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Image satellite du cyclone Batsirai le 2 février 2022.

Une saison de tempêtes : sept choses à savoir sur la situation à Madagascar

©UNICEF/NOAA
Image satellite du cyclone Batsirai le 2 février 2022.

Une saison de tempêtes : sept choses à savoir sur la situation à Madagascar

Climat et environnement

Alors que les gens commencent à rentrer chez eux et à reconstruire suite au passage dévastateur du cyclone Batsirai à Madagascar, la tempête Emnati approche. Elle risque de frapper la Grande Île mardi.

Dans cet article, le Bureau régional de l’Afrique de l’Est et australe des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA ROSEA) fait le point sur la réponse humanitaire en cours.

Voici sept choses  à savoir.

1. Le cyclone Batsirai a semé la mort et la dévastation à Madagascar

Le 5 février, Batsirai a frappé la côte sud-est de Madagascar sous la forme d'un cyclone tropical, tuant au moins 121 personnes et déplaçant des milliers d'autres. Le niveau des eaux a rapidement augmenté dans les rivières et les zones côtières, emportant les biens des habitants, tandis que les vents violents ont détruit des maisons et des toits. Dans les zones montagneuses, comme le district d'Ikongo, Batsirai a provoqué de nombreux glissements de terrain, faisant 87 victimes. Au moins 270.900 personnes ont été directement touchées.

Josie, une jeune femme âgée de 26 ans, est mère célibataire d'un enfant. Le cyclone a détruit sa maison, elle a donc trouvé refuge avec des dizaines d'autres familles à l'école primaire locale.
Viviane Rakotoarivony pour OCHA

2. D'autres tempêtes à venir

Batsirai était déjà la troisième tempête de cette saison cyclonique meurtrière. En janvier, le système météorologique qui a donné naissance à la tempête tropicale Ana a frappé le centre de Madagascar, y compris la capitale, Antananarivo, tuant 50 personnes et provoquant de fortes inondations dans les zones densément peuplées. Des centaines de personnes n'ont toujours pas regagné leurs foyers. Avant Ana, une zone de convergence intertropicale avait provoqué de fortes pluies dans plusieurs régions clés. 

Une semaine seulement après Batsirai, la tempête tropicale Dumako s'est abattue sur la côte nord-est de Madagascar, tuant plusieurs personnes et détruisant des centaines de salles de classe.

Madagascar se prépare maintenant à affronter son cinquième événement météorologique extrême en 2022, Emnati, qui devrait toucher terre au début de la semaine prochaine et pourrait à nouveau toucher les personnes déjà affectées par la tempête tropicale Ana et le cyclone tropical Batsirai. Les gens ne savent pas s'ils doivent rentrer chez eux ou rester dans des abris temporaires.

Des voisins du village de Tsiatosika, à 15 km de Mananjary, se réunissent pour réparer une maison endommagée par le cyclone. Ils feront de même pour chaque maison endommagée dans le village.
Viviane Rakotoarivony pour OCHA

3. Les gens reconstruisent

Avec environ 20.000 maisons détruites, inondées ou endommagées par le cyclone tropical Batsirai, de nombreuses familles sont vulnérables. Plus de 62.000 personnes ont d'abord cherché refuge dans des écoles et d'autres bâtiments communaux, mais elles reconstruisent aujourd'hui leurs toits et leurs maisons endommagées. La ville de Mananjary, qui a été frappée de plein fouet, est désormais animée par les bruits de construction : les gens sont impatients de rentrer chez eux.

Alors que les autorités locales utilisaient des haut-parleurs mobiles pour alerter les communautés de la tempête à venir, les gens ont placé des sacs de sable sur leurs toits nouvellement reconstruits, dans l'espoir de limiter les dégâts. Mais après avoir perdu tous leurs biens, de nombreuses familles ne peuvent plus se permettre d'acheter de nouveaux matériaux de toiture ou de payer les frais de réparation.

Même si les habitants des sites de déplacement sont impatients de rentrer chez eux et de reprendre leur vie, beaucoup de ceux dont les maisons ont été complètement détruites ou sont inhabitables pour l'instant prévoient de rester dans les abris temporaires - principalement des écoles - pour les jours à venir afin de s'assurer qu'ils seront aussi sûrs que possible au moment de la prochaine tempête.

Une distribution de nourriture à l'école Joseph Robert de Mananjary. L’ong World Central Kitchen prépare environ 3.000 repas chauds par jour, qu'elle distribue aux familles déplacées et aux communautés vulnérables, en donnant la priorité aux enfants.
Viviane Rakotoarivony pour OCHA

4. Les acteurs nationaux dirigent la réponse

Le Bureau national de gestion des risques de catastrophes du gouvernement malgache (BNGRC) dirige les efforts de coordination en collaboration avec les ministères compétents. Immédiatement après le passage du cyclone Batsirai, le BNGRC a travaillé avec l'équipe de conseil humanitaire d'OCHA Madagascar et les partenaires humanitaires pour organiser l'évaluation des dommages et mettre en place des centres d'opérations d'urgence dans les zones touchées.

Le gouvernement a travaillé à la réparation des routes et des infrastructures endommagées, au déblaiement des débris, à la réouverture des écoles et des hôpitaux et à la distribution de l'aide d'urgence. L'armée a aidé à larguer des colis alimentaires dans les zones difficiles d'accès, comme à Ikongo.

Les associations locales et le secteur privé sont également très impliqués. De nombreuses entreprises ont fourni des dons en nature, allant du riz au transport aérien vers les zones touchées. Les contributions des entreprises locales sont coordonnées par la Plateforme humanitaire du secteur privé, un réseau local soutenu par l'initiative Connecting Business des Nations Unies.

Médecins du monde a installé une clinique mobile à l'école primaire Masindrano de Mananjary pour soigner les personnes affectées par le cyclone.
Viviane Rakotoarivony pour OCHA

5. Les partenaires humanitaires se mobilisent

Les partenaires humanitaires ont immédiatement déployé des équipes dans les zones touchées pour fournir une aide alimentaire, des abris ainsi que des services médicaux et de protection.

Parmi elles, l’équipe d'évaluation et de coordination des catastrophes des Nations Unies, composée d'OCHA et d'organisations partenaires non gouvernementales telles que Télécoms sans Frontières, Atlas Logistique et Map Action. Travaillant en étroite collaboration avec le bureau régional d'OCHA pour l'Afrique australe et orientale, l'équipe contribue aux évaluations initiales et à la coordination générale.

De nombreux pays ont fourni une assistance bilatérale, y compris la France, l'Allemagne, l'Indonésie, le Japon et la Suisse. Une équipe de protection civile de l'Union européenne coordonne les contributions des pays européens, notamment les modules de purification de l'eau, installés par la France et l'Allemagne.

Les partenaires de la sécurité alimentaire distribuent des repas chauds aux personnes déplacées et des transferts monétaires mobiles inconditionnels aux familles touchées pour les trois prochains mois.

Les partenaires de la santé ont mis en place des cliniques mobiles et réhabilitent les installations médicales endommagées. Les agences des Nations Unies, les ONG et la Croix-Rouge offrent une aide pour la construction d'abris, de services d'eau et d'assainissement, et un soutien en matière de protection. 

Des personnes sur le chemin du retour à Behara, dans le district d'Amboassary, dans la région Grand Sud de Madagascar, qui connaît une sécheresse historique.
Viviane Rakotoarivony pour OCHA

6. Madagascar est également confronté à une grave sécheresse

Alors que certaines parties du pays sont frappées par des tempêtes, la région Grand Sud de Madagascar est confrontée à l'une des sécheresses les plus graves de l'histoire récente, en raison de trois années consécutives sans pluie.

Au moins 1,5 million de personnes souffrent de la faim. L'aide humanitaire récente a permis de soulager une partie de ces souffrances, mais la situation reste désastreuse, d'autant plus que les tempêtes à venir comportent un risque élevé d'inondations soudaines dans les régions touchées par la désertification et l'érosion des sols.

Madagascar est de plus en plus vulnérable à la crise climatique en raison de la hausse des températures, de l'irrégularité du régime des pluies et de l'augmentation de la fréquence et de la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes.

Silke discute avec Larissa pendant qu’elle patiente pour une consultation à la clinique mobile de MdM avec ses deux enfants, Evan and Alan.
©UNOCHA/Viviane Rakotoarivony
Silke discute avec Larissa pendant qu’elle patiente pour une consultation à la clinique mobile de MdM avec ses deux enfants, Evan and Alan.

7. Les besoins sont extrêmes

Pour de nombreuses familles, le retour à la normale prendra du temps.

De nombreuses personnes qui possédaient de petites entreprises informelles ont perdu leurs produits et le capital nécessaire pour redémarrer.

Les agriculteurs sont également confrontés à l'incertitude, car les inondations ont peut-être endommagé la prochaine récolte de riz.

Le gouvernement, aux côtés de l'équipe de pays des Nations Unies, s'efforce d'aider les communautés touchées à se remettre des conséquences à long terme des tempêtes.

Le Fonds central d'urgence des Nations Unies (CERF) a alloué 2,5 millions de dollars aux partenaires humanitaires afin de fournir de l'eau potable et de la nourriture, des soins de santé mobiles et reproductifs, une assistance aux survivants de la violence sexiste, des abris et des articles ménagers de base, une assistance aux écoles et un soutien logistique.

En collaboration avec le Bureau régional d’OCHA en Afrique de l’Est et australe. Photos : Viviane Rakotoarivony pour l'OCHA