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Afrique de l’Ouest : les crises du Sahel ont des effets dévastateurs sur les plus vulnérables

Un enfant aide sa màre à préparer le petit déjeuner au Niger (photo d'archives).
© UNICEF/Juan Haro
Un enfant aide sa màre à préparer le petit déjeuner au Niger (photo d'archives).

Afrique de l’Ouest : les crises du Sahel ont des effets dévastateurs sur les plus vulnérables

Aide humanitaire

Plus de 30 millions de Sahéliens auront besoin cette année d’aide et de protection, soit plus d’un million de plus qu’en 2021, a indiqué mardi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), soulignant que « les conflits, la violence, les déplacements et les crises socio-économiques entraînent une hausse  rapide des besoins » dans cette région.

Dans les régions touchées par les conflits en Afrique de l’Ouest, les civils sont confrontés à une crise de protection dramatique dans un contexte de plus en plus instable.

Selon l’OCHA, la jonction des conflits et de la violence, de la pauvreté profonde, des pressions démographiques, d’une gouvernance faible, d’une insécurité alimentaire et d’une malnutrition chroniquement élevées, et l’impact du changement climatique poussent « des millions de personnes à la limite de la survie ».

Sur le terrain, la période de soudure devrait commencer plus tôt en 2022, avec l’épuisement des stocks des agriculteurs et une demande accrue sur les marchés. « La diminution de l’offre entraînera probablement une nouvelle flambée des prix et certains produits de base pourraient ne plus être disponibles sur les marchés », a ajouté l’agence onusienne.

Plus de 29 millions de personnes devraient être confrontées à une insécurité alimentaire grave

Par rapport à 2021, une hausse de plus de 40% du nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire grave est attendue au cours de la prochaine période de soudure en 2022. Dans l’ensemble du Sahel, plus de 29 millions de personnes devraient être confrontées à une insécurité alimentaire grave, dont plus de 8 millions dans le Sahel central.

Au Niger par exemple, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire pourrait augmenter de plus de 57%. Au Mali, les humanitaires tablent sur une hausse de plus de 40% et plus de 36% en Mauritanie. « Au Burkina Faso, trois zones (contre deux zones en 2021) pourraient être confrontées à des niveaux d’insécurité alimentaire d’urgence et la situation se détériore globalement dans les zones de crise du pays », a indiqué l’OCHA, ajoutant que près de 13 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire au Burkina Faso, au Mali et au Niger.

Depuis 2015, le nombre d’attaques brutales a été multiplié par huit dans le Sahel central, entraînant des déplacements et des besoins supplémentaires. Selon OCHA, la zone des trois frontières partagées par le Burkina Faso, le Mali et le Niger est l’épicentre d’une crise en pleine expansion avec des niveaux sans précédent de violence armée et d’insécurité.

Les civils pris en étau entre les groupes armés, la violence intercommunautaire et les opérations militaires sont contraints de fuir leurs maisons pour trouver la sécurité. Au total, plus de 5,8 millions de personnes sont déracinées au Sahel, plus que jamais auparavant.

Hausse particulièrement « stupéfiante » des déplacés au Burkina Faso

Dans le Sahel central (Burkina Faso, Mali et ouest du Niger), l’insécurité s’est rapidement détériorée et les déplacements ont augmenté de 30% entre 2020 et 2021, atteignant 2 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et 132.000 réfugiés - dont un demi-million contraints de fuir à l’intérieur de leur pays pour la seule année 2021. De nombreuses personnes déplacées ont également été contraintes de fuir plusieurs fois, ce qui aggrave encore leur vulnérabilité.

Selon l’OCHA, la hausse rapide est particulièrement stupéfiante au Burkina Faso, où la violence armée a forcé plus d’un million de personnes à fuir leur foyer depuis le début de la crise (contre 47.000 à la fin de 2018 - soit une augmentation de 2927%). Dans ces conditions, l’insécurité et la violence menacent les vies et les moyens de subsistance, perturbent l’accès aux services de santé, d’eau, d’assainissement et d’hygiène, privent les communautés touchées par la violence de l’accès aux services vitaux, augmentent les violations des droits humains et mettent en péril la cohésion sociale.

En Afrique de l’Ouest et centrale, six pays - le Burkina Faso, le Cameroun, le Mali, le Niger, le Nigéria et le Tchad - ont élaboré des plans d’intervention pour 2022, nécessitant un total de 2,4 milliards de dollars.