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Une fillette de neuf ans et son frère de trois ans arrivent dans un abri temporaire en Roumanie après avoir fui le conflit en Ukraine avec leur mère.

Guerre en Ukraine : plus d’un million de réfugiés ont fui en une semaine (ONU)

© UNICEF/Ioana Moldovan
Une fillette de neuf ans et son frère de trois ans arrivent dans un abri temporaire en Roumanie après avoir fui le conflit en Ukraine avec leur mère.

Guerre en Ukraine : plus d’un million de réfugiés ont fui en une semaine (ONU)

Paix et sécurité

En une semaine, plus d’un million de réfugiés ont déjà fui les combats en Ukraine, selon un nouveau bilan établi jeudi par le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Il s’agit d’un exode de population sans précédent dans ce siècle par sa rapidité d’autant qu’aux frontières de l’Ukraine, ils sont encore des milliers à attendre de pouvoir traverser vers les pays voisins.

« En sept jours seulement, un million de personnes ont fui l’Ukraine, déracinées par cette guerre insensée », a déclaré dans un communiqué, le Haut-Commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi, rappelant qu’il travaille dans les situations d’urgence pour les réfugiés depuis près de 40 ans, et qu’il a « rarement vu un exode aussi rapide que celui-ci ».

Le recensement du HCR datant du 2 mars, faisait etat de près de 874.000 Ukrainiens qui avaient fui dans les pays voisins ces derniers jours. Le chiffre a ainsi bondi d’au moins 165.000 personnes en seulement 24 heures.

« Heure après heure, minute après minute, de plus en plus de personnes fuient la terrifiante réalité de la violence », a lamenté M. Grandi, ajoutant que « d’innombrables personnes ont été également déplacées à l’intérieur du pays ».

Le décompte du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés représente plus de 2 % de la population ukrainienne - que la Banque mondiale estime à 44.134.693 d’habitants en 2020 - qui a traversé les frontières en sept jours seulement. L’agence prévient que les départs sont loin d’être terminés.

« Si le conflit ne prend pas fin immédiatement, des millions d’autres personnes seront probablement contraintes de fuir l’Ukraine », a alerté le chef du HCR.

Le 27 février 2022, une famille attend d'embarquer dans un train à Lviv, en Ukraine, près de la frontière avec la Pologne.
© UNICEF/Viktor Moskaliuk
Le 27 février 2022, une famille attend d'embarquer dans un train à Lviv, en Ukraine, près de la frontière avec la Pologne.

La nécessité de faire « taire les armes, de faire aboutir le dialogue et la diplomatie »

Plus de la moitié des réfugiés d’Ukraine sont allés en Pologne voisine - plus de 505.582 - et plus de 140.000 sont allés en Hongrie, au Sud. La Moldavie en a accueilli plus de 98.000 et 72.200 Ukrainiens sont allés en Slovaquie. La Fédération de Russie en a accueilli 47.800. Aussi l’UNICEF a signalé qu’ au moins la moitié des réfugiés sont des enfants.

Face à un tel afflux massif de réfugiés, le Haut-Commissaire Grandi estime qu’il est « temps de faire taire les armes afin que l’aide humanitaire puisse arriver et sauver des vies ».

Outre ces mouvements de population en direction des frontières internationales, un décompte établi le 28 février dernier faisait état de 100.000 déplacés internes. Mais selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), le nombre réel est « considéré comme beaucoup plus élevé ».

D’autant que lors de l’établissement de ce bilan, la compagnie ferroviaire ukrainienne a fait état de « plus d’un demi-million de personnes qui avaient été évacuées vers les régions occidentales de l’Ukraine ». 

« Les rapports locaux indiquent que toutes les personnes se déplaçant à l’intérieur du pays ne prévoient pas de franchir les frontières internationales », a souligné l’OCHA dans son dernier rapport de situation.

Sur le terrain, les Nations Unies et leurs partenaires travaillent où et quand ils le peuvent « dans des conditions effrayantes ».

« Notre personnel reste, même en prenant de grands risques, car nous savons que les besoins dans le pays sont énormes », a affirmé M. Grandi, rappelant que même si « la solidarité internationale fait chaud au cœur, rien – mais rien - ne peut remplacer la nécessité de faire taire les armes, de faire aboutir le dialogue et la diplomatie ».

« La paix est le seul moyen de mettre un terme à cette tragédie », a insisté le chef du HCR, au huitième jour des opérations russes en Ukraine. Selon les médias, les frappes russes ont continué sur la capitale Kiev et d’autres villes du pays.

Une Ukrainienne et ses petits-enfants ont franchi la frontière avec la Roumanie, tandis que les parents des enfants ont décidé de rester en Ukraine.
© UNICEF/Ioana Moldovan
Une Ukrainienne et ses petits-enfants ont franchi la frontière avec la Roumanie, tandis que les parents des enfants ont décidé de rester en Ukraine.

Le bilan civil en Ukraine s’élève à 227 morts et 525 blessés

Selon un bilan établi mercredi soir par le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), 227 civils avaient été tués et 525 blessés en Ukraine jusqu’au 1er mars à minuit.

Les services de la Haut-Commissaire Michelle Bachelet soulignent toutefois que le bilan réel du conflit est « considérablement plus élevé », en particulier dans le territoire contrôlé par le gouvernement, en raison des retards dans la transmission des informations dans certaines zones où les combats ont été les plus intenses.

De plus, le HCDH note que le ministère ukrainien de la Santé a fait état de 352 personnes (338 adultes et 14 enfants) tuées et de 1.684 blessés (1.568 adultes et 116 enfants) au 27 février.

Kiev n’a pas fourni de données ventilées concernant les victimes civiles et militaires.

Selon l’ONU, la plupart des victimes ont été causées par l’utilisation d’armes explosives avec une large zone d’impact, notamment « les bombardements de l’artillerie lourde et des systèmes de roquettes à lancements multiples, ainsi que des frappes aériennes ».

Plus largement, la destruction des infrastructures civiles dans les zones de combats actifs et les bombardements continuent « d’entraver l’accès des populations à l’eau, à la nourriture, aux soins de santé et aux autres services de base », ce qui a un impact sur la capacité des partenaires à intensifier et à étendre leurs programmes en Ukraine, précise l’OCHA.

A ce sujet, des rapports faisant état de perturbations des lignes électriques ainsi que des systèmes d’approvisionnement en gaz et en eau sont alarmants, d’autant que les températures en Ukraine sont encore largement inférieures à zéro.

La vulnérabilité de la population face à la Covid-19, la polio et la rougeole

Sur le plan sanitaire, les perturbations des programmes couplées aux conditions de conflit continuent d’accroître la vulnérabilité de la population affectée aux maladies transmissibles, telles que la Covid-19, la polio et la rougeole.

« La faible couverture vaccinale augmente le risque d’épidémies de maladies transmissibles évitables, en particulier chez les enfants », alerte l’OCHA dans son rapport de situation.

Selon l’agence onusienne, outre les cas de Covid-19, les récents cas de polio signalés dans l’ouest du pays soulignent ce risque. En outre, les conditions de confinement dans les abris, les déplacements de population et les dommages causés aux infrastructures rendent l’hygiène difficile à maintenir.

Ces conditions augmentent le risque de maladies respiratoires et diarrhéiques, qui pourraient rapidement avoir un impact important. Sur un autre plan, le « Cluster santé » a souligné que les soins de traumatologie et les soins primaires, les médicaments essentiels et les fournitures médicales sont nécessaires de toute urgence.

Les personnes ont également besoin d’un accès à la nourriture ainsi que d’un soutien pour les articles non-alimentaires, tels que les produits de première nécessité.

Face à ces besoins énormes, les Nations Unies soutiennent leurs partenaires locaux, notamment en complétant leurs fonds, pour fournir de la nourriture et d’autres articles ménagers de base. Les partenaires locaux ont également mis en place plus de 30 soupes populaires temporaires, principalement dans les zones limitrophes à forte concentration de population.