Ukraine : le chef de l'ONU appelle à la retenue, à la raison et à la désescalade

Le monde est confronté à « un moment de péril », a déclaré mercredi le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lors d'une session de l'Assemblée générale des Nations Unies consacrée à la crise ukrainienne.
« Il est temps de faire preuve de retenue, de raison et de désescalade. Il n'y a pas de place pour les actions et les déclarations qui feraient basculer cette situation dangereuse dans l'abîme », a-t-il déclaré, appelant à un cessez-le-feu, au dialogue et aux négociations pour sauver les populations d'Ukraine et d'ailleurs du fléau de la guerre.
Il a également encouragé toutes les parties à faire pleinement usage de l'article 33 de la Charte des Nations Unies et de ses « divers instruments de règlement pacifique des différends ».
M. Guterres a décrit les derniers développements comme étant « une cause de grave préoccupation », notamment les rapports faisant état d'une augmentation des violations du cessez-le-feu de part et d'autre de la ligne de contact et « le risque réel d'une nouvelle escalade sur le terrain ».
Tout en reconnaissant que l'histoire du conflit est complexe, le chef de l’ONU a souligné que dans la situation actuelle, une chose est claire : « La décision de la Fédération de Russie de reconnaître la soi-disant « indépendance » des régions de Donetsk et de Louhansk - et la suite donnée - sont des violations de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Ukraine et sont incompatibles avec les principes de la Charte des Nations Unies ».
M. Guterres a souligné que les actions de la Russie sont également incompatibles avec la Déclaration relative aux principes du droit international touchant les relations amicales - une résolution historique adoptée par l'Assemblée il y a plus d'un demi-siècle.
La Déclaration sur les relations amicales énonce plusieurs principes essentiels qui sont « hautement pertinents » pour la session d'aujourd'hui, a-t-il rappelé aux États membres.
Le Secrétaire général a souligné le principe de l'égalité souveraine des États, affirmant que leur intégrité territoriale et leur indépendance politique sont inviolables.
« D'autres résolutions de l'Assemblée générale soutiennent également pleinement la souveraineté, l'indépendance politique et l'intégrité territoriale de l'Ukraine, à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues », a-t-il déclaré.
Le chef de l'ONU a décrit les Accords de Minsk – portant sur le règlement pacifique du conflit dans l'est de l'Ukraine - comme survivant « dans une unité de soins intensifs grâce à un certain nombre de dispositifs de maintien en vie ». « Mais aujourd'hui, ces appareils ont été débranchés », a-t-il déclaré.
M. Guterres a également souligné la nécessité de préserver l'intégrité du maintien de la paix, qui, a-t-il précisé, n'a lieu qu'« avec le consentement du pays hôte ».
Par son action en faveur des droits de l'homme et son travail humanitaire, l'ONU continue de soutenir le peuple ukrainien. « Notre mission de surveillance des droits de l'homme dispose de sept bureaux dans tout le pays - des deux côtés de la ligne de contact - qui documentent les pertes civiles, surveillent la liberté de mouvement et rendent compte des allégations de violations des droits de l'homme », a rappelé M. Guterres à l'Assemblée.
Il a souligné que les opérations humanitaires de l'ONU sont « indépendantes de ceux qui contrôlent le territoire où vivent les gens », faisant remarquer qu'avant même cette dernière escalade, deux millions d'Ukrainiens avaient besoin d'une aide humanitaire.
« Rien que depuis le début de l'année 2022, nous et nos partenaires avons livré 140 tonnes d'aide vitale à travers la ligne de contact », a-t-il déclaré.
L'aide humanitaire de l'ONU est guidée par les quatre principes d'humanité, de neutralité, d'impartialité et d'indépendance - tous centraux pour établir et maintenir l'accès aux personnes touchées, y compris dans le contexte d'un conflit armé.
« Nos agences humanitaires s'engagent à rester sur place et à apporter leur aide à la population ukrainienne, et elles sont prêtes à ajuster et à redéfinir les priorités de leurs opérations si nécessaire », a-t-il attesté.
Notant qu'en cas de conflit, les civils, y compris les femmes et les enfants, sont toujours les premiers à souffrir, le chef de l'ONU a averti que si le conflit en Ukraine s'étendait, « le monde pourrait voir une ampleur et une gravité des besoins jamais vues depuis de nombreuses années ».
« Je demande instamment à toutes les parties de permettre un accès sûr et sans entrave aux agences humanitaires, y compris dans les zones de l'est de l'Ukraine non-contrôlées par le gouvernement », a-t-il déclaré, exhortant toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit humanitaire international.
Enfin, le chef de l’ONU a réitéré son engagement total à soutenir tous les efforts visant à « résoudre cette crise sans nouvelle effusion de sang », et soulignant la disponibilité de ses bons offices. « Nous ne pouvons pas et ne voulons pas relâcher nos efforts dans la recherche d'une solution pacifique », a-t-il déclaré.
Le Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, Abdulla Shahid, a déclaré aux participants que si les 76 dernières années d'existence de l'ONU nous ont appris quelque chose, c'est que « la paix durable n'est pas atteinte ni maintenue par des engagements militaires, mais par des solutions politiques ».
Il a exhorté les États membres à « déployer les outils dont nous disposons pour résoudre les différends... donner la priorité à la diplomatie, aux bons offices et à la médiation... [et] donner à la paix toutes les chances qu'elle mérite ».
« J'appelle les parties à intensifier leurs négociations et à désamorcer la trajectoire actuelle par le dialogue », a souligné M. Shahid.