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Le chef de l’ONU met en garde contre la résurgence de l’antisémitisme

Un mémorial dans l'ancien camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne.
Unsplash/Jean Carlo Emer
Un mémorial dans l'ancien camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne.

Le chef de l’ONU met en garde contre la résurgence de l’antisémitisme

Droits de l'homme

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a mis en garde mardi contre la résurgence de l'antisémitisme et estimé que la réponse à l’ignorance devait être l’enseignement des horreurs de l’Holocauste.

L’Holocauste, ou Shoah, a vu l’extermination de près de 6 millions de Juifs par les nazis pendant la Seconde guerre mondiale.

« L'antisémitisme et d’autres formes de sectarisme religieux sont un sismographe. Plus elles ébranlent notre monde, plus grandes sont les fissures dans les fondations de notre humanité commune. Aujourd'hui, les fissures sont impossibles à ignorer. L'antisémitisme – la forme la plus ancienne de haine et de préjugés – refait surface une fois de plus », a déclaré le chef de l’ONU lors d’une cérémonie annuelle en souvenir de l’Holocauste à la synagogue Park East, à New York.

Il a noté que presque chaque jour apporte de nouveaux rapports d'agressions verbales et d'attaques physiques ; de cimetières profanés et de synagogues vandalisées. Il a cité en particulier la prise d’otages dans une synagogue au Texas, la semaine dernière.

Lors de la cérémonie, qui s’est déroulée virtuellement, il a également dénoncé « les tentatives profondément troublantes de nier, de déformer ou de minimiser l'Holocauste ». À cet égard, il a salué les récents efforts de l'Assemblée générale « pour définir clairement et combattre activement la négation de l'Holocauste ».

L'Assemblée générale des Nations Unies a adopté la semaine dernière par consensus une résolution non contraignante appelant tous les Etats à lutter contre la négation de l'Holocauste et l'antisémitisme, notamment sur les réseaux sociaux.

Des enfants portant des t-shirts « United Against Hate » (Unis contre la haine) participent en 2018 à un rassemblement interreligieux à la Park East Synagogue de New York en mémoire de fidèles juifs tués à Pittsburgh..
Photo : ONU/Rick Bajornas
Des enfants portant des t-shirts « United Against Hate » (Unis contre la haine) participent en 2018 à un rassemblement interreligieux à la Park East Synagogue de New York en mémoire de fidèles juifs tués à Pittsburgh..

Enseigner les horreurs de l’Holocauste

Le Secrétaire général s’est dit alarmé par le fait qu'à peine la moitié des adultes dans le monde ont entendu parler de l'Holocauste.

« Le manque de connaissances des jeunes générations est encore pire. Notre réponse à l'ignorance doit être l'éducation. Partout, les gouvernements ont la responsabilité d'enseigner les horreurs de l'Holocauste », a-t-il dit, soulignant que les Nations Unies, notamment par le biais de son programme de sensibilisation à l'Holocauste, sont en première ligne de ces efforts.

« Nous savons que lorsque les jeunes découvrent l'Holocauste, ils peuvent mieux comprendre la fragilité des valeurs communes et des institutions démocratiques, en particulier en période de bouleversements sociaux et économiques. Ils peuvent apprendre à détecter les échos étranges du passé dans les préjugés, la xénophobie et la rhétorique anti-réfugiés de notre époque », a déclaré le chef de l’ONU.

« Et en reconnaissant à quel point le discours de haine peut facilement se transformer en crime de haine, ils peuvent comprendre le sombre chemin sur lequel il peut nous mener s'il est ignoré », a ajouté M. Guterres.

« Restons fermes contre la haine et le sectarisme partout et en tout lieu »

 

Tirer les leçons du passé

Le rabbin Arthur Schneier de la synagogue Park East a regretté pour sa part que l’espoir que cela ne se reproduise « plus jamais » était « un rêve brisé par l'antisémitisme persistant, la xénophobie, le racisme, toutes les formes de haine et la négation de l'Holocauste, particulièrement exacerbés aujourd'hui par les bouleversements sociétaux, les médias sociaux et les théories du complot autour de la pandémie ».

Selon lui, « les analogies déformées de l'Holocauste ne peuvent être contrées que par l'éducation ». « Les enfants naissent pour aimer et on leur apprend à haïr. Ils doivent être guidés non seulement pour tolérer « les autres », mais pour respecter et accepter leur prochain », a-t-il ajouté.

« Nous ne pouvons pas changer le passé, mais rappelons-nous que nous devons en tirer des leçons et être vigilants, en particulier en ces temps difficiles », a encore dit le rabbin de la synagogue Park East.