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Au Conseil des droits de l’homme, le Soudan du Sud rassure sur le processus de revitalisation d’un accord de paix fragile

Le Soudan du Sud reste l'un des pays les moins développés du monde.
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Le Soudan du Sud reste l'un des pays les moins développés du monde.

Au Conseil des droits de l’homme, le Soudan du Sud rassure sur le processus de revitalisation d’un accord de paix fragile

Paix et sécurité

Le Soudan du Sud s’est montré rassurant, lundi à Genève, sur l’état du processus de revitalisation de l’Accord sur la résolution du conflit sud-soudanais (ARCSS).

Lors de la 40e session du Groupe de travail sur l’Examen Périodique Universel, Juba a souligné les « progrès significatifs » du processus de revitalisation de l’Accord de paix de 2015. « En ce qui concerne la mise en œuvre de l’ARCSS, 2018, le gouvernement et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD, une organisation régionale d’Afrique de l’Est) en sont aux dernières étapes du lancement d’une réforme judiciaire », a déclaré, Ruben Madol Arol, le Ministre sud-soudanais de la justice.

En ce qui concerne la mise en œuvre de la justice transitionnelle et du processus d’élaboration de la Constitution, Juba indique avoir créé un comité technique chargé de mener une consultation nationale en vue de la création de la Commission pour la vérité, la réconciliation et la guérison, qui en est déjà aux dernières étapes de son travail. « Nous avons également rédigé un projet de loi sur le processus d’élaboration de la Constitution, 2021, qui est actuellement devant l’Assemblée législative nationale de transition pour être promulgué », a ajouté le ministre.

Inquiétudes sur la poursuite la violence

Lors des débats au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, les États ont félicité Juba pour les différents efforts déployés pour la mise en œuvre l’Accord revitalisé de résolution du conflit au Soudan du Sud, notamment la mise en place d’organes législatifs. Toutefois, un pays comme le Ghana s’est inquiété « des rapports sur la violence, notamment le harcèlement, le viol et le meurtre de civils et de travailleurs humanitaires ».

« Le Ghana recommande donc à Juba de poursuivre les efforts pour renforcer et mettre en œuvre les engagements en suspens de l’accord revitalisé », a indiqué Akosua D. Okyere Badoo, Représentant permanent adjoint du Ghana auprès de l’ONU à Genève. De son côté, le Luxembourg estime que le Soudan du Sud doit « enquêter sur les attaques menées contre des personnes et objets civils comme des hôpitaux et écoles et veiller à ce que les auteurs de violations du droit international humanitaire soient dûment poursuivis ».

Face à ces interpellations, Juba a détaillé sa feuille de route pour « promouvoir et protéger les droits des femmes et des enfants ». « Le gouvernement, avec l’aide des partenaires de développement, a élaboré un plan d’action national, créé un tribunal pour mineurs et contre la violence sexiste, des tribunaux mobiles et amélioré les performances de la cour martiale dans tout le pays », a fait valoir le ministre.

Accrochages entre forces gouvernementales et groupes armés non-signataires de l’Accord revitalisé

Pour le Soudan du Sud, ces mécanismes de reddition des comptes ont permis « de réduire de manière significative les problèmes et défis liés aux droits de l’homme, notamment à Juba, Malakal et Wau ». « Le gouvernement travaille actuellement avec les partenaires de développement tels que le PNUD et la Mission onusienne pour étendre ces mécanismes aux autres régions du pays », a-t-il fait remarquer.

Dans ces conditions, certains pays du bloc africain comme le Mali, ont exhorté la communauté internationale à prêter au Soudan du Sud « le concours nécessaire au rétablissement d’une situation politique et institutionnelle apaisée, permettant au pays de continuer à présenter ses rapports aux organes conventionnels des droits de l’homme, conformément à ses engagements ».

A noter que dans le rapport soumis au titre du processus de l’Examen périodique universel (EPU), Juba a admis que de façon générale, « l’insécurité reste un problème majeur dans les banlieues de Yei dans l’Équatoria central, de Malakal dans l’État du Haut-Nil et de Wau dans l’État du Bahr el-Ghazal, en raison des accrochages entre les forces gouvernementales et les non-signataires de l’Accord revitalisé ».

Assistance technique pour les institutions de l’État de droit

Le Rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme compilant des informations du système onusien, s’est inquiété de « la nature ciblée des attaques, liées à des critères ethniques ». La Commission sur les droits de l’homme au Soudan du Sud  a ainsi recommandé au gouvernement de prendre des mesures pour remédier aux rivalités et à la marginalisation, d’adopter une stratégie nationale de réconciliation et d’apaisement et de procéder à des réformes pour que le secteur de la sécurité soit pluraliste et inclusif sur le plan ethnique.

De son côté, l’équipe de pays des Nations Unies a signalé 523 actes de violence entre janvier et juin 2021, touchant 1.870 civils, dont 1.053 avaient été tués et 489 blessés.

Face à ce tableau des abus, le Ministre sud-soudanais de la Justice a demandé « aux Etats membres qui ont formulé les recommandations au Conseil, d’assortir leurs paroles de l’assistance technique et du renforcement des capacités nécessaires, en particulier pour les institutions de l’État de droit ».