les autres réfugiés non Ukrainiens voulant fuir les combats. Dans ces conditions, « le traitement équitable et la protection des ressortissants de pays tiers (Bangladesh, République démocratique du Congo, Inde, Nigéria et Zimbabwe, entre autres) et des groupes minoritaires fuyant la crise s’imposent face à la multiplication des rapports faisant état de discrimination, de xénophobie et de harcèlement ».

De plus, un groupe de Roms ukrainiens a déclaré avoir été victime de discrimination en fuyant Kharkiv vers la République de Moldavie. Selon l’Agence de l’ONU pour les migrations (OIM), il y a probablement environ 400.000 Roms qui fuient l’Ukraine, et beaucoup d’entre eux n’ont pas de documents de voyage en règle.

« Les discriminations et les mauvais traitements signalés doivent faire l’objet d’une enquête afin de garantir que les personnes déplacées aient accès à des services de protection adéquats », fait remarquer l’OCHA dans son rapport de situation.

D’autre part l’OIM a indiqué mercredi avoir aidé près de 100 ressortissants de pays tiers bloqués en Ukraine à rentrer chez eux. Parmi eux figurent 77 Tunisiens, contraints de fuir en Roumanie et en Pologne, trois ressortissants libanais et 17 étudiants ghanéens. Sept autres étudiants partent pour le Ghana ce jeudi.

Selon l’OIM près de 110.000 ressortissants de pays tiers ont fui l’Ukraine depuis le début de la guerre. L’agence collabore avec les Etats, les ambassades, les autorités frontalières et d’autres partenaires pour les aider à rentrer chez eux