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Au Conseil des droits de l’homme, il faut « apprendre de l’histoire », selon son Président Federico Villegas

Conférence de presse de Federico Villegas, Président du Conseil des droits de l'homme, à l'Office des Nations Unies à Genève
Partha Konwar/ONU Genève
Conférence de presse de Federico Villegas, Président du Conseil des droits de l'homme, à l'Office des Nations Unies à Genève

Au Conseil des droits de l’homme, il faut « apprendre de l’histoire », selon son Président Federico Villegas

Droits de l'homme

La 49e session du Conseil des droits de l’homme (CDH) s’ouvre lundi 28 février aux Nations Unies à Genève, marquée par les répercussions de la pandémie et le conflit ukrainien. Plus de 140 dignitaires étrangers sont attendus au Palais des Nations, avec un segment de haut-niveau en présence du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, et du Président de la Confédération suisse, Ignazio Cassis.

A quelques jours de cet évènement, le Représentant permanent de l’Argentine et le nouveau Président du CDH, Federico Villegas, s’est confié à ONU Info Genève sur sa vision, les défis liés à la polarisation du Conseil et la place des organisations civiles.

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« Il n’y a pas un pays qui peut dire qu’il n’a pas de défi lié aux droits de l’homme »

L’état des lieux de la situation des droits de l’homme dans le monde de Federico Villegas est clair. Alors que l’on constate actuellement un accroissement des tensions géopolitiques, le diplomate argentin a rappelé qu’aucun pays n’était irréprochable.

Selon lui, aucune nation ne peut se targuer d’avoir « tout résolu » en matière de liberté d’expression ou de lutte contre les discriminations. « Nous avons donc une responsabilité collective », a affirmé le Président du CDH, organe intergouvernemental composé de 47 États visant à renforcer la promotion et la protection des droits de l'homme autour du globe.  

En effet, il s’agit du seul organe multilatéral s’intéressant à la fois à la situation des droits de l’homme dans chaque pays et au développement du droit international dans ce domaine. Parmi les thèmes évoqués cette année : les minorités, la situation en Syrie, au Soudan du Sud et au Myanmar, l’accès à logement décent, la liberté de croyance ou encore le handicap.

Cinq semaines de débats et plus de 50 débats dédiés à un pays

Symbole de l’importance de cette session, les débats se tiendront pour la première fois sur une période record de cinq semaines dans un format hybride.

Ce retour en présentiel est salué par l’ensemble des délégations, qui ont été privées de consultations informelles depuis deux ans. Pour Federico Villegas, il s’agit du « cœur de la diplomatie multilatérale » et l’allègement des restrictions sanitaires en Suisse facilitera les échanges en faveur des droits de l’homme.

Toutefois, le nouveau Président du Conseil a tenu à rappeler que la pandémie de Covid-19 avait également apporté des innovations technologiques précieuses pour les débats. Ainsi, la virtualité permet de mobiliser des voix lointaines, qui étaient auparavant privées de parole en raison de la distance et des coûts matériels. A titre d’exemple, le Président des Îles Marshall, David Kabua, et le Ministre des Affaires étrangères de l’Ile Maurice, s’exprimeront par vidéoconférence le 28 février 2022.

Par ailleurs, Federico Villegas a expliqué que les conséquences de la Covid-19 seraient analysées par le biais de trois panels de discussions, dédiés aux politiques publiques de santé, à l’accès aux vaccins et à l’impact de la pandémie sur les droits de l’homme.

Alexandre Carette de l'Office des Nations Unies à Genève (à gauche) interviewe Federico Villegas, Président du Conseil des droits de l'homme, au Palais des Nations
Partha Konwar/ONU Genève
Alexandre Carette de l'Office des Nations Unies à Genève (à gauche) interviewe Federico Villegas, Président du Conseil des droits de l'homme, au Palais des Nations

L’espoir de dialogues constructifs

Le Représentant permanent de l’Argentine a également évoqué son souhait d’éviter une politisation du Conseil durant sa 49e session. « On doit apprendre de l’histoire et trouver l’opportunité d’un dialogue constructif », a-t-il déclaré. Selon lui, le Conseil des droits de l’homme est la meilleure manière de prévenir des conflits et d’assurer la protection des civils dans les zones touchées par la guerre.

Une mission d’autant plus grande pour Federico Villegas, qui souhaite retenir les leçons des nombreuses violations des droits de l’homme en Argentine. En tant que ressortissant argentin, « c’est une émotion et une responsabilité en plus » a-t-il reconnu.

Pour cela, l’apport des organisations non-gouvernementales sera indispensable. Le Président du Conseil a mentionné le double-rôle de la société civile : « montrer les erreurs des Etats et collaborer avec eux pour développer des politiques publiques plus efficientes ». Plusieurs ONGs seront donc accueillies au Palais des Nations, aux côtés des experts et des diplomates.

Enfin, Federico Villegas a conclu sur l’intérêt de protéger les droits de l’homme pour « assurer l’avenir des générations futures, qui pourront avoir une vie bien meilleure que celles présentes et passées ».