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Une volonté politique est nécessaire pour mettre fin à 7 ans de guerre au Yémen, insiste l’envoyé de l’ONU

L'épave d'une voiture calcinée témoigne de l'intensité des combats au Yémen (photo d'archives).
© UNOCHA/Giles Clarke
L'épave d'une voiture calcinée témoigne de l'intensité des combats au Yémen (photo d'archives).

Une volonté politique est nécessaire pour mettre fin à 7 ans de guerre au Yémen, insiste l’envoyé de l’ONU

Paix et sécurité

Sept ans après le début de la guerre au Yémen, l'envoyé de l'ONU dans ce pays, Hans Grundberg, a réaffirmé mercredi devant le Conseil de sécurité qu'aucune solution à long terme ne pouvait être trouvée sur le champ de bataille, exhortant les parties belligérantes à discuter.

« Une véritable volonté politique, un leadership responsable et le respect de l'intérêt de l'ensemble de la population sont nécessaires », a-t-il déclaré devant les membres du Conseil.

M. Grundberg a souligné que les récents combats étaient « parmi les pires… jamais vus au Yémen depuis des années », citant les attaques contre Marib, les frappes aériennes à Taëz, l’augmentation des attaques contre l’Arabie saoudite et la récente saisie par les forces houthies, connues sous le nom d’Ansar Allah, d’un navire battant pavillon émirati.

Faisant part de ses inquiétudes quant au maintien en détention d’employés de l'ONU à Sana’a et Marib, l'envoyé de l'ONU a appelé à un « accès immédiat » à ces employés et à des informations plus officielles sur leur état.

Alors que les affrontements s’intensifient, les craintes augmentent concernant l'aggravation des restrictions de mouvement et les accusations selon lesquelles les ports du district de Hodeïda sont « militarisés ».

« Les restrictions à la circulation des biens et des personnes constituent un défi dans tout le Yémen », a déclaré l’envoyé de l’ONU, citant les fermetures de routes, les points de contrôle et les autorisations de transport de carburant.

Malgré des défis importants sur le terrain, le bureau de M. Grundberg a exploré des moyens de mettre fin aux combats. Mais « des désaccords sur le calendrier, des priorités concurrentes et le manque de confiance » restent des obstacles.

« Pour avoir une chance de briser ce cycle, nous devons établir un processus politique inclusif, soutenu par la communauté internationale, qui puisse fournir une base viable pour la paix », a-t-il déclaré.

L'Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, Hans Grundberg (à droite sur l'écran) et la dirigeante d'une ONG yéménité, Ola Al-Aghbary (à gauche), devant le Conseil de sécurité.
Photo : ONU/Eskinder Debebe
L'Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, Hans Grundberg (à droite sur l'écran) et la dirigeante d'une ONG yéménité, Ola Al-Aghbary (à gauche), devant le Conseil de sécurité.

Peu de raisons d’être optimiste

Le Coordonnateur adjoint par interim des secours d'urgence des Nations Unies, Ramesh Rajasingham, a également dressé un tableau sombre qui n'offre pas « beaucoup de raisons d'être optimiste ».

Il a énuméré une série de difficultés, allant de 15.000 personnes déplacées au cours du mois dernier à une augmentation alarmante des affrontements, qui ont fait 358 morts ou blessés parmi les civils en décembre.

« La guerre provoque également la faim, des déplacements, l'effondrement économique et la détérioration des services de base », a-t-il souligné.

Selon lui, la guerre a aggravé la situation des femmes et des filles. « Cela se manifeste de multiples façons, y compris des restrictions aux droits fondamentaux comme la liberté de mouvement, un accès réduit à l'éducation et des taux plus élevés d'analphabétisme et de pauvreté », a-t-il expliqué.

De plus, l'accès aux soins de santé est plus limité – « une femme meurt toutes les deux heures pendant l'accouchement de causes presque entièrement évitables ». « Et l'exposition à la violence sexuelle et sexiste a également augmenté », a ajouté M. Rajasingham.

Ola Al-Aghbary, fondatrice et PDG de Sheba Youth Foundation for Development et médiatrice locale dans la ville de Taëz, a souligné pour sa part les gains tangibles que les femmes yéménites apportent à leurs communautés tout en notant que les organisations de femmes dans ce pays sont sous-utilisées dans la prise de décision.

Ramesh Rajasingham, Coordonnateur adjoint par interim des secours d'urgence, devant le Conseil de sécurité.
Photo : ONU/Eskinder Debebe
Ramesh Rajasingham, Coordonnateur adjoint par interim des secours d'urgence, devant le Conseil de sécurité.

Des opérations humanitaires entravées

S’agissant des opérations d’assistance, Ramesh Rajasingham a déclaré que le travail humanitaire était continuellement entravé « pour des raisons tout à fait évitables ».

L'accès humanitaire, la sécurité et l'ingérence restent des défis, avec des obstacles bureaucratiques retardant l'aide et affectant de manière disproportionnée les femmes et les filles.

Le responsable de l'ONU a réitéré l'importance d'un « passage sûr et prévisible à destination et en provenance du Yémen », notant que des perturbations, telles que les annulations unilatérales de vols par les rebelles houthis à l’aéroport de Sanaa qu'ils contrôlent du 19 au 27 décembre, risquaient de porter atteinte aux opérations d'aide et à la sécurité du personnel.

Enfin, M. Rajasingham a souligné l'importance de fournir « une réponse plus efficace et inclusive, notamment en renforçant l'économie pour réduire les besoins de la population ». Cela signifie « un environnement plus propice pour les travailleuses humanitaires, la promotion de la parité entre les sexes parmi notre personnel et le soutien à davantage d'investissements dans des programmes sensibles au genre », a-t-il déclaré.

Cependant le haut responsable a reconnu que l'aide humanitaire à elle seule ne peut pas résoudre la crise au Yémen. « Le changement le plus transformateur ne viendra qu'avec la fin des combats soutenue par un accord de paix durable et juste », a-t-il dit.

S’agissant du financement de l’aide, il a précisé que le plan de réponse de l'année dernière était financé à 58%, ce qui en fait l'appel le moins financé pour le Yémen depuis 2015. Le manque de soutien financier a contraint le Programme alimentaire mondial (PAM) à annoncer une réduction de son assistance alimentaire pour huit millions de personnes.

« Nous nous attendons à ce que l'opération d'aide de cette année nécessite à peu près autant d'argent que l'année dernière, soit environ 3,9 milliards de dollars pour aider 16 millions de personnes », a-t-il poursuivi, appelant les donateurs à accroître leur soutien.