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Le chef de l’ONU appelle à réduire les inégalités pour éviter les troubles sociaux et l’instabilité

Une femme sans abri est assise près d'une voie ferrée à Potosi, en Bolivie.
Photo : OIT/Marcel Crozet
Une femme sans abri est assise près d'une voie ferrée à Potosi, en Bolivie.

Le chef de l’ONU appelle à réduire les inégalités pour éviter les troubles sociaux et l’instabilité

Développement économique

Alors que la reprise économique mondiale est fragile et inégale, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé lundi le monde des affaires, lors d’un événement virtuel organisé par le Forum économique mondial, à contribuer à réduire les inégalités afin d’éviter les troubles sociaux et l’instabilité.

L'événement virtuel Davos Agenda, qui se déroule du 17 au 21 janvier 2022, réunit des chefs d'État et de gouvernement, des chefs d’entreprise et d'autres dirigeants pour partager leurs visions pour l'année à venir.

Selon une étude de l’ONU publiée la semaine dernière, malgré un rebond en 2021, la reprise économique mondiale s'essouffle et les projections à deux ans laissent entrevoir de légers reculs avec des perspectives difficiles. La pandémie de Covid-19 a exacerbé la pauvreté et les inégalités.

Forum de Davos : Nous devons nous unir pour soutenir les pays qui ont le plus besoin d'aide.

 

« Les deux dernières années ont démontré une vérité simple mais brutale : si nous laissons quelqu'un de côté, à la fin, nous laissons tout le monde de côté », a dit le Secrétaire général de l’ONU dans un discours.

« Si nous ne parvenons pas à vacciner chaque personne, nous donnons naissance à de nouveaux variants qui se propagent au-delà des frontières et paralysent brutalement la vie quotidienne et les économies. Si nous ne parvenons pas à fournir un allégement de la dette et un financement aux pays en développement, nous créons une reprise déséquilibrée qui peut envoyer une économie mondiale interconnectée en chute libre », a-t-il ajouté. « Si nous ne parvenons pas à réduire les inégalités, nous pesons sur le progrès économique pour tous dans tous les pays. Et si nous ne parvenons pas à faire correspondre la rhétorique climatique aux actions climatiques, nous nous condamnons à une terre plus chaude et plus instable, avec des catastrophes qui s'aggravent et des déplacements massifs ».

Selon le chef de l’ONU, au cœur de ces échecs se trouve une incapacité globale à soutenir les pays en développement au moment où ils en ont besoin.

« Sans action immédiate pour les soutenir, les inégalités et la pauvreté vont s'aggraver. Cela entraînera plus de troubles sociaux et plus de violence », a-t-il prévenu.

Les conditions de vie des ménages du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, sont mauvaises, avec sept foyers sur dix vivant dans la pauvreté.
Photo PNUD/Almeras-Martino
Les conditions de vie des ménages du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, sont mauvaises, avec sept foyers sur dix vivant dans la pauvreté.

Se focaliser sur trois domaines

Dans ce contexte, il a demandé au monde des affaires de focaliser son attention sur trois domaines.

Premièrement, le Secrétaire général estime qu’il faut affronter la pandémie « avec équité et justice ».

Selon lui, tous les pays et tous les fabricants doivent donner la priorité à l'approvisionnement en vaccins du mécanisme de solidarité mondiale COVAX et soutenir la production locale de tests, de vaccins et de traitements dans le monde entier.

« Nous avons besoin que les entreprises pharmaceutiques soient solidaires des pays en développement en partageant licences, savoir-faire et technologies afin que nous puissions tous trouver une issue à cette pandémie », a-t-il ajouté.

Deuxièmement, il juge nécessaire de réformer le système financier mondial de manière à ce qu'il puisse fonctionner pour tous les pays sans être biaisé.

Il a noté que les pays à faible revenu connaissent leur croissance la plus lente depuis une génération et « essaient de se débrouiller avec des budgets nationaux terriblement insuffisants ».

De nombreux pays à revenu intermédiaire se retrouvent inéligibles à l'allégement de la dette, malgré la montée de la pauvreté et du chômage.

« Nous avons besoin d'un système financier mondial adapté à nos objectifs. Cela signifie une restructuration urgente de la dette et des réformes de l'architecture de la dette à long terme », a déclaré M. Guterres.

Il a demandé aux dirigeants d’entreprise d’aider les gouvernements à façonner un système financier mondial qui fonctionne pour tous les pays, pas seulement pour quelques pays riches.

Troisièmement, le Secrétaire général estime qu’il faut soutenir une véritable action climatique dans les pays en développement.

Il a noté qu’un certain nombre de pays se sont engagés à réduire significativement leurs émissions dans les années à venir. Mais d'autres pays sont confrontés à d'énormes obstacles structurels. Ils ont un mix énergétique qui repose sur une forte dépendance au charbon. « Cela fait obstacle au progrès pour nous tous », a dit le chef de l’ONU.

« Ils ont besoin d'aide », a-t-il ajouté, appelant à aider les principales économies émergentes à accélérer la transition. Il a plaidé pour la création de coalitions de pays, d'institutions financières publiques et privées, de fonds d'investissement et d'entreprises qui ont le savoir-faire technologique pour fournir un soutien financier et technique ciblé à chaque pays qui a besoin d'aide.

Le Secrétaire général a jugé encourageant de voir le secteur privé prendre les devants en matière d’action climatique, mais, selon lui, il est essentiel de faire pression sur les gouvernements pour qu'ils suivent.

Qu’il s’agisse de la lutte contre la pandémie, de la réforme du système financier mondial et de l’action climatique, « dans ces trois domaines, nous avons besoin du soutien, des idées, du financement et de la voix de la communauté mondiale des affaires », a conclu le Secrétaire général.

« Nous ne pouvons pas nous permettre de reproduire les inégalités et les injustices qui continuent de condamner des dizaines de millions de personnes à une vie marquée par la misère, la pauvreté et une mauvaise santé », a-t-il ajouté. « Nous devons nous unir – dans tous les pays et dans tous les secteurs – pour soutenir les pays qui ont le plus besoin d'aide ».