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Myanmar : plus de 1.500 morts et près de 8.800 personnes en détention depuis le coup d’Etat il y a un an

Des jeunes gens participent à une manifestation en faveur de la démocratie au Myanmar.
Unsplash/Pyae Sone Htun
Des jeunes gens participent à une manifestation en faveur de la démocratie au Myanmar.

Myanmar : plus de 1.500 morts et près de 8.800 personnes en détention depuis le coup d’Etat il y a un an

Droits de l'homme

Au moins 1.500 personnes ont été tuées lors des manifestations par les forces de sécurité au Myanmar depuis le coup d’État du 1er février 2021, un chiffre qui, selon l’ONU ne tient pas compte des milliers de morts supplémentaires dues au conflit armé.

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), des milliers d’autres pourraient avoir été tuées dans le conflit armé, a déclaré mardi le bureau des droits de l’homme des Nations Unies.

« Nous avons recensé 1.500 personnes qui ont été tuées, mais uniquement dans le cadre de manifestations », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Ravina Shamdasani, porte-parole du HCDH, relevant que parmi ces 1.500 morts, 200 personnes ont été « tuées suite à des tortures en détention ». Mais « ces 1.500 personnes ne comprennent pas les milliers d’autres qui pourraient avoir été tuées dans le cadre du conflit armé ».

« Nous n’avons pas pu collecter toutes les données, mais nous savons qu’elles se comptent par milliers », a ajouté Mme Shamdasani, relevant que la Haute-Commissaire Michelle Bachelet s’est entretenue la semaine dernière avec des représentants de la société civile dont des défenseurs des droits humains, des journalistes et des activistes Rohingyas, témoins de la répression de la Tatmadaw (armée).

Michelle Bachelet demande d’accroître la pression sur les militaires

Au cours des 12 derniers mois, les services de Mme Bachelet ont recensé la détention arbitraire de 11.787 personnes pour avoir exprimé leur opposition au régime militaire lors de manifestations pacifiques ou par le biais de leurs activités en ligne, dont 8.792 sont toujours en détention.

Vendredi dernier, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU avait demandé à la communauté internationale doit accroître la pression sur l’armée du Myanmar afin qu’elle mette fin à sa violente répression et rétablisse le pouvoir civil.

« Le peuple du Myanmar a payé un lourd tribut en vies et en libertés, et continue de plaider inlassablement pour la démocratie », avait affirmé l’ancienne Présidente chilienne, exhortant les gouvernements et les entreprises à tenir compte des voix du peuple et à intensifier la pression sur les militaires.

De son côté, le Secrétaire général de l’ONU avait rappelé, dans un communiqué dimanche, que le 1er février, marquera le premier anniversaire du coup d’État contre un gouvernement civil démocratiquement élu et de la détention arbitraire des membres dudit gouvernement, dont la Conseillère d’État Aung San Suu Kyi et le Président Win Myint.

Un Plan 2022 de réponse humanitaire de 826 millions de dollars pour le Myanmar

C’est dans ce contexte que le Plan 2022 de réponse humanitaire pour le Myanmar a été publié. Il vise le montant record de 826 millions de dollars pour aider 6,2 millions de femmes, d’enfants et d’hommes, sur les 14,4 millions qui ont besoin d’aide.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), le nouveau Plan reflète la crise humanitaire, des droits de l’homme et politique qui touche tous les coins du Myanmar, posant des risques graves pour la protection des civils, limitant l’accès aux services sociaux et causant une insécurité alimentaire encore plus grande.

Pour l’agence onusienne, le conflit et l’insécurité font rage dans de nombreuses régions du pays et plus de 400.000 personnes ont été déplacées depuis la prise du pouvoir par les militaires il y a un an.

« Des milliers de personnes déplacées vivent dans des conditions épouvantables, beaucoup dans des camps et des sites de déplacement, d’autres au sein de communautés d’accueil, et certaines ont traversé les frontières avec la Thaïlande et l’Inde ou se sont réfugiées dans la jungle sans nourriture, abri, assainissement, protection ou soins médicaux adéquats », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, le porte-parole d’OCHA Jens Laerke.

Les agences humanitaires doivent être autorisées à accéder aux sites de déplacés

Les bouleversements économiques et politiques de 2021, combinés à l’impact dévastateur de la pandémie de Covid-19, ont plongé la moitié de la population (environ 25 millions de personnes) dans la pauvreté. « Beaucoup n’ont plus les moyens de nourrir leur famille en raison des pertes d’emplois et de revenus et de la hausse des prix », a ajouté M. Laerke.

Plus largement, l’ONU estime que plus de 13 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave. « La malnutrition devrait s’aggraver chez les enfants si nous n’aidons pas les parents à fournir des aliments suffisamment nutritifs », a alerté le porte-parole d’OCHA.

En attendant, les services sanitaires de routine ont été interrompus, laissant les gens avec un manque de soins. Des millions d’enfants ont vu leur éducation interrompue à cause du nouveau coronavirus et du conflit.

Dans ces conditions, la capacité à sauver des vies et à réduire les souffrances à cette échelle dépendra de l’augmentation des financements, de l’amélioration de l’accès et de la suppression des goulots d’étranglement tels que les délais d’obtention des visas et les restrictions bancaires. « Les agences humanitaires doivent être autorisées à accéder aux sites de déplacés pour évaluer les besoins et fournir une aide vitale, notamment de la nourriture, de l’eau et des soins de santé », a insisté M. Laerke.