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Un laboratoire de tests COVID-19 à Bulawayo, au Zimbabwe.

Vaccin Covid-19 : l’OMS salue les progrès de l’Afrique du Sud, « fondement de son autonomie »

OIT/KB Mpofu
Un laboratoire de tests COVID-19 à Bulawayo, au Zimbabwe.

Vaccin Covid-19 : l’OMS salue les progrès de l’Afrique du Sud, « fondement de son autonomie »

Santé

Les progrès réalisés par l’Afrique du Sud dans le domaine de l’ARNm constituent le fondement de son autonomie, a indiqué vendredi le chef de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), au premier jour de sa visite de deux jours dans ce pays, pour suivre le dossier du centre de transfert de technologie des vaccins à ARN messager (ARNm).

L’Afrique du Sud, qui milite pour un accès équitable aux vaccins anti-Covid, s’est lancée dans la conception d’un premier vaccin africain à ARNm, pour mettre fin à la dépendance du continent vis-à-vis des pays riches. 

Le centre mondial d’ARNm est conçu pour servir les pays en développement et devrait leur permettre non seulement de fabriquer leurs propres vaccins à ARNm, mais aussi de choisir les vaccins qu’ils souhaitent produire. 

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Pour l’agence sanitaire mondiale de l’ONU, ce hub mondial de l’OMS pour l’ARNm est « un pas important dans la multiplication de la production vaccinale, en partageant la technologie et en s’appuyant sur les capacités et l’expertise scientifique qui existent déjà en Afrique du Sud. 

« La pandémie a mis en évidence la nécessité d’accroître la production locale de vaccins dans le monde, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire », a déclaré dans un communiqué, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS.

Le défi des brevets et du transfert technologique 

Aux côtés du Député à l'Assemblée nationale sudafricain, Buti Manamela, du Dr Blade Nzimande, ministre sud-africain de l’Enseignement supérieur, des Sciences et de la Technologie, du Dr Joe Phaahla, ministre sud-africain de la Santé, et de Meryame Kitir, ministre belge de la Coopération au développement, le chef de l’OMS a rendu aujourd’hui visite à plusieurs partenaires des secteurs public et privé qui collaborent à la mise en place du centre mondial de transfert de technologie de l’OMS pour les vaccins à ARNm en Afrique du Sud.

Ce projet est le fruit d’une vision des gouvernements sud-africain et français concernant la diversification de la fabrication des vaccins et, en particulier, l’accélération de la production de vaccins en Afrique. C’est ainsi qu’un consortium - comprenant le Medicines Patent Pool, Biovac, Afrigen Biologics and Vaccines, le ministère sud-africain de la science, un réseau d’universités et les centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) - a mené à bien cette initiative.

L’objectif principal est de mettre en place un centre de formation où la technologie de l’ARNm est développée à l’échelle requise pour la production de masse de vaccins, puis de faire en sorte que cet ensemble complet de technologies puisse être transféré à de multiples destinataires dans les pays en développement.

Une scientifique teste des échantillons de Covid-19 dans un laboratoire en Sierre Leone
OMS
Une scientifique teste des échantillons de Covid-19 dans un laboratoire en Sierre Leone

L’Afrique du Sud redoute une 5e vague avec l’hiver austral en mai

« Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge et nous risquons d’être touchés par de nouvelles variantes du coronavirus et par une cinquième vague qui coïnciderait avec notre saison d’hiver, ce qui aggraverait notre saison de grippe et de rhume », a déclaré le ministre sud-africain de la santé, Joe Phaahla.

La pandémie a fait officiellement plus de 402 millions de cas dont 5.770.023 morts dans le monde depuis fin décembre 2019, selon le décompte établi vendredi par l’OMS.  A la date du 7 février 2022, plus de dix milliards de doses de vaccin avaient été administrées dans le monde dont la majorité dans les pays riches. 

Selon l’OMS, en raison des commandes faites par les pays riches, l’approvisionnement mondial limité en vaccins a entraîné d’énormes disparités dans l’accès au vaccin Covid-19 pendant la majeure partie de l’année 2021. Une situation qui a laissé en rade des milliards de personnes - en particulier dans les pays en développement - sans protection contre les maladies graves et les décès dus au coronavirus. 

Un test Covid-19 est effectué sur un homme à Johannesburg, en Afrique du Sud (photo d'archives)
FMI Photo/James Oatway
Un test Covid-19 est effectué sur un homme à Johannesburg, en Afrique du Sud (photo d'archives)

Vers la production d’un nouveau vaccin à ARN messager en Afrique du Sud

Les faibles niveaux de couverture vaccinale ont également créé les conditions idéales pour le développement de nouveaux variants. 

« Bien que l’offre ait maintenant augmenté, l’accès à toute nouvelle formulation des vaccins adaptée spécifiquement aux nouveaux variants sera probablement aussi inéquitable car la capacité de fabrication reste limitée à une petite poignée d’entreprises et de pays », a fait remarquer l’OMS. 

« Ce qui est essentiel, c’est de mettre fin à l’inégalité vaccinale », a insisté de son côté, le ministre sud-africain de la Santé, le Dr Phaahla. 

Cette visite du Dr Tedros intervient au lendemain de l’annonce faite par une société de biotechnologie sud-africaine, signalant la fabrication du premier vaccin à ARN messager contre la Covid-19 sur le continent africain, et annonçant qu’elle serait prête pour les essais cliniques en novembre.  

Soutenue par l’OMS, l’entreprise sud-africaine de biotechnologie Afrigen, basée au Cap, mène un projet pilote pour reconstituer une formule proche du vaccin à ARNm de Moderna. 

Les premières doses devraient être prêtes pour des essais cliniques d’ici un an, selon Afrigen.  

« À l’avenir, nous devons partager davantage les licences, le transfert de technologie et le savoir-faire afin que, dans cette pandémie et dans les futures, nous puissions déployer des vaccins rapidement et équitablement à l’ensemble de la population mondiale », a d’ailleurs affirmé la ministre belge de la Coopération au développement, Meryame Kitir.

Adapter l’ARNm pour lutter contre le VIH, la tuberculose et le paludisme

Plus largement, ces centres mondiaux serviront d’installations de formation. L’OMS complétera cette activité et aidera d’autres pays d’Afrique et d’autres pays à revenu faible ou intermédiaire à renforcer leur capacité de bio production ainsi que leur capacité réglementaire. 

« Les hubs d’ARNm offrent une opportunité sans précédent de développement des capacités, mettant l’Afrique sur la voie de l’autonomie », a déclaré la Directrice régionale de l’OMS Afrique, Dre Matshidiso Moeti.

Outre ce centre installé en Afrique du Sud, les fabricants des pays en développement sont donc encouragés à manifester leur intérêt afin de pouvoir bénéficier d’une formation, d’un transfert de technologie et de toutes les licences nécessaires. 

D’ores et déjà, des médias font état des projets avancés au Maroc, au Sénégal et au Rwanda. L’OMS et ses partenaires apporteront le savoir-faire en matière de production, le contrôle de la qualité et les licences nécessaires à une seule entité afin de faciliter un transfert de technologie vers de multiples destinataires.

Pour l’OMS et ses partenaires, il est donc essentiel de se préparer aux futures pandémies et surtout pour le continent africain de disposer de sa capacité de production indispensable à un déploiement équitable des vaccins. 

« La technologie ARNm n’est pas seulement destinée à Covid-19, nous espérons qu’elle pourra être adaptée pour nous aider dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, c’est pourquoi nous investissons massivement, aux côtés de partenaires internationaux, dans cette initiative », a d’ailleurs précisé le Dr Blade Nzimande, ministre sud-africain de l’Enseignement supérieur et de la Technologie.